10 août 2010

Fiesta à Arequipa

Nous voilà à Arequipa, deuxième ville du Pérou par le nombre d’habitants.
Très belle ville mais très touristique aussi et c’est la pleine saison du tourisme …
Un peu comme à Londres, on croise des français à tous les coins de rue …
Une ville en expansion : construction de nouveaux bâtiments, réfection des rues …

Il faut traverser un beau désert rocailleux avant d’arriver à Arequipa. Cela dit nous avons voyagé principalement de nuit, ce fut donc plutôt un aperçu ;-)
De la ville, nous pouvons observer le superbe volcan Misti qui culmine à plus de 5 800 mètres.
Il est aussi majestueux que le volcan Cotopaxi en Equateur … sans la neige … suite au réchauffement climatique, le sommet n’est enneigé uniquement qu'à certaines périodes de l’année.

Nous resterons à Arequipa une semaine, temps nécessaire pour se reposer, nous permettre de réactualiser le blog, de répondre aux mails mais aussi de visiter et d’assister à la fête de la ville, hasard inespéré du calendrier …

L’hôtel Santa Catalina est idéalement placé dans le centre historique et à proximité de commerces, internet… Seul inconvénient, il est bruyant malgré le double vitrage.

Du point de vue pratique, nous reconstituons nos réserves en cash auprès d’une agence HSBC, notre banque au cœur d’Arequipa (retraits DAB sans frais).
Mais aussi des supermarchés pour le ravitaillement en céréales pour Christophe et pains pour Stéphane ; nous pouvons cuisiner à l’hôtel !
Prendre le petit déjeuner (copieux et varié) au niveau de la terrasse de l’hôtel, vue étendue sur la ville et plein soleil, quel plaisir !


La ville est très étendue mais les principaux points d’intérêts sont proches, la marche à pied est idéale ici.
Au centre de la ville, la traditionnelle Plaza de Armas.
C’est une large et belle place, les bâtiments ont tous deux arcades l’une sur l’autre : très élégant.
Par contre, le style néo classique de la cathédrale voisine, notamment à l’intérieur du bâtiment, n’a rien d’extraordinaire.

En se baladant, nous observons de nombreux beaux bâtiments en pierre volcanique blanc/gris., la « marque » d’Arequipa. Ces bâtiments abritent les agences bancaires toutes plus grandes les unes que les autres.
La succursale de « Banca de la Nacion » est un gigantesque bâtiment (aussi grand qu’une gare) gris extérieurement (porche superbement sculpté) et blanc intérieurement.
Au Pérou, les agences bancaires sont les plus beaux des bâtiments commerciaux : fort bien entretenus ou neufs, les banques ne sont pas pauvres !

Bien entendu, la ville est largement pourvu en patios et en balcons héritage de la colonisation espagnole. Par exemple, le superbe bâtiment de l’Alliance Française, une superbe demeure proche du centre.

Comme tous les touristes, nous décidons de visiter le Monastère Santa Catalina, attraction principale de la ville.
Nous sommes sous le charme de ce lieu exceptionnel par sa beauté, son originalité, sa richesse.

Ce monastère a été fondé vers 1580. Il a abrité plus de 450 religieuses coupées du monde extérieur par un grillage en bois et un tourniquet bois (similaire à ceux utilisés par notre Poste pour l’envoi des colis). Aujourd’hui encore, 30 religieuses vivent à l’écart du monastère. Conçu par et pour des femmes !
C’est une ville dans la ville avec ses rues, ses places, ses trois cloîtres et multiples petites maisons ou cellules, lieux de résidence des religieuses. Il y a aussi une cuisine centrale, une petite piscine, des potagers et un cimetière.
Un labyrinthe où il est bon se perdre entre les courettes, la place et sa fontaine, jardins… Le lieu est calme et serein malgré l’affluence touristique.


Le monastère est très intéressant du point de vue de son architecture : extérieurement, les bâtiments ressemblent aux maisons en torchis des déserts d’Afrique du Nord : maisons basses sans toits pentus. L’entrée massive a une allure de forteresse.
Le système d’arcades permettant le maintien de certaines maisons est largement utilisé tout comme les techniques du toit en voûte ou de patios étagés… L’ensemble a du caractère et de l’organisation : l’influence féminine…
Stéphane (tout comme les nombreux étudiants en architecture présents au moment de notre visite) se régale !

L’originalité des bâtiments réside également dans l’utilisation des couleurs ocre (ou terre cuite) et bleu Klein : au soleil, ces couleurs illuminent cloîtres et murs des bâtiments, belle harmonie !
Le monastère se visite aussi de nuit : éclairé aux bougies, le bâtiment doit être magnifique ! Nous n’aurons malheureusement pas l’occasion de le visiter à la nuit tombée.

Plusieurs cellules se visitent : les cellules des novices pendant l’année d’apprentissage, les cellules des religieuses plus ou moins élevées du point de vue hiérarchique.
Les cellules sont en général constituées d’une ou de deux pièces avec un mobilier très strict, un autel plus ou moins décoré pour les prières ainsi que d’une cuisine aux murs noircis par la fumée : nous y voyons four en argile, pierre filtrante (filtration de l’eau), tambour rainuré (ancêtre de nos machines à laver le linge), balances… Chaque religieuse se faisait sa petite popote, déjeunait au niveau du jardinet proche, la belle vie !

Nous admirons une collection de pots de chambre et le siège prévu pour. Mais aussi, l’infirmerie et ses multiples onguents en flacons.
Incroyable, nous voyons dans une cellule une sorte de ceinture métallique, comme du fil barbelé ainsi qu’un martinet : utilisé pour faire pénitence !
Une autre cellule abrite les cœurs de plusieurs évêques dans des bocaux ; ils devaient entretenir de bonnes relations avec les sœurs !

A l’extérieur, un système pertinent de demi jarres alimentées en eau par des rigoles et utilisées comme lavoir.
Très beaux cloîtres de différentes couleurs et pourvus de belles fresques.
Vous l’aurez compris à notre enthousiasme, une visite que nous ne sommes pas prêt d’oublier ! C’est le plus beau couvent de tous ceux rencontrés depuis le début de notre voyage et Christophe les a quasi tous visités !

Autre centre d’intérêt d’Arequipa : le musée des sanctuaires andins.
Il abrite la momie « Juanita », découverte au volcan Ampato en 1995. Cette fille de 14 ans, a passé plusieurs centaines d’années dans les glaces avant d’être victime du réchauffement suite à une éruption volcanique … Heureusement, elle a été retrouvée par hasard par une expédition environ deux semaines après l’éruption, d’où un corps remarquablement bien conservé.
Juanita a été offerte aux dieux par les incas lors d’un rituel religieux. A cette époque, les plus beaux garçons et belles filles de la noblesse étaient sélectionnés dès leur plus jeune âge pour être offerts vers leur adolescence aux dieux afin de les apaiser et prévenir les catastrophes naturelles. Juanita vivait à Cuzco et a parcouru plus de 600 kilomètres de procession jusqu’au sommet de la montagne avant de rejoindre le dieu de la terre « Pachamama ». C’était un honneur pour elle. Beaucoup de jeunes filles auraient sans doute voulu être à sa place. N’oublions pas que les incas croyaient à la réincarnation.
Dans les faits, elle est morte d’un coup de massue sur la tête et les ligaments de ses jambes ont été sectionnées afin d’avoir une position recroquevillée. Très cruels ces incas !




Nous avons la chance d’être présent à Arequipa au moment de la fête annuelle de la fondation de la ville par les espagnols (il y a 470 ans) : ces festivités mobilisent toute la ville, enfants, adolescents et adultes.

Le premier défilé, dit « parade du drapeau », débute le samedi matin.
Aucune chance de le manquer, il passe sous les fenêtres de notre hôtel !
Les élèves ou étudiants en uniforme de chaque école civile et militaire de la ville défilent au son d’une seule et même musique, l’hymne de la ville, sous le regard fier de leurs parents.
Chaque école compte ses portes drapeaux, sa fanfare et son bataillon marchant à la cadence de la musique.
Les jeunes garçons et filles paraissent mal à l’aise dans leurs uniformes.
Il est à noter que la plupart des écoles sont non mixtes.
Lors de cette parade quasi militaire, nous verrons un gamin de 5 ans défiler pour son école.

Stéphane préfèrera le défilé du samedi après-midi, dit «traditionnel ».
Il s’agit cette fois des habitants d’Arequipa, enfants, adolescents et adultes, qui défilent vêtus en costumes traditionnels colorés.
La musique est entraînante : l’hymne de la ville donne de l’énergie aux danseurs.
Les chars représentent les travaux de la ferme : le travail de la pomme de terre, du maïs, l’élevage… avec des bœufs, moutons, chevaux.
L’ambiance est populaire, fraîche et joyeuse : le public est invité à danser, nous participerons à une danse endiablée entourée de jeunes femmes.
Les gamins s’amusent beaucoup et nous avec eux. Ils adorent se faire prendre en photo … nous sommes loin de Cuzco où il faut payer pour prendre des photos !

Au niveau d’une rue qui jouxte la rue principale, trois troupes d’enfants s’entraînent pour le défilé du lendemain : les groupes se croisent et se recroisent selon une chorégraphie plutôt inventive ; Les gamins sont en tenue de ville, ils dansent, crient…
En arrière plan de ce quartier populaire, des graffittis. L’ensemble fait penser à « West Side Story ». Nous essayerons de les retrouver lors du défilé du lendemain … pas facile sachant que nous n’avons aucune idée comment ils seront habillés !

En soirée, nous écoutons un groupe de chanteurs qui dansent à la Cubaine devant un public conquis. L’alcool coule à flot et nous partageons une bouteille avec des jeunes arequipiens. A minuit, c’est le délire : Viva Arequipa ! et feux d’artifices.

Dimanche, de 10h jusqu’à tard en soirée, des chars vont défiler jusqu’à la Plaza de Armas. Spectacle inégal : certains chars et costumes sont beaux à voir ; d’autres sont des podiums publicitaires pour Coca ou Inka Cola ou autres marques.
Cette manifestation attire énormément de monde et les touristes sont étonnamment « noyés » par l’affluence des locaux.
Pour avoir une chance de voir le défilé, il faut louer l’un des nombreux sièges installés sur les trottoirs : 15 soles …
Evidemment, très confiants en nous, nous refusons cette option. Il nous faudra changer
4 fois d’emplacements tout en étant toujours très loin, endurer le bruit, le soleil, les bousculades …
Finalement, au bout de deux heures, nous parviendrons à squatter gratuitement un rebord de trottoir … nous sommes en quelque sorte « aux premières loges » … nous y resterons jusqu’à la tombée de la nuit sans toutefois pouvoir assister à la fin. Le défilé a commencé vers 10h pour se terminer vers 21h regroupant des milliers de personnes de tout le Pérou et des pays environnants.

Ce dimanche de fête, nous avons revu Juan, le péruvien rencontré à Nazca, en visite chez son oncle. De fil en aiguille, il va nous accompagner dans notre prochaine étape, à savoir une randonnée de deux jours dans le canyon de Colca.

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