2 janvier 2011

South Coast


Nos 14h de bus entre Sydney et Melbourne se passent agréablement : entre deux siestes, nous observons des paysages de campagne vallonnée.
En milieu de journée, le bus fait une pause à la capitale Camberra, une ville d’aspect froid dont le centre fourmille d’immeubles récents.


Melbourne est la 3ème ville australienne avec plus de 3,8 millions d’habitants. C’est une ville qui se distingue par son effervescence culturelle : concerts, expo, musées, opéra… il y a beaucoup à voir et à faire ici !

Le centre ville est traversé par la rivière Yarra. Au niveau de chaque rive, des gratte-ciel rivalisent d’audace et d’hauteur comme c’est le cas dans les villes « jeunes ».
L’architecture de certains bâtiments publics surprend : le Federation Square est un ensemble de bâtiments cubiques qui entourent une place pavée au cœur de la ville. Un écran géant diffuse en permanence reportages et sports. Dans deux des cubes, nous visiterons les musées de l’image (qui relate l’évolution de l’image de l’invention du cinéma à l’internet ; exposition ludique où il est possible de tester des effets spéciaux surprenants) et le musée de l’art de l’état de Victoria (peintures contemporaines, exposition d’autoportraits et de photos de paysages transformés).

Melbourne est dotée de nombreux parcs, dont l’inévitable Botanic Garden, ainsi que d’espaces verts et des lacs, idéal pour la pratique du jogging ou de la voile.
Autre particularité de la ville, son côté cosmopolite : beaucoup d’asiatiques mais aussi des indiens, des italiens et des français qui sont ici plus nombreux qu’à Sydney.


Nous avons choisi l’état de Victoria et la région de Melbourne pour travailler dans une ferme biologique.
Pourquoi cette étape ? Après plus de 6 mois à vadrouiller, nous ressentions le besoin de poser quelque temps nos sacs et d’avoir une activité nous permettant de côtoyer des australiens. Car nous avons traversé en Australie des régions très touristiques et nous avons surtout fréquenté des backpackers anglais, allemands… mais peu d’australiens.

Sur les conseils de Laetitia et Pierrick (que nous avions rencontrés en Argentine à la Péninsule Valdez), nous avons adhéré à l’association WWOOF (Willing Workers On Organic Farm).
Le principe est simple : le wwoofer est accueilli dans la ferme biologique de son choix (plus de 2000 sont référencées dans un livret fourni au moment de l’inscription).
Il est nourri et logé (mais pas rémunéré) en échange de travaux dans la ferme.

Nous avons sélectionné une ferme de 33 hectares à une heure de train de Melbourne. La propriété est située au cœur de la Yarra Valley, une belle vallée constituée de prairies d’élevage et de forêts. Malheureusement, la forêt proche de notre ferme a été touchée par un grand incendie il y a 2 ans.

Dans notre ferme, il y a des animaux : 16 poules pondeuses, environ 30 moutons et agneaux, des bœufs, deux chiens (si vieux qu’ils dorment en permanence) et un superbe cheval blanc de 23 ans (sans arrêt en train de quémander des carottes à manger).

Nous sommes accueillis par Hazel, australienne de 47 ans qui travaille seule à la ferme depuis une dizaine d’années. Elle délègue aux wwoofers certaines tâches qu’elle ne peut plus faire du fait de son mal de dos.
Hazel est une femme de caractère, directive, assez peu patiente et peu tolérante mais toujours disponible pour répondre à nos questions et bonne cuisinière.

Au cours de notre séjour de 5 jours, nous allons ramasser les œufs et nourrir les poules, couper les mauvaises herbes avec le fil coupe herbe (un engin que Stéphane adore !), planter des plants de tomates et de pastèques, ramasser l’ail (une manœuvre très délicate : ne pas séparer la tige des bulbes) et les pommes de terre, déraciner des muriers sauvages et bien sûr, désherber.

Nous travaillons de 4 à 6 heures par jour avec des pauses toutes les 2 heures, ce n’est pas le bagne ! Le job est assez physique (couper le bois à la hache demande pas mal de force) mais moins difficile et plus varié que les travailleurs de ferme classique : ceux qui sont accroupis toute la journée à ramasser des fraises ou ceux qui se brûlent la peau des bras à cueillir les mangues ne diront pas le contraire.
Et il est bon d’avoir une activité manuelle certes routinière mais simple permettant de laisser son esprit voyager, de penser aux pays visités et à ceux qui nous attendent.


Le bio est plus difficile que les cultures dites conventionnelles : pas de pesticides, ni d’herbicides ou fongicides… que du naturel et du manuel …
Afin de limiter l’opération fastidieuse du désherbage, l’astuce consiste à recouvrir la terre d’une bonne couche de paille.
Afin d’accroître les rendements (plus faible du fait de l’absence d’engrais chimiques), il faut associer certaines plantes avec d’autres. Par exemple, les plants de tomates apprécient la proximité avec le trèfle, légumineuse qui enrichit le sol en composés organiques en fixant l’azote de l’air.
En bio, il faut éviter les alignements de végétaux tous identiques (plus vulnérables aux attaques de parasites et aux maladies). Très différent des potagers traditionnels dont nous avons l’habitude où les légumes se succèdent par rangées … comme dit Hazel, ici ce n’est pas un rayon de supermarché pour les parasites !


Au cours de notre séjour, nous mangeons des fruits et légumes du jardin : des pêches et abricots juteux et savoureux, des fèves (pour la première fois de notre vie !), laitues, carottes et brocolis au goût typé, un régal ! Christophe qui adore le « vert » est aux anges … trêve de riz, pâtes et pommes de terre pendant une semaine !
Mais également beaucoup d’œufs frais : les 16 poules pondent jusqu’à 12 œufs par jour.

Nous dormons dans la grange voisine, au milieu des outils agricoles : tracteurs, tondeuses, cisailles …


L’état de Victoria manque cruellement d’eau, surtout en été.
Comme la majorité des propriétés de l’état, la ferme est autosuffisante en eau. L’eau de pluie des toits est collectée dans de vastes citernes et celle-ci est utilisée pour boire et se laver. Il faut juste ne pas gaspiller l’eau : mini douches de quelques dizaines de secondes (attention Christophe, Hazel veille !).
Lorsque les citernes sont vides, l’eau en bouteille prend le relais.

Ces 5 jours ont été agréables et reposants.
Seul regret : ne pas avoir davantage travaillé auprès des animaux, par exemple traire des vaches ou tondre des moutons. Manque de chance, Hazel élève des vaches et des moutons uniquement pour alimenter son barbecue … En fait, peu de fermes biologiques australiennes sont exclusivement consacrées à l’élevage car la majorité des fermes sont de petites propriétés tenues par d’anciens hippies qui souhaitent être autosuffisants en produits agricoles (sans chercher à les revendre).


Justement, nous verrons au marché voisin de San Andrews de nombreux hippies et autres babas cool. En parcourant les allées de ce marché, nous avons l’impression de retourner aux années 70 : les jeunes et moins jeunes sont habillés de vêtements en tissus amples, légers et très colorés et portent de grandes et rondes lunettes de soleil (mode été 2010 en France).
Assez surprenant en Australie où tout est souvent assez conventionnel.
Cela dit, les huiles essentielles et autres onguents naturels vendus dans ce marché sont très chers, même les hippies ont la fibre du commerce.


De retour à Melbourne, nous décidons de faire, en 2 jours, la Great Ocean Road en louant une voiture de location.
Cette route, construite par l’armée au cours de la 1ère guerre mondiale, longe sur 100 km la côte Sud entre Torquay (à une centaine de kilomètres de Melbourne) et Portland.




Cette route est réputée comme étant l’une des plus belles routes côtières au monde. Mais sans doute, les australiens s’enthousiasment un peu vite. Certes, c’est une belle route qui longe de  grandes plages de surfs, qui traverse des villages très touristiques, qui passe des chaînes de montagnes et des falaises.
Mais nous avons déjà roulé sur des routes encore plus belles et plus sauvages.


Malheureusement, la météo ne sera pas des plus favorables : 2 jours de temps gris et de pluies abondantes. Après le Queensland, l’état de Victoria va être frappé par d’importantes inondations, les plus importantes depuis le début du 20ème siècle.
Malgré la pluie, de nombreux surfeurs sont dans l’eau ; il faut dire que l’océan est déchaîné.
La surf-coast est reconnue pour ses nombreux spots de surf avec des vagues pouvant atteindre 5 m de haut …


Nous nous arrêtons longtemps au lieu dit « Les 12 apôtres » : il s’agit de rochers en grès hauts de 30 mètres isolés et battus par les vagues. Sous l’assaut de l’océan, la falaise recule et des pans de roches chutent régulièrement. Les rochers eux résistent davantage avant de sombrer.
Malgré le ciel sombre, la couleur beige jaune des falaises tranche avec la couleur grise de l’océan. Le panorama est superbe, bien plus grand que les rochers d’Etretat !


Nous rentrons à Sydney par avion via l’aéroport low cost de Melbourne (un hangar où tout est fait pour réduire les coûts) : par avion, c’est le même prix que le trajet fait en bus mais beaucoup plus court (90 minutes au lieu de 14 h !).

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