28 août 2010

Potosi, le capitalisme de la mine

Grande déception à notre arrivée à Potosi : la fête de San Bartolome (ou fête des Los Chutillos) qui était prévue ce week-end (28 et 29/08) est reportée au 2 et 3 octobre prochain.
En cause, le blocus de la ville par les mineurs (soutenus par la population) qui s’est achevé il y a tout juste 10 jours.
Ce blocus a duré près de 20 jours et a désorganisé la vie économique de la ville (nous avons rencontré un couple de français à Copacabana; ils sont restés bloqués plus de 15 jours dans la ville sans pouvoir en sortir malgré 4 tentatives qui ont toutes échouées).
Les manifestants voulaient obtenir du gouvernement de La Paz la construction d’un aéroport international ainsi qu’une plus juste répartition des richesses de la région : richesse minière trustée par une multinationale japonaise (exploitation du lithium, constituant majeur des batteries des voitures électriques).

Promesse fut faite de construire cet aéroport dans les cinq ans…Promesse, promesse…
Ce conflit illustre parfaitement la dualité entre les régions, ces conflits internes déstabilisent la Bolivie. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler …

A défaut de fêter la San Bartolome, nous allons mieux connaître cette belle ville, joyau baroque de l’Amérique latine (et patrimoine de l’Unesco) et visiter une mine d’argent.

Mais aussi nous reposer, car, après Stéphane qui se remet lentement de la turista, voilà que Christophe lui aussi attrape cette maudite turista !


Potosi est la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde : altitude de 4090 m. La respiration est difficile lors de marches intensives et il y fait très froid la nuit.
Nous dormirons sous une épaisseur de 5 couvertures : 12°C dans la chambre de notre hôtel « La compagnie de Jésus » (un ancien couvent carmélite, austérité, humidité mais eau chaude toute la journée, un luxe ici !).


Il est agréable de se promener dans le petit centre ville colonial, de s’asseoir sur un banc au soleil de la « plaza 10 de noviembre » (la charmante place centrale entourée de bâtiments officiels et religieux coloniaux) et d’observer les habitants s’activer. Toutes les villes d’Amérique du Sud ont une « plaza mayor » et elles sont toujours pleines de vie ! 

Nous visitons le couvent Santa Teresa (Stéphane : encore un couvent !).
La visite est longue (plus de 2h1/2) mais captivante car le guide, une jeune femme intelligente, a beaucoup d’humour et réveille régulièrement par ironie son auditoire frigorifié (qu’il fait froid entre les murs épais !).
Ce couvent de l’ordre des Carmélites est constitué d’un grand nombre de pièces d’intérêt inégal : crèche à la Disneyland, le réfectoire (avec sa tête de mort), le cloître et son pommier vieux de 350 ans … (les sœurs continuent de récolter les pommes qui finissent en confiture ... nous n’avons pas pu y goûter !)
La fabrication de l’hostie (farine et eau seulement) demeure une source de revenus pour les sœurs qui ne sont plus qu’une dizaine aujourd’hui.
Elles ont le monopole de la fabrication des hosties pour toutes les églises de la région de Potosi ... Il est intéressant de voir le moule à hostie, les pointeaux ...
Les filles qui entraient au couvent à l’âge de 15 ans (moyennant une riche dot de 6000 dollars) n’en ressortaient plus de leur vivant.
Comble que de payer pour vivre enfermer dans une prison dorée… Pas de communication avec l’extérieur autre qu’orale (à travers des grilles et sous la surveillance des sœurs supérieures derrière d’épais rideaux).
A l’époque, dans la noblesse locale, il était de rigueur de destiner le deuxième enfant au couvent si c’était une fille et à l’armée si c’était un garçon ! Pas de soucis d’orientation professionnelle ...


A proximité de la place centrale, la « Casa de monedad » est LE musée de Potosi.
La visite guidée, en français, est très intéressante. En effet, ce grand bâtiment abrite l’ancienne fabrique de monnaies de la Bolivie construite aux environs de 1750 par l’autorité espagnole (à proximité des mines d’argent, elle tournait à plein régime et fournissait toutes les colonies espagnoles).
De la fonderie (fonte de l’argent ou de l’or jusqu’à 1000°C!) à la frappe, nous y voyons toutes les étapes de fabrication et l’évolution de la technologie au fil des siècles.
Les laminoirs aux rouages tout en bois (bois de chêne vert venu d’Europe : le bois le plus résistant) sont impressionnants ! Ils étaient actionnés par des esclaves puis des mulets.
Puis changement de matériel au 19ème siècle avec l’apparition de la vapeur et enfin de l’électricité.
Les machines sont présentées en l’état dans leurs emplacements d’origine, c’est presque une visite du CNAM !

Etonnamment, la Bolivie ne frappe plus sa monnaie depuis le milieu du 20ème siècle : les pièces et billets sont achetés à l’étranger après appels d’offres, ce système est plus rentable. Ainsi, la majorité des billets boliviens proviennent d’une imprimerie bretonne, cocorico !

Parallèlement à la technologie, il est aussi intéressant de découvrir l’évolution des pièces proprement dites ... Nous apprenons que les premières pièces de monnaies en argent de formes inégales ne se différenciaient que par leurs poids. Ensuite, apparaît la notion de taille et d’épaisseur et l’instauration des bords cannelés afin d’éviter les vols d’argent lors de la fabrication par découpe de la pièce. Ces cannelures ne sont maintenant qu’esthétiques.

Dans ce musée, également une petite pinacothèque dont un tableau très intéressant : la Virgen del Rosario (de Luis Niño). La robe de la vierge représente le Cerro Rico, la montagne proche de Potosi où travaillent les mineurs. Les mineurs sont placés sous la protection de la Vierge Marie.
C’est un tableau aux accents catholiques qui fait néanmoins référence à la Pachamama (déesse de la culture pour les indigènes). Vive le syncrétisme !



Après la visite de la fabrique de monnaie, il nous fallait découvrir l’extraction de la matière première ! Justement, nous effectuons ce lundi matin la visite d’une mine d’argent/étain de Potosi, probablement notre visite la plus marquante depuis le début de notre séjour.

En préambule, quelques données historiques.
En 1544, découverte de minerais d’argent dans la montagne rouge appelée Cerro Rico : l’exploitation des mines par les Espagnols débute aussitôt.
Il s’agira du plus important gisement d’argent jamais exploité : plus de 50 000 tonnes d’argent sont extraites de la montagne et envoyées par bateaux entiers en Europe.

Plus de 6 millions de mineurs (locaux, indiens puis esclaves africains…) décèderont d’épuisement dans la montagne, un réel génocide !

Le pillage des mines de Potosi par les espagnols est à l’origine du capitalisme : en 3 siècles, l’équivalent de 50 milliards de dollars ont transité en Europe.
Ces liquidités ont permis l’enrichissement de l’Espagne (les fabuleux palais de Séville…) puis la déchéance du pays (endettement massif de l’Espagne auprès des pays d’Europe du nord dont la France qui la fournissait en produits manufacturés).
C’est grâce à l’argent de Potosi que se développa le commerce en Europe, le Capitalisme est né !

Le filon de l’argent s’épuisa au début du 19ème siècle mais la découverte de l’étain relança l’exploitation des mines au 20ème siècle.
Depuis 1995 (forte baisse des cours de l’étain), l’exploitation des mines de Potosi n’est plus rentable. La compagnie nationale a donc largement licencié et l’Etat a encouragé les mineurs à s’organiser en coopératives ou en familles.
Aujourd’hui, plus de 6000 mineurs travaillent encore dans l’une des 120 mines de Potosi.
Mais l’organisation est anarchique : les mineurs s’exploitent eux-mêmes, sans protection sociale, une maigre pension retraite est allouée par l’Etat mais l’espérance de vie des mineurs est faible, 40-45 ans (décès par maladies pulmonaires, silicoses, ou par explosions).
C’est Germinal au 21ème siècle !


Avant d’entrer dans la mine, nous achetons du coca ainsi que des boissons que nous donnerons ensuite aux mineurs. Nous apprenons que les mineurs boivent de l’alcool à 96° (faiblement dilué) pour tenir dans la mine !
Nous revêtons notre tenue de protection, botte, casque lampe et batterie puis nous entrons dans une mine de la montagne (un vrai gruyère ce Cerro Nico ! des milliers de galeries jusqu’à une profondeur de plus de 450 mètres).
La visite d’une mine n’est pas facile : nous marchons dans un long tunnel étroit obscur entre les tuyaux véhiculant l’air comprimé (fonctionnement pneumatique des marteaux piqueurs), le sol alterne entre boue ou roche sèche.
Il faut baisser la tête (Stéphane est trop grand !) voire marcher à quatre pattes et à certains endroits ramper.
Il fait froid au début de la marche mais la température monte vite jusqu’à 35°C à certains endroits.
Il n’y a pas d’électricité dans la mine. Les mineurs utilisent une lampe alimentée par du souffre et de l'eau (qui peut être remplacée par du coca ou du pipi dans les moments critiques!) qui provoque la réaction chimique donnant un gaz inflammable (Christophe a bien sûr réussi à en acheter une en souvenir !).
Et l’air fortement chargé en poussières d’amiante, de salpêtres, de minéraux est difficilement respirable.
Mais ces désagréments sont mineurs par rapport à ce que peuvent vivre les mineurs qui eux travaillent plus de 20 ans dans la mine sans autre protection qu’un casque (nous verrons de jeunes mineurs avec un filtre à la bouche).

Notre mine compte 4 niveaux : nous en descendons 3 avant de rencontrer deux frères qui travaillent ensemble dans un boyau. L’un deux à 20 ans et travaille depuis 3 ans dans la mine (les mineurs les plus jeunes ont 16 ans…). Avec un maillet, il enfonce un pieu dans la pierre afin d’y mettre de la dynamite et de fragiliser celle-ci.
La température est élevée, le boyau est exigu, le mineur a peu de place pour manœuvrer. La bouche pleine de feuille de coca (les mineurs mâchent toute la journée des feuilles de coca), il nous dit gagner 1 000 bolivianos par mois (l’équivalent de 100 euros) alors qu’un professeur ou un policier gagne 600 ou 700 bolivianos par mois.
Nous ressentons une grande fatigue dans le regard du mineur pourtant jeune.

Plus loin, un trolley chargé de 2 tonnes de minerais est poussé vers l’extérieur de la mine par 4 hommes en sueur, un tunnel de plus d’un kilomètre !
Nous nous approchons d’un trou béant : nous y voyons deux mineurs torse nu en train d’extraire avec un marteau piqueur le minerai qui sera ensuite évacué par trolley vers la sortie. L’un deux a accroché à sa ceinture une poche plastique où s’est écoulé presque l’équivalent d’un grand verre de sueur…

Au détour d’un couloir, nous passons devant un petit autel : nous y voyons une statue de EL TIO, le dieu protecteur des mineurs à qui ces derniers offrent coca, alcool et cigarettes (d’ailleurs, notre guide asperge la statue d’alcool de la tête au pied). Bien que tous catholiques, une fois entrés dans la mine, les ouvriers ne reconnaissent que ce dieu pour être aidé et protégé.

Lorsque nous ressortons de la mine, nous sommes très marqués par ce que nous avons vu mais aussi heureux de pouvoir respirer librement l’air extérieur. Cette visite est très instructive et nous permet de relativiser nos petits problèmes quotidiens. Il y a beaucoup plus malheureux que nous !

Pour conclure la visite, notre guide nous donne un bâton de dynamite qu’elle fera exploser à quelques dizaines de mètres de nous.


Le soir même, nous prenons un bus délabré en direction de Sucre, ville voisine (3 heures de route) de Potosi.

24 août 2010

La Paz, la capitale la plus haute du monde

Dès notre arrivée aux portes de La Paz, nous sommes surpris par la topographie de la ville.
Plutôt que la plaine de l’Altiplano (grande plaine où se situe le lac Titicaca), la ville s’est développée dans une immense vallée profonde de 800 mètres. Un vrai délire urbanistique !
Pas une rue qui ne monte ou ne descende (selon l’endroit où vous êtes) et à 4000 mètres d’altitude, l’effort physique se ressent très vite. Sans compter la pollution des véhicules qui grimpent les rues …

En bas de la vallée, les quartiers riches et les administratifs et en haut, les quartiers pauvres et populaires. La ville s’est développée dans une certaine anarchie, en témoigne les câbles électriques innombrables entre les maisons.
Imaginez du sommet de la vallée : des maisons en briques rouges (la notion de crépi n’existe pas) qui s’accrochent aux flancs de la montagne, des dizaines de tours (bureaux ou habitations) au centre de la vallée construites sans aucune cohérence urbanistique …

La Paz est entourée de pics enneigés de plus de 5 000 mètres, de pics abrupts, de lacs, un cadre fantastique pour les treks, balades …
C’est une capitale bruyante, polluée, sans cesse en mouvement et pourtant nous allons y passer un agréable et dense séjour (malgré la turista).
Le centre ville de La Paz n’est pas très étendu et se parcourt aisément à pied.
Par contre, il faut une heure de collectivo pour atteindre le quartier de San Miguel où résident les plus aisés : la ville s’étale en longueur.


Notre hôtel très central nous permet de visiter les principales curiosités de la ville :

- L’église San Francisco : elle est dotée d’un très beau (mais chargé) portail baroque.
La place en face de l’église est « la place de la Bastille » de La Paz, un lieu de rencontre, de manifestations…
Le 25 août, nous y verrons converger une manifestation de personnes âgées: c’est la fête des grand-pères et grand-mères en Bolivie.
Le défilé est calme jusqu’à l’église San Francisco, sans revendication, le simple plaisir d’être ensemble ! Pour nous c’est l’occasion rêvée de les photographier dans leurs habits traditionnels sans qu’ils tournent la tête !

- La place Murillo, place principale de La Paz où sont localisés le pouvoir politique (beau palais du gouvernement, qu’une fois n’est pas coutume, nous ne visiterons pas), religieux (la cathédrale assez quelconque) et financier (la banque centrale de Bolivie et autres banques). La place Murillo a beaucoup de charme.

- Le quartier colonial assez restreint : quelques beaux balcons espagnols mais beaucoup de maisons délabrées. Une seule rue a été restaurée dans sa totalité, la calle Jaén. Elle concentre à elle seule quatre des musées de la ville.

- Le marché de Las Brujas (près de notre hôtel), c’est le marché de la sorcellerie. Dans les étals, des squelettes d’animaux, des fœtus de lamas séchés, des potions magiques… et dans la rue, des « Yatiris » qui lisent l’avenir. Marché très touristique mais qui montre l’importance des arts divinatoires en Bolivie : la communauté indigène n’est pas convertie à la religion catholique.

- Le marché de Buenos Aires très étalé et que nous parcourons en plusieurs heures. C’est un marché à ciel ouvert très pratique car thématique : nous passons de la rue des pâtisseries à celle de la couture (laines, fils…), puis celle des vêtements, chaussures, puis lampes, puis carnaval… tout se vend ! La thématique par rue est très intéressante pour faire jouer la concurrence … par contre attention si vous avez oublié quelque chose dans vos courses, il vous faudra rebrousser chemin.

- La Vallée de la Luna : nous prenons un collectivo pour atteindre cette vallée située à 10 km au sud. Nous en profitons pour traverser le chic quartier de San Miguel et ses somptueuses maisons (certaines ont été payées par le trésor de guerre nazi) ainsi que son golf. Nous y prendrons un bon déjeuner en compagnie de deux lapins ! (Christophe retombe en enfance, époque où il avait eu deux lapins pendant tout un été)
La vallée de la Luna est un canyon quasi-urbain dont l’eau de pluie a érodé la terre en de multiples cheminées et pitons : beau mais pas inoubliable. En arrière plan, une belle chaîne de montagne dont l’emblématique pic du Diable, un pic en forme de dent.

Par manque de temps et d’énergie (merci la turista), nous ne visiterons pas de musées (dommages, les musées de la coca et des arts modernes nous tentaient bien).
Nous n’entrerons pas non plus dans la plus célèbre prison d’Amérique du sud, la prison de San-Pedro, sans matons (visite uniquement le dimanche).
Nous n’assisterons pas aux fameux matchs de catchs d’El Alto (que le dimanche également !).





Par contre, nous décidons de descendre en VTT la route de la mort !

Nous quittons La Paz le 26 août de bonne heure avec Clotilde et Florian (deux français rencontrés lors de notre séjour aux Îles Amantani et Taquile au Pérou) et nos vélos à double suspensions.
Direction le lieu dit Cumbre: un petit plateau balayé par le vent glacial à proximité d’un lac.
Le principe de notre défi: descendre en VTT la route asphaltée de Cumbre (à 4 800 mètres d’altitude) vers Cotapata puis poursuivre via la route (plutôt la piste) de la mort jusqu’à Yolosa à une altitude finale de 1 200 mètres.
4 heures de descente sur bitume et piste et un dénivelé total de 3 600 mètres ! un inventaire des écosystèmes boliviens : des sommets andins à la jungle amazonienne humide.

Nous enfilons nos combinaisons, nos protections genoux et coudes, nos casques, nos lunettes et bien entendu, nos vêtements chauds (il fait froid à cette altitude surtout à 50 km/h).
Christophe, pas très rassuré, teste la solidité de son vélo et la fiabilité du freinage.

Après avoir écouté les conseils de notre guide, nous partons.
La descente est grisante : le vélo prend vite de la vitesse mais se contrôle facilement grâce aux freins puissants. La route est semée d’embûches : travaux de chaussée, nids de poules, voitures et camions qui circulent …
Qu’importe ! nous avançons à bonne vitesse (50, 60 km/h). Christophe double tout le monde alors qu’il n’avait jamais fait de VTT et qu’il avait une certaine appréhension la nuit précédente !
Nous traversons une vallée magnifique : dommage qu’il soit difficile de s’arrêter pour une photo.

Nous arrivons à Cotapata, la fin de route asphaltée. Nous devons payer un droit d’entrée à la route de la mort de 25 bolivianos, il n’y a pas de petits profits …

La route de la mort (69km de longueur) relie La Paz à la ville de Coroico.
Elle a été surnommée ainsi à cause du nombre important de camions, voitures, bus qui plongent chaque année dans le ravin : 200 à 300 voyageurs se tuent chaque année sur cette route, soit un véhicule toutes les deux semaines.
90% des accidents ont lieu au niveau des virages en épingle à cheveux avec des précipices de plus de 600 mètres.
Nous verrons, lors de la descente, un grand nombre de croix chrétiennes au niveau des virages mais aussi le long de la chaussée.
Une grande croix noire indique le lieu où un bus a plongé dans le ravin en 1983, 100 personnes ont péri (320 personnes cette année là).

Une nouvelle route plus sûre a été construite récemment : la route de la mort n’est plus utilisée par les voitures, ou presque : nous croiserons un bus et un camion, sur une route à voie simple !

Avant de commencer la descente de la route de la mort, nous nous déshabillons : la température à 2 000 mètres n’est pas la même qu’à 4 800 mètres. La végétation aussi d’ailleurs : une jungle épaisse et humide qui contraste avec l’aridité de la vallée.
Début de la descente, moins rapide que précédemment : il faut éviter les grosses pierres de la piste, éviter de se rapprocher trop près du précipice à notre gauche.

Nous arrivons à un virage presqu´en épingle a cheveux, le précipice de plus de 600 mètres en contrebas est impressionnant. Plus loin, nous traversons une cascade qui arrose la route, gare à la glissade. Deux condors survolent un court instant la route.
La vallée est maintenant ensoleillée, une jungle épaisse recouvre tout.
C’est l’une des plus belles routes au monde : ce ruban de terre d’à peine 3 mètres de large serpente dans la forêt brumeuse et dense …

Heureusement que nos vélos ont de bonnes suspensions : il faut parfois lever les fesses en cas de trous ou de grosses pierres.

Deux heures de descente et nous arrivons déjà au terme de la route sans chute, sans casse.
Nous avons droit à une bonne douche et piscine pour nous ressourcer sous un soleil de plomb. Le retour en van se fera sur la nouvelle route moins spectaculaire.

Le soir même, nous quittons La Paz pour la ville de Potosi et ses festivités, 10 heures de bus de nuit et pour une fois, beaucoup de place pour les jambes de Stéphane ! Ils sont pas mal les bus boliviens !



22 août 2010

La Isla del Sol, joyau du lac Titicaca

Nous sommes entrés en Bolivie : nous avons maintenant une heure de décalage horaire en moins avec la France, soit 6h !
Aussitôt arrivés à Copacabana, nous cherchons et trouvons un hôtel : ce sera l’hôtel Mirador ; établissement moderne en béton sans aucun charme sans eau chaude sans WIFI mais avec une vue panoramique sur le lac Titicaca (nous sommes au 6ème et dernier étage…).

Copacabana, à ne pas confondre avec la ville du même nom au Brésil, est une petite cité balnéaire qui vit essentiellement du tourisme des îles.
Principal centre d’intérêt de la ville : la cathédrale baroque blanche avec carreaux de faïences, style typiquement espagnol.
La ville est agréable à vivre : il y règne une certaine nonchalance avec ses restaurants touristiques (plusieurs d’entre eux sont « cool » : décor végétal, musique zen…), sa promenade (malheureusement non entretenue) au bord du lac, ses commerces... Mais les prix sont également touristiques, 2 euros l’heure de connexion internet …

Nous partons le lendemain matin 8 h pour l’Île du soleil : 1h1/2 de bateau sur le lac calme. La balade est très agréable sur le toit du bateau : nous faisons la connaissance avec un groupe de trois allemands.
Nous accostons au sud de l’île, à Yumani alors que la plupart des passagers continueront vers le nord. Nous avons en effet décidé de faire le tour de l’île, soit 8h de marche, plutôt que de seulement marcher 4h du nord au sud (option plus raisonnable choisie par la plupart des touristes). Nous sommes en manque de treks et de beaux paysages.

Dès la descente du bateau, il nous faut payer une taxe : elle est paraît-il utilisée pour l’entretien des espaces publics de l’île. Il est vrai que l’île est relativement propre et c’est l’un des rares endroits où nous verrons dans chaque village le tri sélectif (3 poubelles colorées).
Nous découvrirons très vite que cette taxe correspond uniquement à l’extrême sud de l’île … nous devrons nous acquitter d’autres taxes pour le centre et le nord …
Lors de notre tour de l’île, nous rencontrons plusieurs de ces fonctionnaires zélés qui surgissent de nulle part pour réclamer la dîme. Ils sont frustrés de constater que « nos papiers » sont en règle … ils sont peut-être commissionnés aux taxes perçues !

Nous montons le bel « escalier des incas », escalier de pierre entouré d’eucalyptus, de fleurs, avec une cascade d’eau. Il était inutile de rajouter deux statues contemporaines d’incas qui dénaturent le paysage.
Parvenus au village de Yumani, nous cherchons, avec notre boussole, le gîte ayant l’emplacement idéal (orientation est) pour le lever du soleil du lendemain.
Nous le trouvons sur les hauteurs du village : une chambre sobre avec deux fenêtres et vue plongeante sur le lac et l’Île de la Lune (îlot rocheux au large de l’Île du soleil) et pour un prix dérisoire : 4 euros (record à battre, notre nuit la moins chère depuis le début du voyage). Ce sera aussi notre chambre la plus froide depuis le début du voyage ! (10° C d’après la montre de Christophe)

Vers 11 h, nous quittons notre chambre et commençons la balade vers le nord de l’île.
Le soleil est au zénith (ciel bleu toute la journée) mais la température est agréable (20°C), altitude oblige.
Nous avons choisi le sentier côtier est, non fréquenté par les touristes, afin de profiter au maximum du soleil matinal.
Bonne idée ! le sentier traverse des villages désertiques, de petites criques, des vallons où s’ébattent moutons, cochons …

Nous passons devant une école de 400 élèves ! Nous discutons avec un professeur : il nous affirme que le taux de natalité de l’île est plus élevé que la moyenne du pays. Il a lui-même 10 enfants de plusieurs femmes …
En face de l’école, une plage avec un ponton en bois, nous nous y allongeons, le paradis !
Plus nous avançons vers le nord, plus la végétation se raréfie : le paysage devient magnifique : un air de Provence (les calanques de Cassis sans les pins), l’eau du lac d’un bleu profond contraste avec la pierre blanche.

Et nous arrivons vers 14 h au village de Cha’llapampa, petit bourg au bord d’une plage.
Un bon repas à base de truite et nous poursuivons notre sentier vers le nord de l’île.
Après une petite grimpette, nous atteignons le sommet d’un col : vue splendide à 360° sur le lac, la côte rocheuse comme en Bretagne, les ruines incas (table de sacrifice, un labyrinthe).
Après une séance photo, nous marchons sur la crête en direction du sud de l’île, vers Yumani ; le sentier est superbe (trajet emprunté par les touristes qui ont choisi l’option 4h de marche).
L’Île du soleil est bien pour nous la plus belle des îles du lac Titicaca !

Vers 18 h, nous grimpons un petit sommet proche de Yumani afin de profiter du coucher du soleil. Il fait froid, la bise souffle sans discontinuer au sommet de la montagne mais le spectacle vaut le détour !

Le lever du soleil sera encore plus beau le lendemain matin vers 6h45 depuis notre chambre !
Avant d’apparaître, le soleil illumine d’une belle couleur orange les montagnes qui entourent le lac. Puis les premiers rayons de l’astre se reflètent sur le lac et l’Île de la lune au large … Beau spectacle !

Nous quittons l’Île du Soleil par le bateau de 10h30.
Nous déjeunons dans un restaurant pas très clean près du marché : erreur ! notre truite grillée avait un goût de poisson avarié. Une bouchée a suffit à Stéphane pour avoir une belle turista : elle se déclenchera à La Paz pendant deux jours.

Le trajet en bus vers La Paz est magnifique : la route serpente près des rives du lac : très beaux points de vue de notre bus.
Après une traversée du lac en bac et deux petites heures de route, nous atteignons La Paz en fin d’après–midi.

21 août 2010

Pérou : bilan et impressions


Au moment de quitter le Pérou après plusieurs semaines de voyage, voici le bilan de nos impressions concernant ce pays.

Nous avons aimé :

-    La Cordillère Blanche, le Machu Picchu et la vallée des incas, Arequipa et son ambiance, Ayacucho et ses traditions.
-    L’accueil et la disponibilité des péruviens notamment dans les régions touristiques.
-    La grande variété des paysages (magnifiques chaîne andine) comme en Equateur.


Nous avons moins aimé :

-    La côte nord du Pérou (Chiclayo, Piura)
-    Le bruit dans les villes ! L’utilisation à outrance du klaxon (cf. ci-dessus), les camions ou bus bruyants, les bateleurs qui hurlent, une réelle cacophonie.
-    La pollution en ville jusque dans les lieux les plus reculés (cf. ci-dessus).
-    La forte présence touristique dans le sud du Pérou notamment à Cuzco, Puno.


Et nous ?

Le Pérou étant un pays très riche en sites naturels et culturels, les cinq semaines sont passées très vite ! Notre planning était très dense : heureusement, les quelques jours de repos à Arequipa nous ont permis de recharger nos batteries. Le moral est bon.

Nos trois treks se sont bien passés : notre sensibilité vis-à-vis de l’altitude s’est atténuée avec une bonne préparation et… de bons matés au coca.

Hormis le problème de santé mineur de Stéphane et les pertes d’objets (casque hi-fi pour Stéphane, petits matériels pour Christophe), nous n’avons pas rencontré de difficultés majeures lors de notre séjour au Pérou.

Nous avons encore du mal à nous faire aux douches froides ou aux hôtels à la propreté douteuse.
Par contre, nous nous habituons aux voyages de nuit en bus : vive le duvet de la tête au pied !

Nous commençons donc notre séjour en Bolivie dans les meilleures conditions !


Nos observations concernant le Pérou.

Notre séjour de plus d’un mois au Pérou nous laisse une impression très positive de ce pays.
Comme en Equateur, les paysages y sont très variés : montagnes au centre (superbe Cordillère blanche), bords de mer arides (désert de Nazca), vallées plus au sud (magnifique vallée de incas) puis l’amazonie (que nous n’avons pas explorée) et le lac Titicaca.

Par rapport à l’Equateur, la richesse culturelle du Pérou est bien plus importante, témoignage des anciennes civilisations : Inca bien sûr mais aussi Chimo, Moche, Nazca ou plus récemment Espagnole.
D’où l’importance du tourisme, particulièrement au sud de Lima.
Les visiteurs sont majoritairement français ; nos compatriotes adeptes de tourisme culturel plutôt que de farniente à la plage, c’est réconfortant !

Comme en Equateur, nous avons été frappés par le dynamisme de la société péruvienne, une énergie qui manque en France …
Bien entendu, le Pérou est un pays en voie de développement, beaucoup de péruviens vivent pauvrement.
Le salaire moyen est faible. Patricia, l’infirmière de la clinique de Lima travaille 48 heures par semaine (soit 6 jours/7) pour un salaire de 900 soles (moins de 150 euros).

Mais ici, les gens se battent et chacun semble trouver sa place dans la société : beaucoup de petits métiers (cireurs de chaussures, vente de confiseries…) sont inconnus en Europe occidentale.

Contrairement à l’Equateur, la société de consommation est davantage développée au Pérou, signe que le niveau de vie y est plus élevé.
Par exemple, pas de supermarchés en Equateur, les grandes marques sont absentes (hormis bien sûr Coca).
Les chaînes d’hyper à capitaux péruviens Plaza Vea ou Metro n’ont rien à envier à Carrefour ou Auchan.

Par rapport aux société occidentales, les priorités des péruviens diffèrent : importance de la nourriture dans le budget familial, moindre importance du logement et des voyages (les péruviens quittent rarement leurs pays).
Le taux d’équipement en voitures est peu élevé et les voitures que nous avons vues sont en piteux état, bruyantes, très polluantes.
En cas de panne, les voitures sont réparées par le système D. L’ancienneté du parc automobile péruviens doit battre des records. Nous avons vu un 500 000 km au compteur d’un taxi !
Les péruviens se déplacent en taxi (omniprésents en ville) et en bus : les bus vont partout pour un prix modique.
Contrairement à l’Equateur, certains bus sont très confortables (Cama, Semi-cama, repas servi, oreiller et hôtesse en tailleur).
En ville, les maisons sont toutes construites de la même manière : une chape de béton, quatre piliers, une nouvelle chape, etc…
C’est d’autant moins esthétique que les maisons sont souvent inachevées (pas de peinture, crépi…) et non entretenues.
En campagne, les paysans utilisent des briques en terre séchées au soleil.

Les fonctions régaliennes de l’état semblent bien assurées.
La police est très présente, bien équipée (voitures récentes, armes neuves…) et très disponible pour les visiteurs.
Les écoles sont nombreuses, bien entretenues et l’éducation est une priorité du pays. Nous avons rencontré de nombreux écoliers en uniformes, comme à Cuba, l’influence du Che ?
Nous avons également vu des hôpitaux dans les villes visitées mais ceux-ci semblent peu performants (l’hygiène de certains centres de santé est déplorable, ex : Santa Theresa).
Les péruviens fréquentent les cliniques privées et l’accès à certains soins (de base chez nous) semble difficile : nous n’avons pas vu beaucoup de lunettes, encore moins d’appareils auditifs. De nombreux trentenaires portent des bagues aux dents …

Quelques remarques concernant la vie quotidienne au Pérou :
La conduite.
Les péruviens conduisent très nerveusement : accélération, freinage… et gare à la voiture qui ralentit ou s’arrête quelques secondes, cela klaxonne illico !
D’ailleurs, le klaxon est plus souvent utilisé par les taxis afin de démarcher le client que pour signaler un danger.
En ville et notamment au nord du Pérou, le vacarme des klaxons est assourdissant.
Le piéton doit être conscient qu’il n’est pas prioritaire lorsqu’il traverse la route : les voitures passent coûte que coûte !
Le port de la ceinture est rare. Les portes des véhicules en mauvais état peuvent s’ouvrir inopinément.

Le sport.
Les péruviens ne semblent pas très sportifs.
Il y a bien des stades (souvent en bon état) en ville pour les footballeurs mais ils sont déserts. En ville, peu de salles de remise en forme, peu de piscines…
De ce fait, le taux d’obésité des enfants péruviens est élevé, et ce, d’autant plus que les habitants sont petits.

L’alimentation.
Il faut dire que le régime alimentaire (qui lui s’est occidentalisé) favorise la prise de poids : les péruviens adorent le poulet braisé, avec des frites (patas) et des sauces (pour mieux digérer !).
Christophe ne gardera pas un souvenir impérissable de la cuisine péruvienne.
Peu originale (poulet, frites, riz sont les principaux aliments), grasse, pas ou peu de légumes et de fruits, pas de desserts…
Et comble pour Stéphane ! le chocolat noir en tablettes est introuvable !!! tout comme le chewing-gum…
Les marchés sont très importants au Pérou comme en Equateur. Ils permettent aux paysans de vendre leur production.
C’est également un lieu de rencontre : les multiples « bouis-bouis » étaient pris d’assaut lors des matchs de foot du Mondial.

Ecologie.
Comme dans bon nombre de pays en voie de développement, le respect de l’environnement n’est pas la priorité des péruviens. Les abords des villes et des routes (y compris dans certains sites protégés) sont jonchés de détritus et de bouteilles plastiques. Nous avons vu des péruviens jeter par la fenêtre du bus des emballages plastiques. En cas de contrôle antipollution, la majorité du parc auto partirait à la casse !
Les médias ne parlent pas de respect d’environnement. Le Pérou est au niveau de la France il y a quelques décennies.
Nous avons lu un article de presse intéressant dans lequel on explique que le Pérou espère pouvoir se comparer aux pays dit développés d’ici 10 ans.

Coût de la vie pour les visiteurs :
Le Pérou n’est pas un pays cher pour le touriste européen.
Une fois payé le prix du billet d’avion pour venir en Amérique latine, il peut vivre correctement avec un budget d’environ 25 € / jour / personne (à condition toutefois de faire attention).
Voici quelques exemples de prix :
Nuit d’hôtel : à partir de 30 soles , en moyenne 50 soles / 14 euros
Repas : avec menu hors resto touristique, 3 soles / 0,8 euro!
Bus : 8 h en économique, 50 soles / 14 euros
Taxi : 15 minutes de course pour 4 soles / 1,1 euro
Musée : entrée à 10 ou 15 soles / 2 à 4 euros
En terme de nourriture au supermarché, les prix sont environ 4 fois moins chers qu’en France.

En Equateur, les prix sont globalement plus élevés qu’au Pérou.
Ceci est lié à la dollarisation de l’économie équatorienne qui pousse les prix vers le haut sans possibilité de dévaluation de la monnaie.



FICHE D'IDENTITE DU PEROU

- Population : 29,5 millions d´habitants.
- Superficie : 1 285 220 km². Le 3eme plus grand pays d´amerique latine.
- Densité : 22 hab./km² (en France, 110 hab./km²).
- Capitale : Lima (8,1 millions d'habitants).
- Espérance de vie : 71 ans.
- Langues : espagnol (84%) et quechua (13%), aymara et 12 autres langues amazoniennes.
- Monnaie : nuevo sol (1 euro = 3,6 soles en 07/2010).
- Richesse : environ 38 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Le chômage atteint plus de 8 %.
- Régime : république constitutionnelle.
- Chef de l'État : Alan García Perez (social-démocrate), depuis le 28 juillet 2006.
- Religion : catholique (89 %).
- Sites inscrits au Patrimoine de l'Unesco : le sanctuaire historique de Machu Picchu (1983), la ville de Cuzco (1983), le parc national de Huascarán (1985), le site archéologique de Chavín (1985), la zone archéologique de Chan Chan (1986), le centre historique de Lima (1988 et 1991), les lignes et géoglyphes de Nazca (1994) et le centre historique de la ville d'Arequipa (2000)


Le pays est divisé en trois grandes zones, elles-mêmes divisées en 11 écorégions :
- la zone côtière le long du Pacifique. Elle regroupe la plupart des habitants dans de grandes villes comme Lima. La zone est humide l'hiver (brouillard) même s'il pleut très peu ( on parle de moins de 2 cm par an). Le paysage est désertique, entrecoupé de vallées fertiles autour de rivières qui descendent de la Sierra.
- la Sierra, zone montagneuse au milieu du pays. cette zone d'altitude moyenne de 3500 m est principalement composée de la Cordillère des Andes et des hauts plateaux vers la frontière avec la Bolivie (lac Titicaca). Le Nevado Huascarán, qui s'élève à 6 768 m dans la Cordillère Blanche, est le point culminant du pays.
- l'amazonie dont la ville principale, Iquitos, n'est accessible que par avion.

19 août 2010

Le lac Titicaca, ses îles, ses ruines incas

Puno est une grande ville de 180 000 habitants adossée à la montagne aux bords du lac Titicaca.
Hormis la belle cathédrale de la Plaza de Armas (au magnifique fronton), la ville ne présente que peu d’intérêt.
Cette ville touristique nous laisse une impression de dynamisme et de modernité, les habitants semblent mieux habillés, les bâtiments mieux entretenus …

Nous nous rendons à l’hôtel Duke Inn recommandé par notre hôtel d’Arequipa : bon choix ! L’hôtel est propre, eau chaude en permanence et wifi à volonté pour 30 soles.
Nous sommes reçus par Ricardo, professeur de sociologie en semaine et jovial hôtelier les soir et le week-end. Avec sa faconde, il nous donnera des tuyaux permettant l’organisation des excursions des prochains jours.
L’hôtel est situé sur les hauteurs de Puno, d’où une très belle vue de la ville de notre chambre mais il faut grimper plusieurs blocs de maison du centre ville pour y parvenir.
Puno est située à une altitude de 3 850 m : essoufflement maximum arrivé à l’hôtel !
D’ailleurs, une étude a montré que la cage thoracique des habitants était plus développée que la moyenne.

Nous passons l’après midi à déambuler dans cette ville agréable.
Nous nous rendons au port afin de préparer notre visite aux îles du lac. Nous voulons éviter les tours proposés par les agences (même si les tarifs sont très attractifs) et utiliser les bateaux « collectivos » afin de pouvoir faire notre propre programme de visite.
Nous nous rendrons compte par la suite que les « collectivos » font le même programme que les agences et ont même un guide !
Nous comptons visiter trois îles : les îles flottantes Uros, Amantani et Taquile.

Le lendemain matin, nous quittons notre hôtel en prenant, comme d’habitude, notre petit sac à dos avec le nécessaire pour une visite de 2 jours. Ricardo garde nos gros sacs à dos et notre carton de souvenirs achetés ces dernières semaines au Pérou (10kg !).
Bonne surprise : le bateau est confortable pour un collectivo.
Les passagers qui nous accompagnent sur les îles ont différentes nationalités : français bien sûr mais aussi espagnol, brésilien, belge.


Notre bateau quitte le port pour les îles flottantes d’Uros : 30 minutes de trajet au milieu des roseaux.

Quelques infos sur le mythique lac Titicaca dont la seule évocation du nom faisait rêver Stéphane durant son adolescence.
C’est le plus haut lac navigable au monde (3 810 m d’altitude) qui est né de la rencontre de plaques tectoniques (surélévation d’une lagune).
Le lac est au centre d’un grand bassin. Il est alimenté par plusieurs rivières mais une seule quitte le lac : le rio Desaguadero.
La profondeur du lac atteint jusqu’à 270 m côté péruvien.
Le lac est riche en truites (excellentes), en perches, en canards, en poules d’eau…
60% du lac est péruvien, 40% bolivien.

Certes, les îles Uros sont un lieu ultra touristique mais elles valent le déplacement.
C’est un lieu unique au monde et la vision de ces îles au soleil matinal est féerique: couleur jaune orangée de la paille omniprésente, couleur bleue sombre du lac, couleur verdâtre des montagnes environnantes.

Nous sommes accueillis sur une île par une communauté. Le scénario est bien rodé.
Un villageois nous explique l’ingénieux système de construction des îles flottantes : il s’agit de blocs de racines de roseaux avec de la terre fixées entre eux par des piliers d’eucalyptus.
Sur ce support, sont rajoutés des débris de roseaux puis les huttes rectangulaires, les huttes cylindriques, le « mirador »…
Construite en un an, une île d’une superficie de 50 m² a une durée de vie de 20-25 ans.
Après ces intéressantes explications, shopping !

Un habitant nous confie que les îles ouvertes aux visiteurs sont propres et bien entretenues ; les autres îles ont un confort plus sommaire et sont moins « travaillées » (toit des maisons en tôle et non pas en chaume, etc…). 2 000 habitants vivent sur une cinquantaine d’îles.
La plupart des hommes travaillent à Puno (chauffeur de taxi…) alors que les femmes restent sur les îles pour y recevoir les touristes.
Les enfants vont à l’école située sur une île proche.
Il est à noter que les habitants des îles Uros ne payent pas d’impôt. C’est un peu comme les employés des ONG à Genève au bord du lac Léman avec le niveau de vie en moins !

Entre les îles, nous observons de beaux bateaux en joncs à un ou deux étages : un air de Venise.

Après cette courte (mais suffisante) escale aux îles Uros, nous nous dirigeons vers l’île d’Amantani, située plus vers l’est : 3h30 de navigation sur un lac dont le gigantisme fait penser à une mer intérieure (nous ne voyons plus l’autre rivage).

A notre arrivée à Amantani vers 14 h, nous sommes accueillis par une famille qui nous hébergera jusqu’au lendemain matin.
C’est un système instauré sur l’île depuis plusieurs années : les visiteurs logent au sein de familles d’accueil et il y a une rotation des familles de manière à ce que chacune d’elles reçoivent le même nombre de visiteurs (en théorie seulement).

Disons le franchement, nous avons été déçu par l’accueil de notre famille.
En effet, dès le premier contact, la mère de famille se montre peu loquace, malgré tous les efforts déployés par Christophe pour engager la conversation (qui disons le excelle habituellement en la matière).
Son mari est plus bavard mais, malade à la jambe, il restera au lit une bonne partie de la journée. Quand aux quatre garçons de la famille, nous ne les avons que juste aperçus : les parents ne souhaitant apparemment pas de contact entre eux et nous.
Nous prendrons nos trois repas seuls …

Cette expérience est néanmoins intéressante car elle nous permet de connaître les conditions de vie de ces villageois modestes.
Pas d’eau courante (on se lave à l’eau du lac, eau qui est également bue), l’électricité est obtenue par énergie solaire mais juste suffisante pour l’éclairage de quelques pièces (dont notre chambre confortable), la cuisine est faite au four au bois.
L’alimentation est à base de pomme de terre (différentes variétés), riz et fromage. La viande (séchée) est exceptionnelle tout comme le poisson !
La pêche semble difficile autour d’Amantani du fait des courants marins, notre hôtesse utilisera une boîte de thon pour le repas de son fils …

La famille possède un mulet (que Christophe amènera avec quelques difficultés au bord du lac pour s’abreuver), trois poules, une vache ainsi que plusieurs moutons et brebis.

Nous montons en fin d’après-midi vers l’un des deux sommets de l’île, au niveau d’une ruine d’un temple inca dédié au dieu de la terre, « Pachamama ».
C’est un point de vue idéal sur le lac.
Le vent qui souffle fortement a évacué les nuages, le ciel est clair.
Entourés de dizaines de touristes, nous admirons un très beau coucher de soleil puis nous rentrons chez notre famille pour dîner.

Le lendemain, nous quittons Amantani le ventre chargé en pancakes (en fait seulement deux par personne mais cela est copieux comparé aux petits déjeuners habituels où se battent en duel deux petits pains par personne).
Nous arrivons à Taquile après une petite traversée d’une heure en bateau.

L’île de Taquile accueille les touristes de 10h à 14h. Ceux-ci marchent le long de l’île jusqu’au village central, pause shopping et restauration avant de reprendre le bateau pour Puno.
Taquile est moins sauvage qu’Amantani mais les paysages y sont plus beaux : un mélange d’Irlande et de paysage méditerranéen type sicilien.
Les couleurs du lac et des terrasses bordées d’eucalyptus sont superbes.

Avant notre déjeuner (bonne truite du lac), notre guide nous explique l’importance des vêtements portés par les habitants de Taquile.
Un homme avec un bonnet blanc/coloré dont le pompon est derrière la tête est célibataire. Lorsque le bonnet est tout coloré et le pompon est sur le côté, il est marié. Gare au vent qui ferait changer le pompon de place !
La femme mariée est habillée d’un châle noir avec des pompons de couleur aux quatre extrémités. La femme dont le cœur est encore à prendre est également vêtue du même voile noir avec des pompons de couleur légèrement plus petits et surtout elle l’utilise pour masquer en grande partie son visage. Le divorce n’existe pas à Taquile. Par contre, il existe une période probatoire de 3 ans de vie commune avant le mariage.

Ici, les villageois ne se serrent pas la main mais s’échangent des feuilles de coca. Il vaut mieux en avoir une bonne réserve dans ses poches lorsque l’on sort !

Les bénéfices générés par les restaurants et ventes d’objets sont redistribués équitablement à la communauté.
Pour le visiteur, il est plus cher de vivre à Taquile plutôt qu’Amantani. C’est pourquoi les agences ne proposent pas la nuit à Taquile dans leur tour de deux jours. Nous avions envisagé de rester une journée de plus sur Taquile et dormir à nouveau chez l’habitant mais nous y renonçons finalement.

Nous rentrons en cours d’après-midi à Puno, séquence bronzage sur le toit du bateau.

Dans les rues de Puno, Christophe rencontre un ex collègue de PricewaterhouseCoopers (Vincent Robillard pour les ex-PwC et PwC qui lisent ce blog), qu’il n’a pas vu depuis 10 ans. Ce dernier voyage pendant deux semaines au Pérou accompagné de deux amies. Il s’avère que l’une d’entre elles a rencontré Stéphane au mois de mai lors d’une visite de son entreprise. Que le monde est petit ! Rendez-vous est pris pour boire un verre à notre retour … dans un an !

En soirée, nous dînons avec deux français (Clotilde et Florian) et deux belges dans un bon restaurant touristique de Puno. Au menu, alpaga grillé et vin chilien.
Nous les avons rencontrés lors de nos deux jours sur les îles du lac Titicaca.
La soirée se terminera en danse dans un bar étrangement vide ce samedi soir.

Le lendemain, nous prenons le taxi pour visiter le site inca de Sillustani à 40km à l’ouest de Puno.
Là encore, les incas ont choisi un lieu magnifique : le site se trouve sur une presqu’île qui s’avance dans un lac. Sur la rive en face, nous voyons un énorme rocher au sommet étrangement plat.
Plusieurs tours en ruine couleur orangée, qui sont des monuments funéraires de 12 mètres de hauteur, dominent le lac d’un bleu intense.
Le panorama est magnifique sur le lac et le calme et sérénité de l’endroit incitent à la rêverie. D’autant plus que nous sommes seuls sur ce site, les touristes le visitent plutôt l’après-midi.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à une ferme, sorte d’hacienda entourée d’un mur de pierre.
Chaque ferme abrite une famille : celle que nous visitons compte 5 membres, les parents et leurs deux petits enfants, le frère du père qui s’appelle Miguel (avec lequel nous discuterons longuement).
Là encore, tout est fait pour le touriste (lamas avec pompons aux oreilles à l’entrée de la ferme, outils de la ferme bien rangés …).
Mais cette visite est plus intéressante que le séjour passé sur l’île d’Amantani. Les membres de la famille se nourrissent principalement de patates (plusieurs variétés), de quinoa, de riz. Nous goûtons la patate crue avec de l’argile : très bon !
Derrière la maison, la famille élève dans deux maisonnettes des cochons d’inde.
Pas d’eau courante ici mais il faut aller la chercher à un kilomètre de la ferme. Pas d’électricité également, les bougies sont de rigueur …

Miguel est un étudiant d’une vingtaine d’années. Il étudie l’anglais et le français et, plus tard, il souhaiterait voyager en Europe et notamment en France.
Il nous montre les outils en bois ou en fer permettant le travail de la terre.
Il est émerveillé par l’Iphone de Stéphane.

Nous aurions bien aimé rester plus longtemps avec cette famille, qui en une demi-heure, a été plus chaleureuse et instructive que notre famille d’accueil à Amantani. Christophe, toujours à l’affût de souvenirs artisanaux et typiques, a fait très fort. Au lieu d’acheter les souvenirs classiques proposés par la famille, il leur a demandé de lui vendre une sorte de croix en fer décorée de motifs colorées (incluant le soleil, la lune, l’homme, la femme, la maison …) perchée sur le toit de leur maison pour attirer la chance. La surprise passée, ils ont accepté et il a fallu commencer à négocier …

En début d’après-midi, nous quittons, en bus, le Pérou. La route qui nous conduit en Bolivie est très belle.
Cette fois-ci, nous sommes bien réveillés au moment de passer la frontière ! (Cf. le passage à deux reprises de la frontière Equateur-Pérou).
Les passeports sont tamponnés, les soles sont échangés en bolivaros (la monnaie bolivienne qu’il va nous falloir apprendre à connaître).

Nous arrivons à Copacabana une dizaine de minutes après avoir passé la frontière.

16 août 2010

Perdus dans le canyon de Colca

Situé à environ 200 km au nord d’Arequipa (soit 5h de bus), le canyon de Colca est le deuxième canyon le plus profond au monde. Cela tombe bien, nous prévoyons de descendre en bas mais aussi surtout de remonter, soit plus de 1 000 mètres de dénivelé !

Cette fois-ci, nous avons décidé d’organiser les deux jours de trek nous même sans recourir au service d’une agence (Cf. les treks de Santa Cruz et de Salkantay). Nous pourrons dormir dans un refuge/hôtel donc pas besoin de tente, mulet …

Départ d’Arequipa à 1 heure du mat afin d’arriver au petit matin au lieu dit « Cruz del Condor » aux abords du canyon : c’est un observatoire de condors.
Ces volatiles se lèvent tôt (8-9h) et profitent des courants d’air chaud de cet endroit.
Nous y arriverons vers 7 heures, avant les centaines de touristes qui sont passés par une agence, mais en même temps que deux fonctionnaires de la ville voisine de Chivay chargés de collecter la taxe d’entrée de 35 soles, on n’y échappera pas ! Les locaux, comme Juan qui nous accompagne, payent moitié prix !

En attendant les condors, nous observons le magnifique paysage devant nous.
Ce canyon est davantage une vallée encaissée et profonde qu’un large canyon.
Nous devinons, au fur et à mesure que le soleil se lève, le versant opposé du canyon et ses multiples terrasses (ce canyon est habité).
Les colibris s’alimentent aux fleurs blanches de cactus, l’endroit est calme… va-t-on s’endormir ?
Non, les condors arrivent ! le vol est majestueux avec les larges ailes dépliées. Paresseux, ils planent au dessus de nos têtes.
Noir avec une rayure blanche ou marron, les condors ont une petite tête !

Le temps de les voir et de les photographier (pas évident de cadrer un condor en mouvement) et nous repartons vers notre destination finale : le village de Cabanaconde, le bourg le plus reculé du canyon.

Sur les recommandations de français rencontrées précédemment (Audrey, Olivier et Marie pour ne pas les citer) et l’insistance de Stéphane (bienvenue avec du recul), nous avons choisi de faire le trajet du trek dans le sens opposé de celui des agences. Avantages : nous pourrons pleinement profiter de l’oasis et dormir chez l’habitant mais la remontée sera plus longue et plus difficile …

Nous mettons deux heures trente minutes pour descendre, en plein « cagnard », le canyon.
En bas, c’est l’oasis de Sangalle qui nous attend : imaginez une piscine d’eau avec cascades entourée d’arbres et de gazon, c’est l’Eden !
Nous y rencontrons un sympathique couple originaire de Caen avec lequel nous discutons vacances et voyages, les pieds dans l’eau.

Mais l’heure est venue de partir car le soleil se couche tôt dans le canyon.
Il nous faut rejoindre le village de San Juan de Chuccho à près de quatre heures de marche.
Le chemin monte … nous rêvons de piscine lors de cette difficile montée en pleine digestion et sous un soleil chaud.
Nous traversons le village désert de Malata et sa charmante petite église.
Arrivés à Cosnirhua vers 17 h, le soleil s’est couché.
Il nous reste encore une heure de sentier avant notre terminus.

Nous continuons la marche à la lampe frontale (celle de Stéphane car la lampe de Christophe a la fâcheuse tendance à se mettre en marche dans le sac, donc piles HS) et la lampe dynamo (celle de Christophe). Quant à Juan, vraisemblablement peu habitué à ce genre d’expédition, il n’en a tout simplement pas !
En pleine nuit, nous n’avons plus de notion d’espace et malgré notre vitesse de marche qui s’est réduite, nous perdons le sentier !

Perdus dans la forêt sombre, pas de panique ! il faut rester groupés et avancer vers une direction que l’on suppose être la bonne.
Une quinzaine de minutes plus tard, Christophe et son ouie fine entend l’aboiement d’un chien en contrebas : c’est une ferme isolée.
Nous trouvons péniblement le chemin d’accès et nous sommes accueillis par des chiens bien nerveux dont les yeux brillent dans la pénombre.

Après un moment d’amusement, le fermier nous accompagne gentiment au village proche de son domicile et nous arrivons enfin chez notre hôtesse Gloria pour l’heure de la soupe à 19h30 !


Le lendemain à 6 h du mat, nous commençons la remontée vers Cabanaconde.
Une bonne grimpette que nous ferons en moins de 3 h (durée normale : 4 h selon les guides et agences) le paysage est magnifique.

Nous courons et nous attrapons in extremis le bus pour la ville de Chivay.
Intérêts de Chivay : ses restaurants touristiques (buffet à volonté pour un prix bien négocié par Stéphane) et ses bains chauds (38°C): idéal pour reposer ses jambes.
Parmi les cinq piscines, l’employé d’accueil nous avoue gêné que deux d’entre elles sont réservées aux locaux, les autres, pour les touristes ! Quant à Juan, il se fait passer pour notre guide et ne paye pas l’entrée !

La route de retour vers Arequipa est magnifique.
Nous traversons une pampa désertique où paissent troupeaux de lamas et d’alpagas.

Après un séjour de plus d’une semaine, nous quittons à regret Arequipa, ville importante mais à taille humaine. Nous disons au revoir à notre ami péruvien Juan qui a passé les trois derniers jours avec nous. Avec le recul, nous ne savons pas s’il a apprécié la randonnée. Il doit penser qu’ils sont fous ces français !

Nous nous dirigeons maintenant vers les bords du lac Titicaca, à Puno.

10 août 2010

Fiesta à Arequipa

Nous voilà à Arequipa, deuxième ville du Pérou par le nombre d’habitants.
Très belle ville mais très touristique aussi et c’est la pleine saison du tourisme …
Un peu comme à Londres, on croise des français à tous les coins de rue …
Une ville en expansion : construction de nouveaux bâtiments, réfection des rues …

Il faut traverser un beau désert rocailleux avant d’arriver à Arequipa. Cela dit nous avons voyagé principalement de nuit, ce fut donc plutôt un aperçu ;-)
De la ville, nous pouvons observer le superbe volcan Misti qui culmine à plus de 5 800 mètres.
Il est aussi majestueux que le volcan Cotopaxi en Equateur … sans la neige … suite au réchauffement climatique, le sommet n’est enneigé uniquement qu'à certaines périodes de l’année.

Nous resterons à Arequipa une semaine, temps nécessaire pour se reposer, nous permettre de réactualiser le blog, de répondre aux mails mais aussi de visiter et d’assister à la fête de la ville, hasard inespéré du calendrier …

L’hôtel Santa Catalina est idéalement placé dans le centre historique et à proximité de commerces, internet… Seul inconvénient, il est bruyant malgré le double vitrage.

Du point de vue pratique, nous reconstituons nos réserves en cash auprès d’une agence HSBC, notre banque au cœur d’Arequipa (retraits DAB sans frais).
Mais aussi des supermarchés pour le ravitaillement en céréales pour Christophe et pains pour Stéphane ; nous pouvons cuisiner à l’hôtel !
Prendre le petit déjeuner (copieux et varié) au niveau de la terrasse de l’hôtel, vue étendue sur la ville et plein soleil, quel plaisir !


La ville est très étendue mais les principaux points d’intérêts sont proches, la marche à pied est idéale ici.
Au centre de la ville, la traditionnelle Plaza de Armas.
C’est une large et belle place, les bâtiments ont tous deux arcades l’une sur l’autre : très élégant.
Par contre, le style néo classique de la cathédrale voisine, notamment à l’intérieur du bâtiment, n’a rien d’extraordinaire.

En se baladant, nous observons de nombreux beaux bâtiments en pierre volcanique blanc/gris., la « marque » d’Arequipa. Ces bâtiments abritent les agences bancaires toutes plus grandes les unes que les autres.
La succursale de « Banca de la Nacion » est un gigantesque bâtiment (aussi grand qu’une gare) gris extérieurement (porche superbement sculpté) et blanc intérieurement.
Au Pérou, les agences bancaires sont les plus beaux des bâtiments commerciaux : fort bien entretenus ou neufs, les banques ne sont pas pauvres !

Bien entendu, la ville est largement pourvu en patios et en balcons héritage de la colonisation espagnole. Par exemple, le superbe bâtiment de l’Alliance Française, une superbe demeure proche du centre.

Comme tous les touristes, nous décidons de visiter le Monastère Santa Catalina, attraction principale de la ville.
Nous sommes sous le charme de ce lieu exceptionnel par sa beauté, son originalité, sa richesse.

Ce monastère a été fondé vers 1580. Il a abrité plus de 450 religieuses coupées du monde extérieur par un grillage en bois et un tourniquet bois (similaire à ceux utilisés par notre Poste pour l’envoi des colis). Aujourd’hui encore, 30 religieuses vivent à l’écart du monastère. Conçu par et pour des femmes !
C’est une ville dans la ville avec ses rues, ses places, ses trois cloîtres et multiples petites maisons ou cellules, lieux de résidence des religieuses. Il y a aussi une cuisine centrale, une petite piscine, des potagers et un cimetière.
Un labyrinthe où il est bon se perdre entre les courettes, la place et sa fontaine, jardins… Le lieu est calme et serein malgré l’affluence touristique.


Le monastère est très intéressant du point de vue de son architecture : extérieurement, les bâtiments ressemblent aux maisons en torchis des déserts d’Afrique du Nord : maisons basses sans toits pentus. L’entrée massive a une allure de forteresse.
Le système d’arcades permettant le maintien de certaines maisons est largement utilisé tout comme les techniques du toit en voûte ou de patios étagés… L’ensemble a du caractère et de l’organisation : l’influence féminine…
Stéphane (tout comme les nombreux étudiants en architecture présents au moment de notre visite) se régale !

L’originalité des bâtiments réside également dans l’utilisation des couleurs ocre (ou terre cuite) et bleu Klein : au soleil, ces couleurs illuminent cloîtres et murs des bâtiments, belle harmonie !
Le monastère se visite aussi de nuit : éclairé aux bougies, le bâtiment doit être magnifique ! Nous n’aurons malheureusement pas l’occasion de le visiter à la nuit tombée.

Plusieurs cellules se visitent : les cellules des novices pendant l’année d’apprentissage, les cellules des religieuses plus ou moins élevées du point de vue hiérarchique.
Les cellules sont en général constituées d’une ou de deux pièces avec un mobilier très strict, un autel plus ou moins décoré pour les prières ainsi que d’une cuisine aux murs noircis par la fumée : nous y voyons four en argile, pierre filtrante (filtration de l’eau), tambour rainuré (ancêtre de nos machines à laver le linge), balances… Chaque religieuse se faisait sa petite popote, déjeunait au niveau du jardinet proche, la belle vie !

Nous admirons une collection de pots de chambre et le siège prévu pour. Mais aussi, l’infirmerie et ses multiples onguents en flacons.
Incroyable, nous voyons dans une cellule une sorte de ceinture métallique, comme du fil barbelé ainsi qu’un martinet : utilisé pour faire pénitence !
Une autre cellule abrite les cœurs de plusieurs évêques dans des bocaux ; ils devaient entretenir de bonnes relations avec les sœurs !

A l’extérieur, un système pertinent de demi jarres alimentées en eau par des rigoles et utilisées comme lavoir.
Très beaux cloîtres de différentes couleurs et pourvus de belles fresques.
Vous l’aurez compris à notre enthousiasme, une visite que nous ne sommes pas prêt d’oublier ! C’est le plus beau couvent de tous ceux rencontrés depuis le début de notre voyage et Christophe les a quasi tous visités !

Autre centre d’intérêt d’Arequipa : le musée des sanctuaires andins.
Il abrite la momie « Juanita », découverte au volcan Ampato en 1995. Cette fille de 14 ans, a passé plusieurs centaines d’années dans les glaces avant d’être victime du réchauffement suite à une éruption volcanique … Heureusement, elle a été retrouvée par hasard par une expédition environ deux semaines après l’éruption, d’où un corps remarquablement bien conservé.
Juanita a été offerte aux dieux par les incas lors d’un rituel religieux. A cette époque, les plus beaux garçons et belles filles de la noblesse étaient sélectionnés dès leur plus jeune âge pour être offerts vers leur adolescence aux dieux afin de les apaiser et prévenir les catastrophes naturelles. Juanita vivait à Cuzco et a parcouru plus de 600 kilomètres de procession jusqu’au sommet de la montagne avant de rejoindre le dieu de la terre « Pachamama ». C’était un honneur pour elle. Beaucoup de jeunes filles auraient sans doute voulu être à sa place. N’oublions pas que les incas croyaient à la réincarnation.
Dans les faits, elle est morte d’un coup de massue sur la tête et les ligaments de ses jambes ont été sectionnées afin d’avoir une position recroquevillée. Très cruels ces incas !




Nous avons la chance d’être présent à Arequipa au moment de la fête annuelle de la fondation de la ville par les espagnols (il y a 470 ans) : ces festivités mobilisent toute la ville, enfants, adolescents et adultes.

Le premier défilé, dit « parade du drapeau », débute le samedi matin.
Aucune chance de le manquer, il passe sous les fenêtres de notre hôtel !
Les élèves ou étudiants en uniforme de chaque école civile et militaire de la ville défilent au son d’une seule et même musique, l’hymne de la ville, sous le regard fier de leurs parents.
Chaque école compte ses portes drapeaux, sa fanfare et son bataillon marchant à la cadence de la musique.
Les jeunes garçons et filles paraissent mal à l’aise dans leurs uniformes.
Il est à noter que la plupart des écoles sont non mixtes.
Lors de cette parade quasi militaire, nous verrons un gamin de 5 ans défiler pour son école.

Stéphane préfèrera le défilé du samedi après-midi, dit «traditionnel ».
Il s’agit cette fois des habitants d’Arequipa, enfants, adolescents et adultes, qui défilent vêtus en costumes traditionnels colorés.
La musique est entraînante : l’hymne de la ville donne de l’énergie aux danseurs.
Les chars représentent les travaux de la ferme : le travail de la pomme de terre, du maïs, l’élevage… avec des bœufs, moutons, chevaux.
L’ambiance est populaire, fraîche et joyeuse : le public est invité à danser, nous participerons à une danse endiablée entourée de jeunes femmes.
Les gamins s’amusent beaucoup et nous avec eux. Ils adorent se faire prendre en photo … nous sommes loin de Cuzco où il faut payer pour prendre des photos !

Au niveau d’une rue qui jouxte la rue principale, trois troupes d’enfants s’entraînent pour le défilé du lendemain : les groupes se croisent et se recroisent selon une chorégraphie plutôt inventive ; Les gamins sont en tenue de ville, ils dansent, crient…
En arrière plan de ce quartier populaire, des graffittis. L’ensemble fait penser à « West Side Story ». Nous essayerons de les retrouver lors du défilé du lendemain … pas facile sachant que nous n’avons aucune idée comment ils seront habillés !

En soirée, nous écoutons un groupe de chanteurs qui dansent à la Cubaine devant un public conquis. L’alcool coule à flot et nous partageons une bouteille avec des jeunes arequipiens. A minuit, c’est le délire : Viva Arequipa ! et feux d’artifices.

Dimanche, de 10h jusqu’à tard en soirée, des chars vont défiler jusqu’à la Plaza de Armas. Spectacle inégal : certains chars et costumes sont beaux à voir ; d’autres sont des podiums publicitaires pour Coca ou Inka Cola ou autres marques.
Cette manifestation attire énormément de monde et les touristes sont étonnamment « noyés » par l’affluence des locaux.
Pour avoir une chance de voir le défilé, il faut louer l’un des nombreux sièges installés sur les trottoirs : 15 soles …
Evidemment, très confiants en nous, nous refusons cette option. Il nous faudra changer
4 fois d’emplacements tout en étant toujours très loin, endurer le bruit, le soleil, les bousculades …
Finalement, au bout de deux heures, nous parviendrons à squatter gratuitement un rebord de trottoir … nous sommes en quelque sorte « aux premières loges » … nous y resterons jusqu’à la tombée de la nuit sans toutefois pouvoir assister à la fin. Le défilé a commencé vers 10h pour se terminer vers 21h regroupant des milliers de personnes de tout le Pérou et des pays environnants.

Ce dimanche de fête, nous avons revu Juan, le péruvien rencontré à Nazca, en visite chez son oncle. De fil en aiguille, il va nous accompagner dans notre prochaine étape, à savoir une randonnée de deux jours dans le canyon de Colca.

9 août 2010

Nazca ou le tourisme des lignes

Habitués au bus économico (premier prix), nous décidons de tester le semi cama (=semi-lit) sur le trajet de 12 heures entre Cuzco et Nazca : le siège s’incline davantage que d’habitude.
Franchement, la différence n’est pas flagrante (le bas du siège incliné vers le sol à tendance à nous pousser vers l’avant lorsque le bus freine) mais le prix lui est bien plus élevé !

Et comme la route est montagneuse, nous avons été de nouveau secoués au rythme des virages, nuit courte…
Néanmoins, nous avons trouvé un truc pour mieux dormir dans le bus : dormir dans son duvet ! plus froid au pied, ni à la tête et les affaires perso (passeport, portefeuille…) sont protégées

La région de Nazca est désertique : succession de montagnes de pierres arides comme si la mer s’était retirée précipitamment des lieux.

Nazca est une sorte de ville dortoir qui s’est développée grâce au tourisme « des lignes ».
Aussitôt arrivés, nous nous rendons à l’aéroport local. Dans l’aérogare, plusieurs compagnies aériennes … Stéphane y voit une occasion de faire jouer la concurrence afin de baisser les prix…

L’objectif est de pouvoir visualiser au mieux les lignes de Nazca : nous choisissons donc un avion quatre places sans barre (celle qui soutient les ailes et qui limite le champ de vision). Un Turbo Centurion II pour les experts, un avion pas tout neuf (usure des sièges et de l’habitacle).

Les prix sont similaires d’une compagnie à l’autre, pas de négociation possible. Stéphane est déçu. De plus, en moins de deux ans (date de notre version du guide de routard scanné), les prix ont doublé : de 40 à 80 dollars.
Suite à un accident d’avion l’année dernière, les autorités ont imposé la présence d’un copilote à côté du pilote, donc un siège passager en moins … mais cet argument ne justifie pas toute l’augmentation !

Après deux heures d’attente, nous décollons enfin.
L’appréhension de Christophe fait rapidement place à l’émerveillement : les figures se succèdent les unes après les autres. Le pilote fait quelques virages serrés afin de se rapprocher des lignes.

Nous verrons 12 figures évoquant des poissons, des oiseaux, des animaux, des plantes de l’Amazonie, des Andes et des côtes …
Le Colibri est superbe. Le singe également. Pas facile de photographier ces lignes même en zoomant : les photos ont le gris des rochers sans pouvoir distinguer la forme des lignes.
Dommage que nous ne puissions pas nous rapprocher davantage du sol, sans doute pour des raisons de sécurité…
Nous partageons l’avion avec Juan, un péruvien très sympa, sans doute un des rares locaux à avoir survolé les lignes ce jour là …Juan, originaire de Lima, a pris quelques jours de vacances pour découvrir son pays et visiter des membres de sa famille. Il doit se rendre à Arequipa, le week-end prochain pour les fêtes, nous échangeons nos mails pour essayer de le revoir.

La demi-heure de vol passe vite et déjà nous retournons à l’aéroport.
Atterrissage réussi, séance photo avec l’avion en arrière plan puis nous quittons la piste les images pleins la tête.

En fin d’après-midi, nous nous rendons chez Viktoria Nikitzki, ancienne collaboratrice de Maria Reiche (mathématicienne et institutrice allemande qui a consacré sa vie à l’étude des lignes de Nazca).
Viktoria, femme, de forte personnalité, nous explique la signification des lignes lors d’une conférence aussi passionnante que complexe.
Les dix-huit dessins d’animaux et les lignes géométriques ont été dessinés par la civilisation de Nazca entre l’an 300 et 900 dans l’objectif de suivre les saisons (solstices et équinoxes) et de maîtriser la notion du temps. Il s’agit en fait d’un gigantesque calendrier astronomique.

Viktoria (ici à gauche)

Les lignes géométriques permettaient aussi de mettre en évidence les nappes d’eau souterraines détectées par les anciens avec leurs instruments sensibles aux champs magnétiques.
D’ailleurs, Nazca compte également une série de 28 aqueducs circulaires, dits « Acueductos de Cantalloc », qui permettaient de recueillir non pas l’eau de pluie (puisque nous sommes au milieu d’une zone désertique) mais l’eau des nappes souterraines.

6 août 2010

La vallée sacrée des incas


C’est l’un des plus beaux endroits du Pérou : le berceau de la civilisation inca dont la capitale était Cuzco.
Nous décidons de consacrer trois jours à la visite de cette région.

Au cours de la première journée, nous restons à proximité de Cuzco ; après le trek de Salkantay et l’ascension du Machu et Wayna Picchu, les jambes sont fatiguées !
Mais trouver le bon collectivo à destination du nord de Cuzco, quelle galère !

Situés au flanc d’une colline, les bains de Tambomachay constitués de trois terrasses sont en très bon état. Ici encore, les incas ont utilisé la technique de la pierre meulée si typique de leurs constructions. Une autre caractéristique de l’architecture inca est l’inclinaison des murs vers l’intérieur.

Nous sommes également impressionnés par le site de Sacsayhuaman à quelques centaines de mètres de Cuzco. Il s’agit d’une forteresse inca, possédant trois niveaux de bastions en forme de zig-zag, le premier réunissant les plus gros blocs de pierre. Ces énormes roches, pouvant atteindre 70 tonnes, sont parfaitement ajustées sans utiliser de mortier de boue … et comment ont-elles pu être transportées jusqu’à ce lieu, au sommet de la colline ? Ils sont forts ces incas !

Le soleil couchant illumine et colore cette muraille, superbes couleurs orangées !

Les sites de Qenqo et Puka Pukara nous laissent plus indifférents.

Au cours de la deuxième journée, nous quittons Cuzco et nous remontons la rivière Urubamba jusqu’au village de Chinchero.
C’est un petit village aux petites ruelles calmes, aux maisons blanches ensoleillées et bien entendu aux traditionnelles terrasses incas.
La vieille église blanche, rongée par l’humidité, donne une impression de western spaghetti à l’ensemble. Les couleurs sont magnifiques, Stéphane se régale en photos.

Nous partageons ensuite un taxi avec une étudiante belge.
Nous traversons des plaines magnifiques : champs de blés dorés et en arrière plan les montagnes andines enneigées, animaux de la ferme en liberté, très dépaysant.

Nous faisons une halte au site de Moray : champs en terrasses circulaires incas du plus bel effet au sommet de la colline. Il s’agit de quatre niveaux circulaires concentriques du bas vers le haut. Ils servirent à modifier les variétés de produits agricoles locaux et à les rendre plus résistants au climat.

Notre taxi nous emmène ensuite aux salines de Maras, le clou de la journée.
Au détour de la colline, nous apercevons les quelques 4000 bassins blanchis par le sel, un spectacle époustouflant : nuances de blancs, beiges, marrons...
Les salines sont une source de revenus majeure pour les habitants de la ville de Maras proche. Chaque famille possède un ou plusieurs bassins (transmission par héritage).
Une rivière salée (curiosité naturelle) se déverse dans les multiples bassins du site. Il faut environ deux semaines en saison sèche pour obtenir du sel.
Le travail au niveau des bassins est difficile : port de sacs de 50kg, pas de protections aux mains ni aux yeux (la luminosité est très forte).
Ce site vaut vraiment le détour même s’il ne s’agit pas d’un héritage inca !
En fin de journée, la visite de la forteresse d’Ollantaytambo ne nous laissera pas un grand souvenir.
Nous sommes sans doute trop fatigués après toutes les visites de la journée. Et dire que certaines agences proposent de faire en un jour ce que nous réalisons difficilement en trois jours !

Nous sommes chaleureusement accueillis dans un hôtel au centre de Pisac. Le propriétaire épicurien a beaucoup d’humour … nous apprenons la signification du mot … es una broma … c’est une blague ! Malheureusement la propreté n’est pas au rendez-vous : cheveux aux draps et oreillers, douches encrassées ...

Une fois n’est pas coutume, nous nous levons tôt le lendemain (nous quittons l’hôtel à 7h1/2 !) afin de visiter les ruines de Pisac. Le site se mérite : la grimpette dure plus d’une heure, que de marches d’escaliers au milieu de terrasses incas à perte de vue !
Stéphane n’est pas un fan des pierres, mais celles-ci valent vraiment le détour…
Au sommet d’une montagne, nous observons le superbe centre de cérémonie inca, l’Intiwatana (lieu d’adoration consacré au soleil) et en arrière plan les montagnes environnantes, les pierres des murs ont des couleurs magnifiques.
Nous avons les ruines pour nous tous seuls ! Les cars de touristes déferleront plus tard.

Ces ruines s’étirent sur plusieurs centaines de mètres, avec de fabuleux points de vue sur la vallée. Les incas ont construit ce site en parfaite harmonie avec la montagne : maisons perchées sur des rochers, successions de terrasses…

Nous quittons les ruines juste à temps pour assister à la sortie de la messe dominicale. Stéphane à pied et Christophe en taxi local.
Nous espérons y voir des villageois en costumes traditionnels venus écouter la messe en langue quechua. A la sortie de la petite église, nous verrons plus de touristes que d’habitants.
Il y a bien des adultes et enfants en costumes traditionnels colorés, mais il faut payer pour les photographier. Cette nouvelle forme de commerce a explosé dans cette région : photographie contre monnaie.

Il n’y a qu’au marché des fruits et légumes de Pisac que nous pourrons photographier librement les femmes en robes colorées avec leurs enfants au dos.
Le marché de Pisac est très étendu : la place centrale bien sûr mais aussi plusieurs rues adjacentes (nous avions assisté au montage des stands la nuit dernière).
Mais finalement, les stands se ressemblent tous : ils vendent les mêmes articles de souvenirs, majoritairement manufacturés.
Malgré tout, Christophe achètera une crèche en pierre sculptée, des figurines en bronze, un calendrier inca sur pierre et Stéphane, une flûte calebasse en céramique.

Après cette belle journée bien remplie, nous rentrons à Cuzco et nous attrapons un bus de nuit (ils nous manquaient) à destination de Nazca.

1 août 2010

Le trek de Salkantay jusqu’au Machu Picchu

Le Chemin de l’Inca permet de se rendre au Machu Picchu en traversant d’anciens villages incas, cols de montagne… En haute saison, il faut réserver plus de 6 mois à l’avance, ce que nous n’avions pas fait.
A défaut de Chemin de l’Inca, nous prévoyons alors de prendre le train, la ligne la plus chère au kilomètre au monde.
Et voilà que nous rencontrons, au détour d’une ruelle de Cuzco, Marie et Olivier, deux français avec lesquels nous avions fait une partie du trek de la Cordillère Blanche.

Ils nous persuadent de participer au trek de Salkantay : il s’agit d’une voie alternative au Chemin de l’Inca permettant de rejoindre le Machu Picchu en quatre jours de marche dans la montagne. Organisé par une agence au prix attractif de 190 dollars tout compris (accès au Machu Picchu, train de retour…).
Départ dès le lendemain à… 4 heures du matin, la nuit va être courte !



LE TREK DE SALKANTAY débute au niveau du village de Mollepata à quelques kilomètres de Cuzco. Notre groupe est constitué de 16 marcheurs de différentes nationalités : Suisse, Français, Espagnol, Brésilien et Israélien.
La première journée consiste en une randonnée plaisante, montée progressive vers la vallée du pic de Salkantay.
L’organisation du trek est bonne : repas chaud midi et soir, c’est mieux que les sandwichs du midi lors du trek dans la Cordillère Blanche !
Comme par hasard, notre convoi s’arrête plusieurs fois dans la journée, à l’initiative de nos guides, au niveau de boutiques de vente de sodas et autres confiseries, ce sont des pauses shopping !

Nous campons près du pic de Salkantay superbe montagne de 6 300 mètres. La nuit est très froide malgré nos deux duvets (nous en avons loué un supplémentaire chacun suite à notre expérience dans la Cordillère Blanche) et nos vêtements polaires.

Au cours de la deuxième journée, nous grimperons vers le col de Salkantay situé à 4 700 mètres d’altitude. Cette grimpette se fera sans difficulté : nos organismes sont davantage habitués à l’altitude et nous avons eu droit, au réveil, à un maté de coca très corsé…

Nous traversons de beaux paysages de montagne jusqu’au col un peu décevant car pas de perspectives comme c’était le cas à la Cordillère Blanche.
Après le col, descente dans la vallée et changement radical de végétation : nous passons d’une végétation aride de montagne à la jungle.
Nous rencontrons avant le déjeuner un troupeau d’Alpagas.

Nous marchons dans la jungle au cours de la troisième journée en suivant un cours d’eau jusqu’à Santa Theresa. Nous passons l’après-midi dans cette bourgade dont le développement exponentiel (route en cours de bétonnage) est lié à l’afflux croissant de touristes vers le Machu Picchu voisin.

Lors de la quatrième journée, nous suivons de nouveau le cours d’eau en marchant sur une route très poussiéreuse pendant trois heures.
Nous atteignons le lieu dit Hydro en milieu de journée, c’est l’entrée du domaine du Machu Picchu.
Nous suivons, à pied, la voie de chemin de fer en traversant des paysages vierges d’habitation, protection du site oblige.
Ce chemin de trois heures est fascinant car les poteaux sans câbles électriques et la voie de chemin de fer sans train donnent une impression de bout du monde, impression renforcée à l’arrivée à Agua-Caliente, ville encaissée dans la vallée et que traverse la voie de chemin de fer.
Quel plaisir que de pouvoir prendre une bonne douche chaude après avoir enduré chaleur, poussière et moustiques…

Veillée d’armes avant l’ascension du Machu Picchu cette nuit …




LE MARATHON DU MACHA PICCHU
Quatre cents, c’est le nombre maximum de personnes par jour autorisées à accéder au Wayna Picchu (la montagne en arrière plan du Machu Picchu), restriction mise en place par les autorités péruviennes pour sa conservation depuis 2 ans.

Ce changement engendre des situations aussi rocambolesques que dangereuses :

Ledit « marathon » débute au milieu de la nuit devant le pont permettant l’accès au site du Machu Picchu ; la porte du pont est fermée par des gardiens.
Lorsque nous arrivons au pont vers 3 heures du matin, une quinzaine de personnes (dont beaucoup de français) étaient déjà présentes.
A 5 heures, heure d’ouverture de la porte, plus de 500 personnes sont massées derrière le pont, pressées d’en découdre.

L’ouverture de la porte ressemble à l’ouverture des portes d’un hypermarché le premier jour des soldes. Que le meilleur gagne !
La foule s’engouffre vers le pont, les gardiens sont débordés et ne peuvent plus contrôler les passeports, les gens poussent, se marchent les uns sur les autres pour passer, une cohue indescriptible.

Nous parvenons finalement à nous extraire de la foule et alors commence la course en pleine nuit sous une pluie fine, une montée de 35-45 minutes.
Imagée, c’est une chenille de lampes frontales qui monte vers le sommet.

Arrivés à l’entrée du site, nous obtenons le précieux sésame : un tampon sur le billet, le visa pour le Wayna Picchu. Christophe aura été rapide : il arrive 22ème au classement.

Avec du recul, cette course, c’est finalement un résumé de la compétition de la vie.
Face à une épreuve, plusieurs comportements sont possibles :
-    suivre le règlement : attendre derrière la porte et passer au fur et à mesure,
-    passer devant l’autre par tous les moyens : pousser, dépasser, écraser…
-    contourner le règlement : emprunter la passerelle pour les voitures plutôt que le pont pour piétons,
-    abandonner : ne pas participer à l’épreuve ou prendre le bus.


LE MACHU PICCHU
Le Machu Pichu reçoit chaque jour officiellement 2 500 visiteurs (limite imposée par l’Unesco) et officieusement beaucoup plus (3 700 visiteurs est le chiffre communiqué par un gardien le jour de notre visite) … mais tous ne se sont pas inscrits à ce que nous avons surnommé le « marathon du Machu Picchu » !

Le Machu Picchu fait partie des 7 « nouvelles » merveilles du monde (dont la liste a été établie en 2007 suite à un vote organisé par la New Seven Wonders Foundation, auquel ont participé plus de 100 millions de personnes) au même titre que : le Colisée de Rome, le Taj Mahal, la Grande Muraille de Chine, la cité troglodytique de Pétra en Jordanie, la cité Maya de Chichen Itza au Mexique et la statue du Christ rédempteur de Rio de Janeiro.

Aux premières heures de la matinée (le site ouvre à 6h), nous visitons, avec notre guide du trek Salkantay, le site sous un épais brouillard. Ceci ne nous permet pas d’en apprécier sa dimension, ni sa beauté.

Vers 10 heures, nous nous installons au niveau d’une colline à l’entrée du site et lorsque le ciel s’éclaircit, c’est l’enchantement …
Au premier plan, la cité : nombreuses maisons, une grande place, un observatoire, un lieu de culte et les multiples terrasses.
En arrière plan, le Wayna Picchu encore en partie recouvert de nuages, met davantage en valeur le site.
Et tout autour, de superbes vallées avec des montagnes boisées.
Les Incas savent choisir les beaux endroits !

La beauté du Machu Picchu tient pour beaucoup à son emplacement exceptionnel au sommet d’une montagne : ce qui permet de dominer la région et étonnamment de rester discret.
Le Machu Picchu a été officiellement découvert en 1911 par l’explorateur nord-américain Hiram Bingham. Machu Picchu ou « vieux sommet » n’est d’ailleurs pas le nom d’origine de la ville mais comme on l’ignore, elle porte le nom de la montagne.

Les bâtiments importants du site (lieux de culte, demeures des hautes personnalités…) ont des pierres parfaitement emboîtées les unes aux autres, sans mortier.
Chaque pierre a été meulée, une à une, afin de pouvoir s’emboîter. Les murs sont épais et penchés vers l’intérieur.
Les bâtiments, solides, ont résisté aux différents tremblements de terre.
Nous reconnaissons la forme caractéristique des fenêtres et des portes Incas : plus large en bas qu’en haut.

Après la séance photo traditionnelle avec le Machu Picchu, nous nous dirigeons vers le Wayna Picchu.
La grimpette jusqu’au sommet s’avère longue (plus de 45 minutes) et périlleuse (à certains endroits, c’est à quatre pattes que l’on avance) mais en haut, vue différente et superbe du site et des alentours.
Assis sur des rochers au sommet, nous ne nous lassons pas d’observer le paysage devant nous, une vue à 360° ; le vide est proche, il ne faut pas avoir le vertige !

Depuis le Wayna Picchu, la ville de Machu Picchu a pour certains la forme d’un condor avec les ailes étendues, le bec et la queue … ceci a suscité quelques débats entre nous (avec nos amis randonneurs français Marie et Olivier).

De retour au Machu Picchu en fin d’après midi, nous profitons une dernière fois du site redevenu calme car déserté par les touristes repartis en train.

Nous serons à Cuzco vers minuit après deux heures de train et une heure de bus. Quasi 24h debout mais cela valait le coup !

Au fait, si comme nous, vous vous demandez, quelles sont les 7 « anciennes » merveilles du monde (dont la liste a été établie par Hérodote et Callimaque de Cyrène av. JC): la grande Pyramide de Khéops, les Jardins suspendus de Babylone, la statue Chryséléphantine de Zeus olympien, le Temple d'Artémis, le Mausolée d'Halicarnasse, le Colosse de Rhodes et le Phare d'Alexandrie. Malheureusement seule la grande Pyramide de Gizeh a survécu jusqu'à nos jours.