18 janvier 2011

A la découverte des rituels bouddhistes version Thaïlandaise


Comme vous l’aurez compris, les temples bouddhistes sont aussi nombreux en Thaïlande et sûrement en Asie en général que les églises en Amérique du Sud. Dans les deux cas avec une ferveur qui n’existe plus dans nos pays développés.

Il nous a semblé intéressant de vous faire partager nos compréhensions issues de notre expérience des temples bouddhistes thaïlandais. Il s’agit d’un enseignement sur le tas puisque nous ne sommes pas en voyage organisé avec un guide. Nous ne garantissons pas une exactitude à 100% et certaines remarques sont à ranger au rayon des anecdotes.

Nos remarques s’appliquent au bouddhisme Theravada ou « Petit Véhicule » que l’on rencontre en Thaïlande mais aussi en Birmanie et au Cambodge.

Tout d’abord, on marche pieds nus dans l’enceinte d’un temple … on a bien dit pieds nus ! Christophe a essayé de garder ses chaussettes mais en vain. Le nombre de tongs à l’entrée est un bon indicateur de la fréquentation qui vous attend à l’intérieur ! Comme pour les valises sur le tapis roulant des bagages à l’aéroport, il est important de savoir repérer facilement ses chaussures. Et croyez nous, rien ne se ressemble plus que des centaines d’imitation de tongs « havaianas ». Les temples les plus fréquentés ont développé un système de casiers, plus ou moins gratuits suivants les lieux.

Les shorts/bermudas sont également interdits ! Si vous êtes pris au dépourvu, on vous prêtera un sur-pantalon ou une sorte de drap jupe, moyennant finance. Au vu de la chaleur ambiante, nous vous recommandons vivement les pantalons en 2 ou 3 parties qui peuvent se transformer en bermudas sitôt en dehors du temple.

Au fait, en thaïlandais, un temple se dit « Wat » (autant vous le dire dés le départ pour éviter quelques répétitions).

On accède au temple par des escaliers, plus ou moins monumentaux, qui sont gardés par des dragons.

Le Wat ne consiste pas en un seul édifice. Ce serait trop facile ! C’est un ensemble complexe de monuments religieux.

Tout d’abord, le Chédi ou Stupa, une tour-reliquaire contenant des reliques (cheveux, dents …) de Bouddha, d’un saint homme ou d’un personnage royal. Il est en forme de dôme ou de cloche surmonté d’un empilement de parasols en or. Il peut-être d’inspiration indienne, cambodgienne … Nous n’arrivons pas encore à toutes les différencier. Les reliques contenues dans le Chédi sont souvent à l’origine de la construction du Wat.

Le Bot, salle rectangulaire à nef unique avec des bas-côtés, réservée aux seuls religieux et où se pratiquent la psalmodie des textes, les ordinations. Elle est délimitée par huit bornes, plus ou moins hautes et ouvragées. C’est souvent ce qui nous permet à nous, simple badaud, de la différencier du Vihara.

Le Vihara, salle rectangulaire où moines et fidèles se réunissent pour écouter les sermons. Elle contient des images de Bouddha ainsi que les objets sacrés du temple.

Le Sala, sorte de grand hall dans lequel les moines se réunissent le matin et le soir pour la psalmodie des textes sacrés. On peut y circuler librement, parler, dormir, prendre ses repas …

Les toits des salles sont toujours en double pente parfois avec plusieurs niveaux. Ils sont ornés de « chofas » dorés aux extrémités des pignons. Ils représentent le plus souvent des serpents (« naga ») ou des oiseaux (« hamsas »).
La couleur des toits a aussi une signification. Elle n’est pas purement décorative. Les temples royaux comme celui du Grand Palais à Bangkok ont des toits bleus.


Une fois à l’intérieur des bâtiments vous serez littéralement cernés par Bouddha … en effet, il y a toujours un Bouddha version XXL au fond au centre (comme Jésus sur sa croix au niveau de l’autel dans les églises) mais il n’est jamais tout seul … levez la tête, tournez la tête à gauche, à droite, une image ou une statue de Bouddha n’est jamais loin !

Bouddha peut avoir quatre attitudes, ayant différentes symboliques :
-      Debout – Le pardon
-      Assis – La méditation
-      Couché – La mort et l’atteinte du Nirvana
-      Marchant – Très rare, innovation de l’école de Sukhothai (XIII-XVème siècle)
Non, nous ne sommes pas en train de « dresser » Bouddha.

Bouddha est toujours représenté jonché sur des fleurs de lotus qui symbolisent la pureté.

Bouddha est quasi toujours recouvert d’or. Si l’or n’est pas votre tasse de thé, mieux vaut vous abstenir.

Les visages de Bouddha ont évolué au cours du temps en fonction des influences. Les sourcils, le nez, la bouche, la rondeur du visage … évoluent mais Bouddha a toujours de grandes oreilles (pour mieux vous entendre mon enfant - non ça c’est le chaperon rouge, ne nous trompons pas d’histoire), symbole de la sagesse.

Comme si les statues de Bouddha ne suffisaient pas, on a aussi les statues « body gards » de Bouddha … à gauche l’intelligence et à droite le pouvoir … pour les non initiés, elles ressemblent à celles de Bouddha à s’y méprendre sauf qu’elles n’ont pas de bouton de lotus ou de flamme (symbole de force spirituelle) sur le sommet de la tête.

Les gestes de Bhoudda nous semblent innombrables et ont chacun des significations différentes. On en recense apparemment plus de 40.

Nous comprenons qu’à chaque jour de la semaine correspond un bouddha différent (attitude et geste). Voici une ébauche d’analyse encore incomplète.
-      Dimanche – Debout – Regardant au loin – Les mains croisées au niveau du nombril
-      Lundi – Debout ou En marche – La main droite levée, paume en avant – L’apaisement ou le pardon
-      Mardi – Couché – La mort et l’atteinte du Nirvana
-      Mercredi matin - ?
-      Mercredi soir – ?
-      Jeudi – Assis – Les deux mains reposent l’une sur l’autre, paumes vers le ciel, la main droite sur la main gauche – Les jambes sont pliées en tailleur dans la position du Lotus - La méditation
-      Vendredi – Debout – La contemplation
-      Samedi – Assis sous la protection de 5/7 serpents – La méditation

En fonction de leur jour de naissance, les thaïlandais prient des Bouddhas différents. Vous remarquerez que la semaine bouddhiste compte 8 jours, le mercredi étant toujours divisé en deux.

Il est à noter qu’à chaque jour de la semaine correspond aussi une couleur différente. Nous ignorons les correspondances, sauf pour le jaune qui correspond au lundi. Pour la petite histoire, le roi actuel Rama IX est né un lundi, c’est pourquoi le drapeau royal est jaune et la plupart de ses portraits omniprésents sont sur fond jaune !


Maintenant que vous êtes familiers avec les lieux, voici quelques rituels bouddhistes que nous avons réussi à identifier au fur et à mesure de nos visites.

Tout d’abord, devant les statues de Bouddha, on s’assoit et on prie en se prosternant. Ca ressemble un peu à la prière des musulmans. Christophe fatigué d’interminables visites de temples a voulu essayer pour se reposer mais il s’est vite fait remettre en place. Il n’avait pas assez observé la posture à adopter. Il convient de s’assoir sur les genoux car les pieds ne doivent en aucun cas faire face à bouddha ce qui est considéré comme une offense. Cette position s’avère pour nous très vite inconfortable.

Il est de bon ton de recouvrir bouddha d’une feuille d’or, surtout si on lui demande une faveur. Certains bouddhas deviennent méconnaissables croulant sous les couches d’or successives. Pour d’autres, on peut supposer que les moines prélèvent les feuilles d’or au fur et à mesure de leur besoin en trésorerie.
L’endroit où est déposée la feuille d’or n’est pas anodin. Il peut s’agir du front, du cœur, des genoux, des pieds … à chaque emplacement sa signification.

Dans certains temples, il existe des « arbres » avec des clochettes en bronze ou cuivre auxquelles sont suspendues des feuilles d’or en forme de feuille d’arbre de la Bodhi (ficus religiosa). On achète la clochette/feuille d’or, on inscrit son nom et son année de naissance, puis on la dépose auprès de Bouddha. Le lendemain, les clochettes/feuilles d’or sont déposées et remises en circulation … pas bête les moines !

Nous avons également assisté à la libération de petits oiseaux en cage. Il semblerait que leur rendre la liberté porte bonheur. Geste détourné de sa signification originelle puisque de nos jours les oiseaux sont élevés exprès pour perpétuer la coutume !

Enfin les processions … le plus impressionnant à voir. Les pratiquants font trois fois le tour du Chédi en marchant dans le sens des aiguilles d’une montre avec dans leurs mains : 3 bâtons d’encens (gentillesse, sagesse, ?), une bougie (philosophie) et une fleur le plus souvent de Lotus. Le premier tour par respect pour Bouddha, le deuxième par respect pour la philosophie bouddhiste et le troisième et dernier par respect pour les moines. Le chiffre 3 a beaucoup d’importance dans le bouddhisme. D’ailleurs, lorsqu’ils « sonnent » les gongs, c’est toujours par salves de 3 coups.



On a oublié de préciser que Bouddha est aussi une cash machine ! A la différence des touristes, les locaux ne payent peut-être pas l’entrée mais les donations sont fortement recommandées … vous ne pouvez pas louper les urnes transparentes, les coffres forts, les « arbres » à billets, les « étendoirs » à billets … un peu comme si les voix du Seigneur pardon de Bouddha étaient impénétrables à moins de donner de l’argent !

Même une fois sortie des temples, vous êtes poursuivis par Bouddha. En effet, les amulettes de bouddha en pendentif sont partout : au cou des thaïlandais, dans les voitures …

Les moines ne sont pas confinés dans les temples, vous les rencontrez partout : les rues, les restaurants, les bus et avions (ils ont des places réservées) …
Ils sont vêtus de « robes » orange (foncé pour les moines des campagnes et clair pour ceux des villes).

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