19 août 2010

Le lac Titicaca, ses îles, ses ruines incas

Puno est une grande ville de 180 000 habitants adossée à la montagne aux bords du lac Titicaca.
Hormis la belle cathédrale de la Plaza de Armas (au magnifique fronton), la ville ne présente que peu d’intérêt.
Cette ville touristique nous laisse une impression de dynamisme et de modernité, les habitants semblent mieux habillés, les bâtiments mieux entretenus …

Nous nous rendons à l’hôtel Duke Inn recommandé par notre hôtel d’Arequipa : bon choix ! L’hôtel est propre, eau chaude en permanence et wifi à volonté pour 30 soles.
Nous sommes reçus par Ricardo, professeur de sociologie en semaine et jovial hôtelier les soir et le week-end. Avec sa faconde, il nous donnera des tuyaux permettant l’organisation des excursions des prochains jours.
L’hôtel est situé sur les hauteurs de Puno, d’où une très belle vue de la ville de notre chambre mais il faut grimper plusieurs blocs de maison du centre ville pour y parvenir.
Puno est située à une altitude de 3 850 m : essoufflement maximum arrivé à l’hôtel !
D’ailleurs, une étude a montré que la cage thoracique des habitants était plus développée que la moyenne.

Nous passons l’après midi à déambuler dans cette ville agréable.
Nous nous rendons au port afin de préparer notre visite aux îles du lac. Nous voulons éviter les tours proposés par les agences (même si les tarifs sont très attractifs) et utiliser les bateaux « collectivos » afin de pouvoir faire notre propre programme de visite.
Nous nous rendrons compte par la suite que les « collectivos » font le même programme que les agences et ont même un guide !
Nous comptons visiter trois îles : les îles flottantes Uros, Amantani et Taquile.

Le lendemain matin, nous quittons notre hôtel en prenant, comme d’habitude, notre petit sac à dos avec le nécessaire pour une visite de 2 jours. Ricardo garde nos gros sacs à dos et notre carton de souvenirs achetés ces dernières semaines au Pérou (10kg !).
Bonne surprise : le bateau est confortable pour un collectivo.
Les passagers qui nous accompagnent sur les îles ont différentes nationalités : français bien sûr mais aussi espagnol, brésilien, belge.


Notre bateau quitte le port pour les îles flottantes d’Uros : 30 minutes de trajet au milieu des roseaux.

Quelques infos sur le mythique lac Titicaca dont la seule évocation du nom faisait rêver Stéphane durant son adolescence.
C’est le plus haut lac navigable au monde (3 810 m d’altitude) qui est né de la rencontre de plaques tectoniques (surélévation d’une lagune).
Le lac est au centre d’un grand bassin. Il est alimenté par plusieurs rivières mais une seule quitte le lac : le rio Desaguadero.
La profondeur du lac atteint jusqu’à 270 m côté péruvien.
Le lac est riche en truites (excellentes), en perches, en canards, en poules d’eau…
60% du lac est péruvien, 40% bolivien.

Certes, les îles Uros sont un lieu ultra touristique mais elles valent le déplacement.
C’est un lieu unique au monde et la vision de ces îles au soleil matinal est féerique: couleur jaune orangée de la paille omniprésente, couleur bleue sombre du lac, couleur verdâtre des montagnes environnantes.

Nous sommes accueillis sur une île par une communauté. Le scénario est bien rodé.
Un villageois nous explique l’ingénieux système de construction des îles flottantes : il s’agit de blocs de racines de roseaux avec de la terre fixées entre eux par des piliers d’eucalyptus.
Sur ce support, sont rajoutés des débris de roseaux puis les huttes rectangulaires, les huttes cylindriques, le « mirador »…
Construite en un an, une île d’une superficie de 50 m² a une durée de vie de 20-25 ans.
Après ces intéressantes explications, shopping !

Un habitant nous confie que les îles ouvertes aux visiteurs sont propres et bien entretenues ; les autres îles ont un confort plus sommaire et sont moins « travaillées » (toit des maisons en tôle et non pas en chaume, etc…). 2 000 habitants vivent sur une cinquantaine d’îles.
La plupart des hommes travaillent à Puno (chauffeur de taxi…) alors que les femmes restent sur les îles pour y recevoir les touristes.
Les enfants vont à l’école située sur une île proche.
Il est à noter que les habitants des îles Uros ne payent pas d’impôt. C’est un peu comme les employés des ONG à Genève au bord du lac Léman avec le niveau de vie en moins !

Entre les îles, nous observons de beaux bateaux en joncs à un ou deux étages : un air de Venise.

Après cette courte (mais suffisante) escale aux îles Uros, nous nous dirigeons vers l’île d’Amantani, située plus vers l’est : 3h30 de navigation sur un lac dont le gigantisme fait penser à une mer intérieure (nous ne voyons plus l’autre rivage).

A notre arrivée à Amantani vers 14 h, nous sommes accueillis par une famille qui nous hébergera jusqu’au lendemain matin.
C’est un système instauré sur l’île depuis plusieurs années : les visiteurs logent au sein de familles d’accueil et il y a une rotation des familles de manière à ce que chacune d’elles reçoivent le même nombre de visiteurs (en théorie seulement).

Disons le franchement, nous avons été déçu par l’accueil de notre famille.
En effet, dès le premier contact, la mère de famille se montre peu loquace, malgré tous les efforts déployés par Christophe pour engager la conversation (qui disons le excelle habituellement en la matière).
Son mari est plus bavard mais, malade à la jambe, il restera au lit une bonne partie de la journée. Quand aux quatre garçons de la famille, nous ne les avons que juste aperçus : les parents ne souhaitant apparemment pas de contact entre eux et nous.
Nous prendrons nos trois repas seuls …

Cette expérience est néanmoins intéressante car elle nous permet de connaître les conditions de vie de ces villageois modestes.
Pas d’eau courante (on se lave à l’eau du lac, eau qui est également bue), l’électricité est obtenue par énergie solaire mais juste suffisante pour l’éclairage de quelques pièces (dont notre chambre confortable), la cuisine est faite au four au bois.
L’alimentation est à base de pomme de terre (différentes variétés), riz et fromage. La viande (séchée) est exceptionnelle tout comme le poisson !
La pêche semble difficile autour d’Amantani du fait des courants marins, notre hôtesse utilisera une boîte de thon pour le repas de son fils …

La famille possède un mulet (que Christophe amènera avec quelques difficultés au bord du lac pour s’abreuver), trois poules, une vache ainsi que plusieurs moutons et brebis.

Nous montons en fin d’après-midi vers l’un des deux sommets de l’île, au niveau d’une ruine d’un temple inca dédié au dieu de la terre, « Pachamama ».
C’est un point de vue idéal sur le lac.
Le vent qui souffle fortement a évacué les nuages, le ciel est clair.
Entourés de dizaines de touristes, nous admirons un très beau coucher de soleil puis nous rentrons chez notre famille pour dîner.

Le lendemain, nous quittons Amantani le ventre chargé en pancakes (en fait seulement deux par personne mais cela est copieux comparé aux petits déjeuners habituels où se battent en duel deux petits pains par personne).
Nous arrivons à Taquile après une petite traversée d’une heure en bateau.

L’île de Taquile accueille les touristes de 10h à 14h. Ceux-ci marchent le long de l’île jusqu’au village central, pause shopping et restauration avant de reprendre le bateau pour Puno.
Taquile est moins sauvage qu’Amantani mais les paysages y sont plus beaux : un mélange d’Irlande et de paysage méditerranéen type sicilien.
Les couleurs du lac et des terrasses bordées d’eucalyptus sont superbes.

Avant notre déjeuner (bonne truite du lac), notre guide nous explique l’importance des vêtements portés par les habitants de Taquile.
Un homme avec un bonnet blanc/coloré dont le pompon est derrière la tête est célibataire. Lorsque le bonnet est tout coloré et le pompon est sur le côté, il est marié. Gare au vent qui ferait changer le pompon de place !
La femme mariée est habillée d’un châle noir avec des pompons de couleur aux quatre extrémités. La femme dont le cœur est encore à prendre est également vêtue du même voile noir avec des pompons de couleur légèrement plus petits et surtout elle l’utilise pour masquer en grande partie son visage. Le divorce n’existe pas à Taquile. Par contre, il existe une période probatoire de 3 ans de vie commune avant le mariage.

Ici, les villageois ne se serrent pas la main mais s’échangent des feuilles de coca. Il vaut mieux en avoir une bonne réserve dans ses poches lorsque l’on sort !

Les bénéfices générés par les restaurants et ventes d’objets sont redistribués équitablement à la communauté.
Pour le visiteur, il est plus cher de vivre à Taquile plutôt qu’Amantani. C’est pourquoi les agences ne proposent pas la nuit à Taquile dans leur tour de deux jours. Nous avions envisagé de rester une journée de plus sur Taquile et dormir à nouveau chez l’habitant mais nous y renonçons finalement.

Nous rentrons en cours d’après-midi à Puno, séquence bronzage sur le toit du bateau.

Dans les rues de Puno, Christophe rencontre un ex collègue de PricewaterhouseCoopers (Vincent Robillard pour les ex-PwC et PwC qui lisent ce blog), qu’il n’a pas vu depuis 10 ans. Ce dernier voyage pendant deux semaines au Pérou accompagné de deux amies. Il s’avère que l’une d’entre elles a rencontré Stéphane au mois de mai lors d’une visite de son entreprise. Que le monde est petit ! Rendez-vous est pris pour boire un verre à notre retour … dans un an !

En soirée, nous dînons avec deux français (Clotilde et Florian) et deux belges dans un bon restaurant touristique de Puno. Au menu, alpaga grillé et vin chilien.
Nous les avons rencontrés lors de nos deux jours sur les îles du lac Titicaca.
La soirée se terminera en danse dans un bar étrangement vide ce samedi soir.

Le lendemain, nous prenons le taxi pour visiter le site inca de Sillustani à 40km à l’ouest de Puno.
Là encore, les incas ont choisi un lieu magnifique : le site se trouve sur une presqu’île qui s’avance dans un lac. Sur la rive en face, nous voyons un énorme rocher au sommet étrangement plat.
Plusieurs tours en ruine couleur orangée, qui sont des monuments funéraires de 12 mètres de hauteur, dominent le lac d’un bleu intense.
Le panorama est magnifique sur le lac et le calme et sérénité de l’endroit incitent à la rêverie. D’autant plus que nous sommes seuls sur ce site, les touristes le visitent plutôt l’après-midi.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à une ferme, sorte d’hacienda entourée d’un mur de pierre.
Chaque ferme abrite une famille : celle que nous visitons compte 5 membres, les parents et leurs deux petits enfants, le frère du père qui s’appelle Miguel (avec lequel nous discuterons longuement).
Là encore, tout est fait pour le touriste (lamas avec pompons aux oreilles à l’entrée de la ferme, outils de la ferme bien rangés …).
Mais cette visite est plus intéressante que le séjour passé sur l’île d’Amantani. Les membres de la famille se nourrissent principalement de patates (plusieurs variétés), de quinoa, de riz. Nous goûtons la patate crue avec de l’argile : très bon !
Derrière la maison, la famille élève dans deux maisonnettes des cochons d’inde.
Pas d’eau courante ici mais il faut aller la chercher à un kilomètre de la ferme. Pas d’électricité également, les bougies sont de rigueur …

Miguel est un étudiant d’une vingtaine d’années. Il étudie l’anglais et le français et, plus tard, il souhaiterait voyager en Europe et notamment en France.
Il nous montre les outils en bois ou en fer permettant le travail de la terre.
Il est émerveillé par l’Iphone de Stéphane.

Nous aurions bien aimé rester plus longtemps avec cette famille, qui en une demi-heure, a été plus chaleureuse et instructive que notre famille d’accueil à Amantani. Christophe, toujours à l’affût de souvenirs artisanaux et typiques, a fait très fort. Au lieu d’acheter les souvenirs classiques proposés par la famille, il leur a demandé de lui vendre une sorte de croix en fer décorée de motifs colorées (incluant le soleil, la lune, l’homme, la femme, la maison …) perchée sur le toit de leur maison pour attirer la chance. La surprise passée, ils ont accepté et il a fallu commencer à négocier …

En début d’après-midi, nous quittons, en bus, le Pérou. La route qui nous conduit en Bolivie est très belle.
Cette fois-ci, nous sommes bien réveillés au moment de passer la frontière ! (Cf. le passage à deux reprises de la frontière Equateur-Pérou).
Les passeports sont tamponnés, les soles sont échangés en bolivaros (la monnaie bolivienne qu’il va nous falloir apprendre à connaître).

Nous arrivons à Copacabana une dizaine de minutes après avoir passé la frontière.

1 commentaire:

  1. Je viens de terminer la lecture de vos aventures de plus d'un mois : que de merveilles vous nous faîtes partager ! La vie n'a pas l'air trop difficile, dîtes-moi !
    Continuez ainsi : je me délecte !
    Bisous à Bourriquet y hasta pronto.
    Tantine

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