1 août 2010

Le trek de Salkantay jusqu’au Machu Picchu

Le Chemin de l’Inca permet de se rendre au Machu Picchu en traversant d’anciens villages incas, cols de montagne… En haute saison, il faut réserver plus de 6 mois à l’avance, ce que nous n’avions pas fait.
A défaut de Chemin de l’Inca, nous prévoyons alors de prendre le train, la ligne la plus chère au kilomètre au monde.
Et voilà que nous rencontrons, au détour d’une ruelle de Cuzco, Marie et Olivier, deux français avec lesquels nous avions fait une partie du trek de la Cordillère Blanche.

Ils nous persuadent de participer au trek de Salkantay : il s’agit d’une voie alternative au Chemin de l’Inca permettant de rejoindre le Machu Picchu en quatre jours de marche dans la montagne. Organisé par une agence au prix attractif de 190 dollars tout compris (accès au Machu Picchu, train de retour…).
Départ dès le lendemain à… 4 heures du matin, la nuit va être courte !



LE TREK DE SALKANTAY débute au niveau du village de Mollepata à quelques kilomètres de Cuzco. Notre groupe est constitué de 16 marcheurs de différentes nationalités : Suisse, Français, Espagnol, Brésilien et Israélien.
La première journée consiste en une randonnée plaisante, montée progressive vers la vallée du pic de Salkantay.
L’organisation du trek est bonne : repas chaud midi et soir, c’est mieux que les sandwichs du midi lors du trek dans la Cordillère Blanche !
Comme par hasard, notre convoi s’arrête plusieurs fois dans la journée, à l’initiative de nos guides, au niveau de boutiques de vente de sodas et autres confiseries, ce sont des pauses shopping !

Nous campons près du pic de Salkantay superbe montagne de 6 300 mètres. La nuit est très froide malgré nos deux duvets (nous en avons loué un supplémentaire chacun suite à notre expérience dans la Cordillère Blanche) et nos vêtements polaires.

Au cours de la deuxième journée, nous grimperons vers le col de Salkantay situé à 4 700 mètres d’altitude. Cette grimpette se fera sans difficulté : nos organismes sont davantage habitués à l’altitude et nous avons eu droit, au réveil, à un maté de coca très corsé…

Nous traversons de beaux paysages de montagne jusqu’au col un peu décevant car pas de perspectives comme c’était le cas à la Cordillère Blanche.
Après le col, descente dans la vallée et changement radical de végétation : nous passons d’une végétation aride de montagne à la jungle.
Nous rencontrons avant le déjeuner un troupeau d’Alpagas.

Nous marchons dans la jungle au cours de la troisième journée en suivant un cours d’eau jusqu’à Santa Theresa. Nous passons l’après-midi dans cette bourgade dont le développement exponentiel (route en cours de bétonnage) est lié à l’afflux croissant de touristes vers le Machu Picchu voisin.

Lors de la quatrième journée, nous suivons de nouveau le cours d’eau en marchant sur une route très poussiéreuse pendant trois heures.
Nous atteignons le lieu dit Hydro en milieu de journée, c’est l’entrée du domaine du Machu Picchu.
Nous suivons, à pied, la voie de chemin de fer en traversant des paysages vierges d’habitation, protection du site oblige.
Ce chemin de trois heures est fascinant car les poteaux sans câbles électriques et la voie de chemin de fer sans train donnent une impression de bout du monde, impression renforcée à l’arrivée à Agua-Caliente, ville encaissée dans la vallée et que traverse la voie de chemin de fer.
Quel plaisir que de pouvoir prendre une bonne douche chaude après avoir enduré chaleur, poussière et moustiques…

Veillée d’armes avant l’ascension du Machu Picchu cette nuit …




LE MARATHON DU MACHA PICCHU
Quatre cents, c’est le nombre maximum de personnes par jour autorisées à accéder au Wayna Picchu (la montagne en arrière plan du Machu Picchu), restriction mise en place par les autorités péruviennes pour sa conservation depuis 2 ans.

Ce changement engendre des situations aussi rocambolesques que dangereuses :

Ledit « marathon » débute au milieu de la nuit devant le pont permettant l’accès au site du Machu Picchu ; la porte du pont est fermée par des gardiens.
Lorsque nous arrivons au pont vers 3 heures du matin, une quinzaine de personnes (dont beaucoup de français) étaient déjà présentes.
A 5 heures, heure d’ouverture de la porte, plus de 500 personnes sont massées derrière le pont, pressées d’en découdre.

L’ouverture de la porte ressemble à l’ouverture des portes d’un hypermarché le premier jour des soldes. Que le meilleur gagne !
La foule s’engouffre vers le pont, les gardiens sont débordés et ne peuvent plus contrôler les passeports, les gens poussent, se marchent les uns sur les autres pour passer, une cohue indescriptible.

Nous parvenons finalement à nous extraire de la foule et alors commence la course en pleine nuit sous une pluie fine, une montée de 35-45 minutes.
Imagée, c’est une chenille de lampes frontales qui monte vers le sommet.

Arrivés à l’entrée du site, nous obtenons le précieux sésame : un tampon sur le billet, le visa pour le Wayna Picchu. Christophe aura été rapide : il arrive 22ème au classement.

Avec du recul, cette course, c’est finalement un résumé de la compétition de la vie.
Face à une épreuve, plusieurs comportements sont possibles :
-    suivre le règlement : attendre derrière la porte et passer au fur et à mesure,
-    passer devant l’autre par tous les moyens : pousser, dépasser, écraser…
-    contourner le règlement : emprunter la passerelle pour les voitures plutôt que le pont pour piétons,
-    abandonner : ne pas participer à l’épreuve ou prendre le bus.


LE MACHU PICCHU
Le Machu Pichu reçoit chaque jour officiellement 2 500 visiteurs (limite imposée par l’Unesco) et officieusement beaucoup plus (3 700 visiteurs est le chiffre communiqué par un gardien le jour de notre visite) … mais tous ne se sont pas inscrits à ce que nous avons surnommé le « marathon du Machu Picchu » !

Le Machu Picchu fait partie des 7 « nouvelles » merveilles du monde (dont la liste a été établie en 2007 suite à un vote organisé par la New Seven Wonders Foundation, auquel ont participé plus de 100 millions de personnes) au même titre que : le Colisée de Rome, le Taj Mahal, la Grande Muraille de Chine, la cité troglodytique de Pétra en Jordanie, la cité Maya de Chichen Itza au Mexique et la statue du Christ rédempteur de Rio de Janeiro.

Aux premières heures de la matinée (le site ouvre à 6h), nous visitons, avec notre guide du trek Salkantay, le site sous un épais brouillard. Ceci ne nous permet pas d’en apprécier sa dimension, ni sa beauté.

Vers 10 heures, nous nous installons au niveau d’une colline à l’entrée du site et lorsque le ciel s’éclaircit, c’est l’enchantement …
Au premier plan, la cité : nombreuses maisons, une grande place, un observatoire, un lieu de culte et les multiples terrasses.
En arrière plan, le Wayna Picchu encore en partie recouvert de nuages, met davantage en valeur le site.
Et tout autour, de superbes vallées avec des montagnes boisées.
Les Incas savent choisir les beaux endroits !

La beauté du Machu Picchu tient pour beaucoup à son emplacement exceptionnel au sommet d’une montagne : ce qui permet de dominer la région et étonnamment de rester discret.
Le Machu Picchu a été officiellement découvert en 1911 par l’explorateur nord-américain Hiram Bingham. Machu Picchu ou « vieux sommet » n’est d’ailleurs pas le nom d’origine de la ville mais comme on l’ignore, elle porte le nom de la montagne.

Les bâtiments importants du site (lieux de culte, demeures des hautes personnalités…) ont des pierres parfaitement emboîtées les unes aux autres, sans mortier.
Chaque pierre a été meulée, une à une, afin de pouvoir s’emboîter. Les murs sont épais et penchés vers l’intérieur.
Les bâtiments, solides, ont résisté aux différents tremblements de terre.
Nous reconnaissons la forme caractéristique des fenêtres et des portes Incas : plus large en bas qu’en haut.

Après la séance photo traditionnelle avec le Machu Picchu, nous nous dirigeons vers le Wayna Picchu.
La grimpette jusqu’au sommet s’avère longue (plus de 45 minutes) et périlleuse (à certains endroits, c’est à quatre pattes que l’on avance) mais en haut, vue différente et superbe du site et des alentours.
Assis sur des rochers au sommet, nous ne nous lassons pas d’observer le paysage devant nous, une vue à 360° ; le vide est proche, il ne faut pas avoir le vertige !

Depuis le Wayna Picchu, la ville de Machu Picchu a pour certains la forme d’un condor avec les ailes étendues, le bec et la queue … ceci a suscité quelques débats entre nous (avec nos amis randonneurs français Marie et Olivier).

De retour au Machu Picchu en fin d’après midi, nous profitons une dernière fois du site redevenu calme car déserté par les touristes repartis en train.

Nous serons à Cuzco vers minuit après deux heures de train et une heure de bus. Quasi 24h debout mais cela valait le coup !

Au fait, si comme nous, vous vous demandez, quelles sont les 7 « anciennes » merveilles du monde (dont la liste a été établie par Hérodote et Callimaque de Cyrène av. JC): la grande Pyramide de Khéops, les Jardins suspendus de Babylone, la statue Chryséléphantine de Zeus olympien, le Temple d'Artémis, le Mausolée d'Halicarnasse, le Colosse de Rhodes et le Phare d'Alexandrie. Malheureusement seule la grande Pyramide de Gizeh a survécu jusqu'à nos jours.

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