24 août 2010

La Paz, la capitale la plus haute du monde

Dès notre arrivée aux portes de La Paz, nous sommes surpris par la topographie de la ville.
Plutôt que la plaine de l’Altiplano (grande plaine où se situe le lac Titicaca), la ville s’est développée dans une immense vallée profonde de 800 mètres. Un vrai délire urbanistique !
Pas une rue qui ne monte ou ne descende (selon l’endroit où vous êtes) et à 4000 mètres d’altitude, l’effort physique se ressent très vite. Sans compter la pollution des véhicules qui grimpent les rues …

En bas de la vallée, les quartiers riches et les administratifs et en haut, les quartiers pauvres et populaires. La ville s’est développée dans une certaine anarchie, en témoigne les câbles électriques innombrables entre les maisons.
Imaginez du sommet de la vallée : des maisons en briques rouges (la notion de crépi n’existe pas) qui s’accrochent aux flancs de la montagne, des dizaines de tours (bureaux ou habitations) au centre de la vallée construites sans aucune cohérence urbanistique …

La Paz est entourée de pics enneigés de plus de 5 000 mètres, de pics abrupts, de lacs, un cadre fantastique pour les treks, balades …
C’est une capitale bruyante, polluée, sans cesse en mouvement et pourtant nous allons y passer un agréable et dense séjour (malgré la turista).
Le centre ville de La Paz n’est pas très étendu et se parcourt aisément à pied.
Par contre, il faut une heure de collectivo pour atteindre le quartier de San Miguel où résident les plus aisés : la ville s’étale en longueur.


Notre hôtel très central nous permet de visiter les principales curiosités de la ville :

- L’église San Francisco : elle est dotée d’un très beau (mais chargé) portail baroque.
La place en face de l’église est « la place de la Bastille » de La Paz, un lieu de rencontre, de manifestations…
Le 25 août, nous y verrons converger une manifestation de personnes âgées: c’est la fête des grand-pères et grand-mères en Bolivie.
Le défilé est calme jusqu’à l’église San Francisco, sans revendication, le simple plaisir d’être ensemble ! Pour nous c’est l’occasion rêvée de les photographier dans leurs habits traditionnels sans qu’ils tournent la tête !

- La place Murillo, place principale de La Paz où sont localisés le pouvoir politique (beau palais du gouvernement, qu’une fois n’est pas coutume, nous ne visiterons pas), religieux (la cathédrale assez quelconque) et financier (la banque centrale de Bolivie et autres banques). La place Murillo a beaucoup de charme.

- Le quartier colonial assez restreint : quelques beaux balcons espagnols mais beaucoup de maisons délabrées. Une seule rue a été restaurée dans sa totalité, la calle Jaén. Elle concentre à elle seule quatre des musées de la ville.

- Le marché de Las Brujas (près de notre hôtel), c’est le marché de la sorcellerie. Dans les étals, des squelettes d’animaux, des fœtus de lamas séchés, des potions magiques… et dans la rue, des « Yatiris » qui lisent l’avenir. Marché très touristique mais qui montre l’importance des arts divinatoires en Bolivie : la communauté indigène n’est pas convertie à la religion catholique.

- Le marché de Buenos Aires très étalé et que nous parcourons en plusieurs heures. C’est un marché à ciel ouvert très pratique car thématique : nous passons de la rue des pâtisseries à celle de la couture (laines, fils…), puis celle des vêtements, chaussures, puis lampes, puis carnaval… tout se vend ! La thématique par rue est très intéressante pour faire jouer la concurrence … par contre attention si vous avez oublié quelque chose dans vos courses, il vous faudra rebrousser chemin.

- La Vallée de la Luna : nous prenons un collectivo pour atteindre cette vallée située à 10 km au sud. Nous en profitons pour traverser le chic quartier de San Miguel et ses somptueuses maisons (certaines ont été payées par le trésor de guerre nazi) ainsi que son golf. Nous y prendrons un bon déjeuner en compagnie de deux lapins ! (Christophe retombe en enfance, époque où il avait eu deux lapins pendant tout un été)
La vallée de la Luna est un canyon quasi-urbain dont l’eau de pluie a érodé la terre en de multiples cheminées et pitons : beau mais pas inoubliable. En arrière plan, une belle chaîne de montagne dont l’emblématique pic du Diable, un pic en forme de dent.

Par manque de temps et d’énergie (merci la turista), nous ne visiterons pas de musées (dommages, les musées de la coca et des arts modernes nous tentaient bien).
Nous n’entrerons pas non plus dans la plus célèbre prison d’Amérique du sud, la prison de San-Pedro, sans matons (visite uniquement le dimanche).
Nous n’assisterons pas aux fameux matchs de catchs d’El Alto (que le dimanche également !).





Par contre, nous décidons de descendre en VTT la route de la mort !

Nous quittons La Paz le 26 août de bonne heure avec Clotilde et Florian (deux français rencontrés lors de notre séjour aux Îles Amantani et Taquile au Pérou) et nos vélos à double suspensions.
Direction le lieu dit Cumbre: un petit plateau balayé par le vent glacial à proximité d’un lac.
Le principe de notre défi: descendre en VTT la route asphaltée de Cumbre (à 4 800 mètres d’altitude) vers Cotapata puis poursuivre via la route (plutôt la piste) de la mort jusqu’à Yolosa à une altitude finale de 1 200 mètres.
4 heures de descente sur bitume et piste et un dénivelé total de 3 600 mètres ! un inventaire des écosystèmes boliviens : des sommets andins à la jungle amazonienne humide.

Nous enfilons nos combinaisons, nos protections genoux et coudes, nos casques, nos lunettes et bien entendu, nos vêtements chauds (il fait froid à cette altitude surtout à 50 km/h).
Christophe, pas très rassuré, teste la solidité de son vélo et la fiabilité du freinage.

Après avoir écouté les conseils de notre guide, nous partons.
La descente est grisante : le vélo prend vite de la vitesse mais se contrôle facilement grâce aux freins puissants. La route est semée d’embûches : travaux de chaussée, nids de poules, voitures et camions qui circulent …
Qu’importe ! nous avançons à bonne vitesse (50, 60 km/h). Christophe double tout le monde alors qu’il n’avait jamais fait de VTT et qu’il avait une certaine appréhension la nuit précédente !
Nous traversons une vallée magnifique : dommage qu’il soit difficile de s’arrêter pour une photo.

Nous arrivons à Cotapata, la fin de route asphaltée. Nous devons payer un droit d’entrée à la route de la mort de 25 bolivianos, il n’y a pas de petits profits …

La route de la mort (69km de longueur) relie La Paz à la ville de Coroico.
Elle a été surnommée ainsi à cause du nombre important de camions, voitures, bus qui plongent chaque année dans le ravin : 200 à 300 voyageurs se tuent chaque année sur cette route, soit un véhicule toutes les deux semaines.
90% des accidents ont lieu au niveau des virages en épingle à cheveux avec des précipices de plus de 600 mètres.
Nous verrons, lors de la descente, un grand nombre de croix chrétiennes au niveau des virages mais aussi le long de la chaussée.
Une grande croix noire indique le lieu où un bus a plongé dans le ravin en 1983, 100 personnes ont péri (320 personnes cette année là).

Une nouvelle route plus sûre a été construite récemment : la route de la mort n’est plus utilisée par les voitures, ou presque : nous croiserons un bus et un camion, sur une route à voie simple !

Avant de commencer la descente de la route de la mort, nous nous déshabillons : la température à 2 000 mètres n’est pas la même qu’à 4 800 mètres. La végétation aussi d’ailleurs : une jungle épaisse et humide qui contraste avec l’aridité de la vallée.
Début de la descente, moins rapide que précédemment : il faut éviter les grosses pierres de la piste, éviter de se rapprocher trop près du précipice à notre gauche.

Nous arrivons à un virage presqu´en épingle a cheveux, le précipice de plus de 600 mètres en contrebas est impressionnant. Plus loin, nous traversons une cascade qui arrose la route, gare à la glissade. Deux condors survolent un court instant la route.
La vallée est maintenant ensoleillée, une jungle épaisse recouvre tout.
C’est l’une des plus belles routes au monde : ce ruban de terre d’à peine 3 mètres de large serpente dans la forêt brumeuse et dense …

Heureusement que nos vélos ont de bonnes suspensions : il faut parfois lever les fesses en cas de trous ou de grosses pierres.

Deux heures de descente et nous arrivons déjà au terme de la route sans chute, sans casse.
Nous avons droit à une bonne douche et piscine pour nous ressourcer sous un soleil de plomb. Le retour en van se fera sur la nouvelle route moins spectaculaire.

Le soir même, nous quittons La Paz pour la ville de Potosi et ses festivités, 10 heures de bus de nuit et pour une fois, beaucoup de place pour les jambes de Stéphane ! Ils sont pas mal les bus boliviens !



1 commentaire: