27 octobre 2010

L’homme oiseau

Après le culte des moais et avant l’implantation de la religion chrétienne sur l’île, les habitants ont développé le culte de l’homme oiseau entre le 17ème et le 19ème siècle.

Le principe de ce cérémonial est le suivant : chaque tribu désigne un homme rusé et sportif (le « serviteur »). Son rôle est de trouver et de rapporter à la nage l’œuf d’un oiseau (frégate).
Le serviteur doit nager vers un îlot (le Motu Nui, entouré d’une mer dangereuse et de requins, ce n’est pas un parcours de santé !), attendre des jours voire des semaines et rechercher le premier œuf, revenir à la nage sur terre, grimper une falaise haute de 300 mètres l’œuf attaché sur son front et le donner intact à son chef de tribu qui devenait ainsi l’homme oiseau de l’année.
L’homme oiseau est le chef de l’île pour l’année. Ce nouveau statut s’accompagne également de contraintes : cils et sourcils rasés, interdiction de se laver pendant un an …

Le culte de l’homme oiseau se déroule au niveau du superbe site d’Orango (près du village d’Hanga Roa) : à l’extrémité du cratère du volcan Rano Kau ;
Imaginez un cratère parfaitement rond et profond de 200 mètres : au fond, de multiples petits lacs sont recouverts de joncs et forment un superbe patchwork de couleurs.
Au fond du cratère, une brèche dans la montagne s’ouvre vers l’océan Pacifique.
C’est à cet endroit que se trouve le village d’Orango : un site d’une beauté exceptionnelle d’où nous dominons le cratère mais aussi l’océan Pacifique et l’île Motu Nui balayé par les vagues.
Nous restons plus d’une heure à contempler l’immensité de l’océan seuls (peu de touristes à cette période de la journée). Nous découvrons également les pétroglyphes d’homme oiseau réalisés sur des rochers en équilibre au-dessus du vide.

C’est lors de ce moment fort que nous nous rendons compte de notre isolement, sur une petite île perdue au milieu du plus grand des océans.

Ce sentiment de vulnérabilité, nous le ressentirons de nouveau le jour suivant lors de l’ascension du point culminant de l’île (511 mètres) : le volcan Terevaka vieux de 300 000 ans. Après 2h30 de marche (une montée qui n’en finit pas), nous parvenons au sommet du volcan : la vue à 360° de l’île de Pâques entourée de toute part par l’océan est magnifique ! Comme souvent, nous serons accompagnés lors de notre ascension par un chien errant (celui là Christophe n’a pas voulu l’emmener même si compagnie fort agréable).

Au pied du volcan se trouve le site de l’ahu Akivi, considéré comme à part des autres sites. En effet, les 7 superbes moais redressés sont les seuls de l’île à être face à la mer et ne pas se trouver à côté d’un village. La légende orale raconte qu’il ne s’agit non pas de la représentation d’ancêtres du village puisque inexistants mais plutôt une commémoration des  «sept marins » envoyés de Polynésie qui auraient découverts l’île …

Nous terminerons la journée dans une grotte. Il s’agit d’une coulée de lave qui, en se solidifiant, a formé une grotte longue d’une cinquantaine de mètres.
Cette caverne était utilisée par les pascuiens pour le stockage de nourriture.
La marche se fait le dos courbé la lampe à la main. A l’extrémité de la grotte, deux ouvertures communiquent vers la mer déchaînée qui attaque les rochers, un beau spectacle.


C’est la fin du week-end et nous quittons déjà avec regret l’île de Pâques au terme d’un séjour d’une semaine.
Nous avons beaucoup aimé le côté sauvage de cette petite île encore préservée du tourisme de masse. Les grandes chaînes hôtelières n’ont pas encore investi Hang Roa, le flot de touristes est encore contenu, mais pour combien de temps ?

Nous avons été séduits pas la qualité de vie, farniente et cool de l’île, un avant-goût de Polynésie.

Nous avons sympathisé avec certains habitants mais aussi avec des clients du camping, que nous reverrons avec plaisir une fois rentrés en France.

Nous avons visionné le film « Rapa Nui » de Kevin Costner qui nous a bien aidé à mieux appréhender les légendes de cette île mystérieuse.

Notre avion s’envole vers une nouvelle destination, Tahiti et la Polynésie française.
Allons-nous enfin pouvoir nous baigner ?







- Superficie : 173 km².
- Statut : territoire du Chili.
- Habitants : près de 3 800 habitants, dont près de la moitié sont des Chiliens du continent.
- Chef-lieu : Hanga Roa.
- Langues : espagnol (langue officielle), pascuan (dialecte polynésien), français.
- Monnaie : peso chilien.
- Ethnies : Pascuans, Français, Polynésiens.


25 octobre 2010

L’île des Moais

Il faut six heures à notre avion (via la compagnie chilienne LAN, compagnie très professionnelle) afin de rejoindre l’Île de Pâques depuis Santiago du Chili, c’est dire l’isolement de ce petit bout de terre éloigné de tout : à 4 000 km du Chili et de Tahiti, l’île la plus proche Pitcairn (à 2 000 km quand même) ne compte que 50 habitants …

Etant donné la taille de l’hôpital local, il est préférable de ne pas tomber gravement malade ici !


L’Île de Pâques est d’origine volcanique : trois volcans « morts » ont permis la formation de cette île longue de 23 km et large de 12 km (il faut moins d’une heure en voiture pour en faire le tour) et en forme de triangle isocèle.


L’île ne compte que 5 000 habitants majoritairement situés à Hanga Roa, l’unique ville de l’île. Historiquement, les habitants étaient « parqués » ici car le reste de l’île était dédié à l’élevage des moutons par les autorités chiliennes. Par la suite avec le développement du tourisme, le reste de l’île a été déclaré parc naturel et préservé de la construction. Ainsi l’île de Pâques a pu garder son côté sauvage et mystérieux.

Les autochtones, appelés communément les « Rapa Nui », représentent environ la moitié de la population de l’île. Le reste des habitants, principalement des Chiliens sont arrivés ces dernières années suite à l’essor du tourisme.

 
L’ïle reçoit environ 20 000 visiteurs annuels dont 50% de Chiliens et 50% du monde entier ! Parmi les touristes du « reste du monde », les français représentent un fort contingent (notamment de la Polynésie voisine) mais ce sont surtout les japonais ! Au camping, les instructions sont en Espagnol, Anglais et Japonais … A Osaka, on peut même trouver une réplique des moais, les fameuses statues de l’île …

A l’heure où nous visitons l’île de Pâques, les tensions entre les « Rapa Nui » et le gouvernement chilien sont fortes … Les habitants reprochent au gouvernement chilien d’avoir spolié les terres de leurs ancêtres et les revendiquent (ainsi le musée de l’île est fermé, les travaux de construction de l’hôtel en face de notre logement arrêtés …), de ne pas avoir investi dans les infrastructures (les routes sont très délabrées même pour notre 4x4) et de détourner l’argent issu de la manne touristique.

A titre anecdotique mais très révélateur, nous apprenons que la compagnie aérienne chilienne la LAN a le monopole des liaisons avec l’île de Pâques … et le Président de la République du Chili était l’ancien PDG de la LAN !

Afin d’apaiser les tensions locales, le gouvernement chilien a finalement promis d’investir environ 270 millions d’euros … les débats actuels tournent autour d’une loi « protectionniste » que les habitants réclament: pour être résident sur «l’île de Pâques », il faudra avoir un lien de parenté avec un « Rapa Nui ».


Face à son isolement géographique, il est intéressant d’observer l’organisation de l’île.

L’eau (fortement chlorée) provient d’une nappe phréatique proche du volcan.
L’électricité (très chère) est fournie par des générateurs alimentés au fuel.

Un câble sous-marin connecte l’internet avec le Chili d’où des prix corrects.

Un bateau approvisionne l’île en nourriture à longue DLC 4 fois par an, les produits frais sont transportés par avion par la LAN.

L’île dispose d’une trentaine de policiers, de plusieurs garnisons militaires, d’un minuscule tribunal, d’un petit hôpital et d’un centre vétérinaire (au cas où…).


Nous avons décidé de séjourner une semaine sur l’île afin de percer les mystères de l’île de Pâques mais aussi pour nous reposer ! Nous trouvons un camping idéalement placé au bord de l’océan et proche du centre ville. A nous la vue sur la mer, les couchers du soleil… mais en chambre ; la tente, ce sera pour plus tard.

Le camping est propre et fonctionnel (Wifi, cuisine …), et lors de chaque arrivage de la LAN, nous y rencontrerons de nouveaux visiteurs avec lesquels nous sympathisons :

Pénélope (baroudeuse et kinésithérapeute itinérante en France), un couple de français qui habitent au 21 rue Marius Aufan à Levallois (Christophe habite au 42 rue Marius Aufan – que le monde est petit !), un couple d’allemands charmant, Irène et Franck couple français et leur petite fille Bettina (5 ans) avec lesquels nous échangerons beaucoup (infos, films…) car ils font aussi un tour du monde en visitant les mêmes pays que nous mais dans l’autre sens, une plongeuse australienne …

C’est la belle vie au camping !


Mais nous avons également visité l’île !

Afin de commencer et nous familiariser avec les lieux, nous avons opté pour une journée « tour du Sud de l’île » avec un guide français svp ! (parce que l’histoire et les mythes de cette île sont suffisamment compliqués à comprendre pour ne pas y rajouter la difficulté de la langue). Notre guide, Lionel, s’est marié avec Tita, d’origine pascuanienne et, outre son activité de chambre d’hôte (fort lucrative, critiques élogieuses dans le Routard et le Lonely Planet), il organise des excursions avec de nombreuses explications historiques et archéologiques, explications parfois confuses (mais nous allons essayer d’être clair ici).


Tant de choses se sont dites sur les statues de l’île de Pâques (intervention d’extra-terrestres : la théorie préférée du papa de Stéphane ;-) ), mais en fait, ces statues n’ont plus beaucoup de mystères de nos jours …

Il y a près de 900 statues ou « moais » dans l’île, beaucoup sont couchées au sol ou cassées (suite aux intempéries : tsunami, vent… ou à cause des guerres tribales). L’île compte quatre sites majeurs où il est possible d’admirer ces statues restaurées et alignées.

Le peuple polynésien, originaire de Taiwan, a conquis les îles du Pacifique avant d’occuper l’île de Pâques vers l’an 300-800 après JC.

Plusieurs tribus se sont développées et affrontées sur l’île.


Il est possible de distinguer plusieurs périodes de construction des moais : les premiers sortent de terre vers l’an 800, la plus importante période s’étalant entre le 13ème et le 17ème siècle, fin de la croyance moai.

A chaque période, la morphologie des statues asexuées évolue mais la tendance est de faire des statues de plus en plus grandes et massives.

Edifiées sur des plates-formes (ahu), les statues tournent le dos à la mer car elles « regardent » le village et transmettent la force « mana » des ancêtres à la tribu. Sculptées en pierre volcanique à la carrière de Rano Raraku par les « courtes oreilles », elles sont ensuite acheminées vers le site final d’exposition.

Certains moais portent un chapeau rouge (le Pukao) et des yeux de corail posés en fin d’édification de la statue.


Les statues de plusieurs dizaines de tonnes étaient transportées debout avec des rondins en bois et… beaucoup de force humaine, jusqu’à 20 km de chemin. Beaucoup de statues ont été retrouvées cassées dans la carrière où sur les chemins : seulement le tiers des statues arrivaient à destination.

La surexploitation des ressources en bois (pour le transport des moais) a entraîné la disparition de la forêt de l’île, l’érosion des terres … Cela semble curieux que le peuple de l’île, trop préoccupé par l’édification des moais, ne se soit pas rendu compte qu’il était en train de détruire son environnement et menacer sa survie … Cela dit lorsqu’on y pense, c’est un peu ce qui nous arrive aujourd’hui à l’échelle planétaire avec la surexploitation des richesses naturelles !


Lors de notre journée « tour du Sud de l’île », nous visitons tout d’abord le site de l’ahu Nau Nau (sept moais édifiés sur une très belle plage, une plage de carte postale et superbement restaurés) puis plus loin le site Te Pito Kura (gigantesque moai malheureusement brisé et à terre).

Le point fort de la journée est sans aucun doute la visite de la carrière de Rano Raraku : autour de nous sur les flancs du volcan, plusieurs centaines de moais à moitié enterrés, couchés ou sur le dos. La plupart d’entre eux ont été mystérieusement abandonnés finis ou en cours de finition. Fascinant de circuler dans ce cimetière de statues géantes fixant l’horizon avec la mer en arrière plan. Fascinant d’imaginer comment travaillaient les sculpteurs : ils taillaient la pierre volcanique à la pierre dans des tranchées autour du moai en formation, un travail difficile et ingrat.


Mais le plus beau site de tous, que nous visitons en fin de journée, est sans hésitation : L’ahu Tongariki : quinze moais de différentes tailles alignés au pied des falaises. La restauration du site a été financée avec succès par une société japonaise qui fabrique des grues et dont le slogan publicitaire est désormais : « les grues qui remontent le temps ».


Il parait que ce dernier lieu est encore plus beau au lever du soleil. Sans hésitation, le lendemain nous quittons le camping à 6h du matin … et à 7 heures, nous admirons l’un des plus beaux levers du soleil que nous ayons vu. Les statues sortent progressivement du crépuscule, et, lorsque l’astre sort de la mer, il illumine les statues par leur dos et les moais dessinent d’immenses ombres à contre-jour, un moment rare et magique !


Nous avons beaucoup aimé voir les chevaux et vaches en liberté dans les vastes pâturages du centre de l’île (même si il faut être vigilant en voiture car ces animaux sont imprévisibles).

Sur la côte Sud, l’île est un champ de lave dont la noirceur est quelque peu inquiétante. La côte Nord et le centre de l’île sont beaucoup plus sympathiques : vertes prairies, volcans éteints ; un paysage d’Auvergne !


24 octobre 2010

L'Argentine : bilan et impressions



L’Argentine est un très grand pays en terme de superficie. Nous n’avons pas eu assez de temps pour en apprécier toute sa richesse !
Néanmoins, voici notre bilan :

Nous avons aimé :

-    Le ballet des baleines à la Péninsule Valdez,
-    Le mont Fitz Roy et son superbe parc,
-    Le glacier Perito Moreno malgré la météo défavorable et le grand nombre de touristes,
-    Les chutes d’Iguazu, la mission jésuites de San Ignacio, Buenos Aires… trop de choses !
-    La gastronomie Argentine : la viande de bœuf, les pâtes fraîches, les empanadas, les desserts (à la confiture de leche), les glaces …


Nous avons moins aimé :

-    La ville de Jujuy où le vol (ordinateur, appareil photo, lunettes de soleil et notre mascotte bourriquet) s’est produit,
-    Les longues distances à traverser la Patagonie, de la pampa à perte de vue.


Et nous ?

Après l’épisode malheureux du vol à Jujuy, notre fin de séjour en Argentine s’est fort bien passée : nous avons eu la chance de profiter pleinement de lieux exceptionnels (la Patagonie du sud, Iguazu…) et nous avons résolu nos problèmes matériels (nouvel ordinateur …).

La forme physique est excellente (les treks argentins n’ont pas été particulièrement difficiles), Le moral est au beau fixe et la perspective de visiter prochainement les îles du Pacifique, de plonger en Polynésie nous réjouit d’avance.


De tous les pays visités en Amérique latine, l’Argentine est probablement celui qui est le plus proche de l’Europe en termes de culture, de mode de vie …

Et pourtant, c’est dans ce pays que nous aurions envie de revenir. Sans doute parce qu’il y reste encore beaucoup de lieux que nous aimerions voir (Bariloche, Cordoba, l’extrême sud de la Patagonie) ou revoir (le nord-ouest argentin, les environs de El Cafayate, Salta…).

Mais aussi parce que nous avons apprécié le mode de vie très latin des argentins : épicurien (l’importance accordée à la nourriture est point commun avec la France), une certaine forme d’indolence (point commun avec la Corse lol) et de fatalisme, une communication directe et exubérante à l’Italienne.

Nous avons donc beaucoup aimé ce pays et nous sommes attristés par son évolution actuelle.
L’argentine dispose de nombreux atouts pour se développer (le PIB par habitant est d’ailleurs le plus élevé en Amérique du Sud après celui du Brésil) : un potentiel agricole très important, une population instruite, des richesses touristiques parmi les plus importantes du continent.

Et pourtant, le pays régresse : la corruption y est omniprésente (nous en avons bénéficié auprès du douanier de Mar Del Plata), les politiques à la tête de l’Argentine ne sont pas à la hauteur et privilégient leurs intérêts personnels (enrichissement) plutôt que ceux du pays.

Que dire de Christina Kirchner, actuelle Présidente de la République, qui lors d’un discours, demande (le plus sérieusement du monde) à ses concitoyens de manger de la viande de porc car diététique et du poulet car cette viande est maigre.
Tout cela parce que l’élevage de bœuf ne rapporte plus assez aux agriculteurs par rapport à la culture de soja transgénique, et, pour la première fois de son histoire, l’Argentine a importé du bœuf en 2009 !

Après la grande crise du début des années 2000, l’Argentine a lentement remonté la pente grâce notamment au bon sens du Président Nestor Kirchner (le mari de Christina) un politicien rusé et discret.
Mais depuis quelques années, le pays semble être frappé d’une certaine léthargie, une indolence qui contraste avec le dynamisme du Chili ou l’expansionnisme du Brésil.

Certes, la monnaie est forte (c’est le crédo de Madame Kirchner) mais l’inflation est galopante : officiellement + 10% par an, mais de l’avis de nombreux argentins que nous avons rencontrés c’est plutôt + 30 à + 40% annuel.
Lorsque Stéphane avait visité l’Argentine en 2005, les prix étaient beaucoup plus sages qu’aujourd’hui.
La pièce de bœuf est passée de 3 euros à 8 voire 10 euros… L’Argentine est devenue un pays cher.

Et justement, le coût du séjour touristique en Argentine.
Il faut tabler sur un budget d’environ 40 - 60 € / jour / personne.
Globalement, l’Argentine est un pays de même niveau de cherté que le Chili.

Quelques exemples de prix :
Nuit d’hôtel, la chambre double: autour de 60-90 pesos / 12-18 euros
Repas : 50 pesos / 10 euros
Bus : voir ci-dessous
Parcs nationaux (variable selon la notoriété du parc et la saison): entrée jusqu’à 80 pesos / 16 euros


Les bus argentins sont confortables (ce sont des bus à deux étages, tous identiques = marque MarcoPolo de Mercedes), ponctuels, avec plateau repas et films pas trop « boum-boum » mais ils sont chers, très chers ! jusqu’à 5 € de l’heure (1 € / h en Equateur ou au Pérou).

Il n’y a pas vraiment d’alternative au bus : l’avion est hors de prix et la compagnie nationale (Aerolinas Argentina) est réputée comme étant une compagnie médiocre.

Il est préférable d’acheter l’artisanat indien dans les petites villes du nord-ouest argentin et l’artisanat « gauchos » en Patagonie.


NB : coincidence, au moment de la rédaction de ce post, nous apprenons le décès de Nestor Kirchner, ancien Président de la république, décédé d’un arrêt cardiaque alors qu’il n’avait que la soixantaine.



- Population : 40 millions d'habitants.
- Superficie : 2 791 810 km² (plus de 5 fois la France).
- Densité : 14 hab /km² (8 fois moins qu'en France).
- Capitale : Buenos Aires, dite Capital Federal.
- Langue officielle : espagnol (castellano), parlé par 100 % de la population (quelques langues indigènes de moins en moins usitées : le quechua dans le Nord-Ouest et le guaraní dans le Nord-Est).
- Religion : catholique à plus de 92 %.
- Monnaie : peso argentin (1 euro = 5,04 pesos en 09/2010).
- Régime : démocratie présidentielle, État fédéral.
- Chef d'État : Cristina Fernández de Kirchner, « péroniste de gauche », élue présidente le 28 octobre 2007.
- Emblème du pays : le ceibo, magnifique fleur rouge. Le drapeau est bleu et blanc avec un soleil en son centre.
- Sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco : Los Glaciares (1981) ; les missions jésuites des Guarani : San Ignacio Mini, Santa Ana, Nuestra Señora de Loreto et Santa Maria Mayor (1984) ; le Parc national d'Iguazú (1984) ; Cueva de las Manos, Río Pinturas (1999) ; la péninsule Valdés (1999) ; les estancias jésuites de Córdoba (2000) ; les parcs naturels d'Ischigualasto-Talampaya (2000) ; Quebrada de Humahuaca (2003).


Dans sa longueur, le pays atteint 3 700 km !

On peut distinguer 5 grandes régions naturelles.
- La Patagonie est la plus vaste région du pays (30 % du territoire) mais aussi la moins peuplée (moins d'un habitant au kilomètre carré). Le détroit de Magellan sépare la Terre de Feu du continent. Paysages d'immensités, de plateaux battus par des vents secs et froids. On y trouve une faune d'une incroyable richesse (sans compter les moutons que l'on compte par milliers !) et Ushuaïa, la ville la plus australe du monde, point de départ de fantastiques excursions.
- La Pampa, immense plaine monotone de 600 000 km², soit plus de 20 % du territoire, est le centre économique du pays.
- Les Andes du Nord-Ouest, appelées « NOA », s'opposent en tout point à la Pampa. Comprenant environ 15 % de la population, cette région, véritable choc culturel, marque la fin de l'Argentine européenne et des grandes plaines. Une population métissée et indienne, de charmantes petites villes coloniales, la grandiose quebrada (vallée encaissée) de Humahuaca située à plus de 2 000 m d'altitude, des champs de cactus, des lamas, des montagnes aux camaïeux de rouge...
- Les Andes centrales (Cuyo) constituent la région qui possède les plus hauts sommets (Aconcagua, 7 000 m) et le plus de vignobles.
- Les plaines du Nord-Est se caractérisent par de vastes zones de marécages et de savanes à l'ouest, et par la région humide et forestière des grands fleuves, Rio Parana et Rio Uruguay à l'est, que les Argentins appellent la Mésopotamie. La province de Misiones est connue pour ses ruines jésuites (notamment San Ignacio) et ses spectaculaires chutes (Iguazú).

21 octobre 2010

Buenos Aires, Paris en Amérique Latine

Buenos Aires est une ville tentaculaire de près de 12 millions d’habitants mais le centre se visite assez facilement à condition de comprendre le sens de fonctionnement des bus et d’accepter d’être écrasés dans le métro aux heures de pointe.

Il règne dans cette capitale une atmosphère particulière, une certaine nostalgie de l’âge d’or passé lorsque la ville accueillait par centaines des immigrants venus d’Europe (en majorité italiens) et était une plate forme commerciale majeure du continent.
Témoignage de cette époque révolue : les vieux cafés (café Tortoni) ou anciennes boutiques (vieille pharmacie), les façades de belles demeures bourgeoises à la « Haussman » (les architectes locaux se sont beaucoup inspirés de Paris, la ville est d’ailleurs surnommée « le Paris de l’Amérique latine »), le métro tout en bois encore en circulation sur la ligne A.

Depuis, de grands buildings se sont construits près du port. Le quartier commerçant autour de l’obélisque s’est quadrillé de publicités lumineuses, le quartier des banques a des airs de « la City » de Londres.
La ville se tourne vers l’avenir sans renier son glorieux passé.

La moitié d’une semaine pour connaître Buenos Aires, c’est trop court.
Nous avons fait des choix : exit certains quartiers trop éloignés ou touristiques (le port, Palermo ou Belgrano…). Nous ferons malheureusement l’impasse sur les musées …
Notre hôtel étant situé près de San Telmo, nous allons rayonner autour de ce quartier.


Le quartier du centre qui concentre le pouvoir législatif sera le premier à être visité :

- La cathédrale, édifice assez quelconque qui abrite la tombe du Général San Martin (et ses deux gardiens potiches),
- La Casa Rosada, le palais présidentiel : bâtiment plus intéressant extérieurement qu’intérieurement (la visite du bureau de Christina et des pièces annexes ne nous laissera pas un souvenir impérissable …).
- La casa de Gabildo, une des rares demeures issues de l’époque coloniale espagnole ; au moment de l’indépendance, les argentins ont fait table rase du passé et ont détruit tous les bâtiments d’origine espagnole, afin de s’inspirer de l’architecture française, anglaise et italienne.

Plus loin, le Congrès National étonne avec sa coupole très haute et mince. Ce bâtiment abrite le parlement argentin : l’aile gauche du bâtiment est dédiée aux sénateurs alors que l’aile droite est occupée par les députés ! Nous visitons le Sénat. L’hémicycle présente une curiosité intéressante … les sièges sont équipés d’un contacteur qui permet de connaitre instantanément le nombre de présents (quorum atteint ou non pour les votes) et d’activer le système de vote qui lui se fait avec une carte et un code afin de s’assurer qu’il s’agit bien du sénateur qui vote … Ce système de contacteur fonctionne toujours actuellement dans les deux chambres mais a dû être adapté lors de l’élection du premier député handicapé en fauteuil roulant ! On notera également un lustre de deux tonnes.

Dans le quartier commerçant, à proximité de la belle et centrale Obélisque, le Théâtre Colon. Cet énorme opéra (l’un des plus grands au monde) est éternellement en travaux (il l’était déjà en 2005 lors de la première visite de Stéphane à Buenos Aires) et montre l’importance accordée à la culture et au divertissement.


Lors de notre séjour, nous irons au quartier de la Boca, berceau du prolétariat de la ville, en proie aux fréquentes inondations du fleuve voisin. Aujourd’hui, tout cela est bien loin. Le fleuve est vaseux et le quartier que nous visitons est hyper touristique jusqu’à en perdre son âme.
Certes, les maisons en tôles repeintes de couleurs criardes ont du charme ; certes, l’atmosphère bon enfant qui règne dans les rues est plaisante. Mais que de touristes et de commerçants qui invitent à une pseudo danse de tango ou à une photo avec un sosie de Maradona (dont le fameux stade de son équipe n’est pas loin).


Nous aurons un peu moins cette impression à San Telmo et à la Recoleta car le côté bohème persiste encore dans certains cafés et certaines boutiques de déco.

A la Recoleta, le cimetière vaut le détour. Surnommé le « Père lachaise » latin, il abrite la tombe d’Evita Peron ainsi que des tombes de familles aux noms bien européens. Chaque tombe est en soi un monument historique. Ce sera à la famille qui aura le tombeau le plus imposant, le plus sculpté … par contre, l’absence de fleurs est surprenante… comme si ce cimetière n’était réservé qu’aux touristes et n’était plus usité par les familles des défunts.

San Telmo est le quartier des antiquaires et du Tango, mais le fameux marché des antiquités ne se tient que le dimanche, et nous quittons avec regret Buenos Aires un dimanche très tôt.


19 octobre 2010

La province de Misiones

La province de Misiones est une sorte d’enclave au Nord-Est de l’Argentine entre le Paraguay et le Brésil.
A l’extrémité nord de cette province, sont situées les fameuses chutes d’Iguazu, les chutes les plus grandes et impressionnantes du monde.

Nous connaissions les chutes du Niagara aux USA (en forme de « cuvette de toilette géante lol »), Stéphane connaissait les chutes Victoria en Zambie, il nous fallait voir les chutes d’Iguazu avant de quitter le continent sud-américain !

En partant de Buenos Aires, le trajet en bus est long (16 heures) mais il permet de se rendre compte du changement de paysage et de climat.
Au fur et à mesure de l’avancée du bus, nous entrons dans une jungle profonde, la terre est de couleur rouge et l’atmosphère ambiante est chaude et humide.



Les chutes d’Iguazu sont inscrites au patrimoine naturel de l’humanité de l’Unesco depuis 1984. Il s’agit non pas d’une chute mais d'un ensemble de 275 cascades formant un front de 2,5 kilomètres environ dans la forêt tropicale, à la frontière de trois pays : l’Argentine, le Brésil et le Paraguay.
Ces chutes déversent plusieurs milliers de litres d’eau dans un grondement permanent et ce jusqu’à 90 mètres de hauteur !

Nous logeons dans un petit hôtel de la charmante ville de Puerto Iguazu où nous arrivons en début de matinée (après nos 16 heures de bus !), juste à temps pour prendre le petit déjeuner. Et là, Christophe tombe nez à nez avec Marc, un invité qui partageait sa table lors du mariage de Vincent et Stéphanie, le 12 juin dernier … décidemment que le monde est petit … Après avoir laissé nos affaires à l’hôtel, nous partons explorer les chutes au niveau du versant argentin où sont concentrées la majorité des cascades.

Plusieurs circuits de visites ont été aménagés au milieu de la forêt et au-dessus des différentes branches du fleuve, via différentes passerelles : le circuit supérieur permet d’observer les chutes du dessus, de s’y approcher à quelques mètres alors que le circuit inférieur offre une vue d’ensemble des chutes et permet également de se doucher (brumisateurs géants).
Au passage, nous saluons le travail efficace de préservation des sites naturels gérés par l’administration des parcs nationaux argentins : les bâtiments administratifs sont discrets, les sentiers correctement balisés, les lieux sont propres malgré la forte affluence.

Le circuit supérieur est bien encombré par les touristes des tours opérateurs. Nous nous frayons tant bien que mal un passage dans la foule.
Le spectacle est superbe : devant nous, un panorama à 180° des nombreuses chutes qui jaillissent de la forêt tropicale dense. En ce début de printemps, le débit de l’eau est particulièrement élevé. Nous nous en rendrons compte en nous approchant d’une des chutes : certes, l’eau n’est pas profonde mais le débit lui est rapide et le bruit continu.
Après la traditionnelle séance photos et film (très sympa à voir en film), nous descendons vers le circuit inférieur. Ce circuit est plus long, le sentier monte : cela suffit à décourager la plupart des touristes et du coup, nous sommes presque seuls à certains endroits ; les chutes sont pour nous !

Vue d’en bas, les chutes ont deux étages : le panorama d’ensemble est grandiose.
Au loin, nous distinguons la cascade la plus impressionnante : La Garganta del Diablo (700 m de long et 150 m de large).qui charrie une quantité phénoménale d’eau. Dans sa chute, l’eau forme un voile de fines gouttelettes d’eau de plusieurs dizaines de mètres de haut, voile à l’origine de l’arc en ciel très photogénique lui aussi.

La passerelle s’approche à quelques mètres de la cascade Bosseti : devant nous, un mur d’eau impressionnant de presque 50 mètres de hauteur et une dizaine de mètres de large, un grondement permanent au moment où l’eau entre en contact avec le lac. Pour se doucher, c’est l’endroit idéal ! pour photographier, c’est plus difficile …

Nos sandwichs consommés, nous nous baladons dans la forêt dense qui entoure les cascades : nous y verrons un tapir, une sorte de renard au long nez. Mais aussi des lézards de très grande taille avec une langue rose similaire à celle des serpents.
Mais surtout, nous admirerons un toucan, l’oiseau emblématique du parc. C’est un superbe oiseau aux yeux bleus et au bec jaune et rouge démesurément long.

Mais la journée passe trop vite et le parc ferme tôt. Nous nous rendons en petit train (cela fait très touriste à la Disneyland) vers le Nord du parc ; puis nous empruntons un long sentier de passerelles qui surplombent le delta.
Nous sommes à quelques mètres de la cascade la plus impressionnante, la Garganta del Diablo, 90 mètres de haut !
Le spectacle est bluffant : des litres et des litres d’eau qui dégringolent dans un fracas permanent, un grondement si puissant qu’il faut crier pour se faire comprendre.
Et lorsque le vent tourne, nous recevons le voile de gouttelettes d’eau, c’est le déluge sur nos têtes ! A intervalles réguliers, se font et se défont les arcs en ciel.
Ces chutes sont réellement une merveille naturelle et valent vraiment le déplacement.

Le lendemain, Christophe, qui aime tant ces chutes, se rend au Brésil pour les admirer du côté brésilien. Il en profite pour glaner un tampon supplémentaire sur son passeport et un billet de plus pour sa collection. C’est uniquement du côté Brésilien où l’on peut avoir une vue d’ensemble des 2,5 kilomètres de front d’eau que forment les chutes.
Par contre, on est beaucoup plus loin des chutes … sauf pour … et c’est là le clou de la visite du côté Brésilien … la Garganta del Diablo … à la fin du circuit, vous terminez littéralement à l’intérieur de cet ensemble circulaire de cascades de plus de 90m de haut ! On ne s’en lasse pas.



En fin d’après-midi, Christophe rejoint Stéphane afin de visiter la mission Jésuites de San Ignacio de Mini (patrimoine mondial de l’Unesco).

Popularisées par le film « Mission », les missions ou « reducciones » se sont implantées en Argentine, Paraguay et Brésil au début du 16ème siècle et ont vécu pendant presque 150 ans isolées du monde extérieur.
A l’origine de ces missions, le désengagement du pouvoir espagnol face à la fronde des indiens Guaranis surexploités par les colonisateurs ; au profit des jésuites.
Ces derniers mettent en place des cités regroupant jusqu’à 140 000 indiens christianisés, cités autonomes et indépendantes du pouvoir moyennant le paiement d’une redevance.

L’organisation rigoureuse assurera le succès de ces missions autosuffisantes : la production agricole est consommée ou revendue à l’extérieur, la journée de travail (agriculture, artisanat) ne dure que 6 heures (le rêve !) puis les habitants vaquent à leurs loisirs (tir à l’arc, musique …).
Mais surtout, les règles de fonctionnement sont très innovantes pour l’époque : la peine de mort est abolie, les paysans travaillent la terre commune et la production est équitablement répartie. En complément de l’autorité religieuse assurée par les prêtres jésuites, les indiens ont la responsabilité du village (autorité judiciaire).
Ce principe d’égalité se retrouve dans le cimetière (indiens et prêtres sont enterrés au même endroit), la langue parlée est le Guarani (les frères Jésuites l’apprennent plutôt que d’imposer l’Espagnol), certaines traditions indiennes sont maintenues …
Malheureusement, en 1759, un nouveau roi espagnol parvient au pouvoir : il ne tolère pas ces missions, des « états » dans l’état. Il s’ensuivra une période troublée de guerres (des milliers d’indiens sont massacrés) et la disparition des missions.

Plusieurs missions peuvent se visiter en Argentine et au Paraguay.
La mission de San Ignacio implantée au cœur du village du même nom est la plus grande et la mieux conservée de toutes. Ce sont néanmoins des ruines que l’on visite puisque les toits et certains pans de murs n’ont pas résisté aux guerres et aux intempéries naturelles.

A l’entrée, dans un petit pavillon, une petite maquette de la « reduccione » est exposée et permet de mieux comprendre l’organisation de la mission: la grande place centrale est le lieu de rencontre et de cohésion du camp. Autour de cette place, nous retrouvons les habitations des indiens, la cathédrale et son cimetière, l’école, la maison des pères jésuites.

Au soleil couchant, les murs en grès rouge des maisons ou de la cathédrale en ruine prennent une superbe teinte ocre.
A divers endroits, la végétation a repris ses droits : ici un arbre pousse dans une maison, là un cactus multi-centenaire se développe près d’une rambarde …
La présence de la jungle envahissante autour de ces ruines donne un air de village abandonné, un air de fin de monde …
Les fines sculptures du porche de la cathédrale sont très belles, un édifice long de 60 mètres dont le sol carrelé est l’un des rares éléments conservés. L’épaisseur du mur est supérieure à 2 mètres ! Les fenêtres à la « romaine » donnent sur la forêt vierge, contraste saisissant.
Nous déambulerons plus de deux heures dans ce lieu hors du temps.

Après le calme et la sérénité de la mission, le bruit et l’agitation de Buenos Aires, notre dernière étape en Amérique latine.

13 octobre 2010

La faune de la Péninsule Valdez

Nous arrivons à la ville de Puerto Madryn, porte d’entrée de la Péninsule Valdez, au terme d’une bonne nuit de bus (les bienfaits du Cama).
Nous ne sommes pas très emballés par cette ville très touristique sans charme aux larges avenues désertes.
Nous trouvons difficilement un hôtel: la saison a commencé et les hôtels disponibles sont trop chers ou sales. Nous nous rabattons sur un dortoir de quatre lits dans un hôtel médiocre.
Mais cette recherche nous aura permis de rencontrer Laetitia et Pierrick, un jeune couple sportif de Montpellier avec lequel nous allons louer une voiture afin d’explorer plus longuement la Péninsule Valdez.

Nous partons le lendemain : le ciel est bien dégagé, une luminosité idéale pour l’observation des baleines.
Nous verrons les premiers spécimens au large d’une plage à l’entrée de la péninsule : le spectacle en bateau promet d’être magnifique.

Nous commençons notre visite du parc de la Péninsule Valdez par le très instructif « centre de visiteurs ».
Nous y verrons un impressionnant squelette de baleine : des os au niveau de la queue indique que la baleine était pourvue il y a bien longtemps de pattes arrières.
Le plus gros spécimen de baleines identifié pesait 50 tonnes et mesurait 16 mètres !

Nous pique-niquons sur une plage oubliée des touristes où nous assistons au retour au port de pêcheurs de coquilles Saint-Jacques … à cause des marées, il n’y a pas d’embarcadère ; la pêche du jour puis le bateau sont ramenés sur la plage à l’aide d’un vieux tracteur tout rouillé … spectacle assez surprenant ….


La Péninsule Valdez est une excroissance naturelle de près de 100 km de largeur et 60 km de longueur. Cette réserve naturelle, classée par l’Unesco, est le lieu d’observation privilégié de milliers d’animaux, en migration ici du fait du courant marin chaud provenant du Brésil.

Il faut rouler longtemps sur des pistes en pierres (attention à la carrosserie de la voiture de location !) afin d’atteindre les postes d’observations situés aux extrémités Nord et Est de cette langue de terre. De part et d’autre de la route, se succèdent les élevages de moutons.
Nous verrons deux énormes étendues de 25 mètres de profondeur (le point le plus bas en Argentine) : ce sont de petites salinas exploitées au 19ème siècle.

Nous arrivons en milieu d’après-midi à la seule ville de la Péninsule : Puerto Pyramide (car située à proximité d’une falaise de forme pyramidale), une charmante bourgade pleine de vie et point de départ des sorties d’observation des baleines en bateau, un moment fort de notre voyage !

L’observation des baleines en bateau est un véritable business … 6 compagnies se partagent le marché … les sorties s’enchaînent toutes les deux heures de 8h du matin à 6h du soir sans interruption … différents types de bateaux sont proposés : zodiacs, catamarans …

Nous embarquons sur un zodiac pouvant accueillir environ 50 passagers … il sera rempli aux deux tiers et mis à l’eau avec un tracteur.
A peine avions nous quitté le rivage que les premières baleines apparaissent à quelques centaines de mètres du bateau.
Nous attendons silencieux, et soudain, nous voyons la tête puis le corps massif d’une baleine sortir de l’eau à quelques mètres de notre frêle embarcation. Après un court moment de stupéfaction, c’est le délire dans le bateau !

La baleine tournera autour de nous et sortira sa tête de l’eau comme pour mieux nous observer.
Puis, l’impressionnante queue du cétacé sort de l’eau : l’animal plonge dans les eaux profondes et s’éloigne de nous.

Le spectacle est impressionnant ! nous avons de la chance de pouvoir observer de près cet animal gigantesque (10-15 mètres de long), c’est un moment unique de notre voyage.

Les baleines restent plusieurs mois dans la Péninsule Valdez afin d’y accoucher (après 12 mois de gestation) et d’y élever leurs petits (baleineau de 2 tonnes).
Nous verrons une mère avec son baleineau étroitement collé à elle : ce dernier reste jusqu’à un an avec sa maman et se nourrit de plusieurs centaines de litres de lait maternel.
La baleine adulte, elle, avale jusqu’à 1 tonne de plancton par jour.

La baleine sort de l’eau tous les 20-30 mètres afin de respirer (et de rejeter de fines gouttelettes d’eau) : nous pouvons voir la tête du cétacé attaquée par les cormorans, tête pourvue de coquillages gris.

Nous observons également le jeu de séduction des baleines en groupe (la queue reste plusieurs secondes hors de l’eau et à la verticale) et moment rare, une baleine faire un saut (l’animal sort complètement de l’eau et y replonge dans une gerbe d’écume).

Notre guide est vraiment super … il communique son enthousiasme comme si cela était pour lui aussi sa première sortie … il répond aux nombreuses questions que nous ne manquons pas de poser … nous réalisons que c’est assez agréable de vendre du rêve toute la journée …

Après deux heures d’observation, nous revenons sur la plage émerveillés par le show des baleines !


Nous passons la soirée dans un bon resto de la ville à déguster des fruits de mer et boire un bon vin rouge choisi par Laetitia. Christophe n’aura jamais mangé autant de noix de Saint Jacques de sa vie …


Au cours de la journée du lendemain, nous explorons la côte Est de la Péninsule.
Les lions de mer sont très nombreux, même espèce que sur les îles Galapagos.
Nous voyons nos premiers phoques : l’animal est plus trapu (cou court) que le lion de mer mais aussi plus attachant (son cri rauque fait penser au bruit d’oiseaux).

La Péninsule Valdez est le seul endroit terrestre où il est possible d’observer les éléphants de mer. Nous en voyons plusieurs spécimens nager dans l’océan ou lézarder au soleil.
Le mâle a un nez en forme de trompe, il n’est pas très beau. Son grognement est plus puissant que celui des lions de mer.
Il peut avoir un harem de 40 femelles (le veinard !) qu’il défend vigoureusement : nous serons le témoin d’un combat entre deux mâles.

Nous voyons également beaucoup d’oiseaux au cours de la journée : des cormorans, des autruches et quelques pingouins.
Nous rentrons en soirée à Puerto Madryn et terminons la soirée dans un bon resto à vins de la ville, hip ! Nous descendrons 3 bouteilles à quatre …


Le lendemain, nous laissons Laetitia et Pierrick à Puerto Madryn et décidons de reprendre la voiture de location pour visiter les pingouins à quelques 180 km au sud de Puerto Madryn.
Punta Tombo est un cap rocheux : une réserve naturelle qui abrite la plus importante colonie de pingouins au monde. Depuis plusieurs décennies, les animaux reviennent fidèlement à cet endroit chaque année afin de préparer le nid (chaque famille a son nid qui est utilisé tous les ans) et pondre (jusqu’à deux œufs par femelle).
Le pingouin est un oiseau de petite taille (4-5 kg) qui peut vivre jusqu’à 25 ans.

La route est longue mais cette visite vaut le déplacement : le sentier traverse la zone de couvaison. Devant et derrière nous, des centaines de terriers.
Le mâle debout à l’entrée garde le nid tandis que la femelle couve.
Nous nous approchons à quelques centimètres de l’animal. Son pelage élégant, noir et blanc, brille au soleil. Il marche (rapidement) en se dandinant à droite puis à gauche : démarche irrésistible !
Au bord de la mer, les mâles pêchent en plongeant dans l’eau.


Nous ne pourrons malheureusement pas rester toute la journée dans ce parc. En effet, nous n’avons quasiment plus d’essence dans le réservoir !
En cours de matinée, lorsque nous avons quitté Trelew (la dernière grande ville avant la pampa), notre réservoir était au quart rempli. Mais, la jauge de notre voiture (une Volkswagen GOL, un modèle issu d’un croisement incertain entre une Golf et une Polo) a dégringolé en cours de route.
Stéphane aurait du prendre de l’essence à Trelew… une erreur d’appréciation (les distances sont grandes en Patagonie…).

Punta Tombo est un endroit très isolé : pas de station d’essence à moins de 100 km à la ronde. Et les voitures de location qui sont dans le parking sont récentes et munies d’un dispositif empêchant le soutirage de l’essence.
Heureusement, une famille Argentine vient à notre secours et nous revend 4 litres d’essence retrouvés dans le coffre de leur vieille Renault 18.
Il nous faut atteindre la station d’essence de Trelew, soit 120 km de route avec 4 litres d’essence plus la réserve.
Pari gagné ! au prix d’une conduite souple, lente (nous avons eu le temps d’admirer le paysage !) en débrayant dans les descentes ... une conduite économique et écologique !


Remis de nos émotions, nous quittons Puerto Madryn en soirée en direction de Mar del Plata, station balnéaire de 700 000 habitants. C’est un peu le Deauville de Buenos Aires (beaucoup d’argentins viennent y séjourner en été).


Le surlendemain, nous rejoignons Buenos Aires au terme de 5 heures de bus en « Cama Suite » : le fauteuil du bus s’allonge complètement, le luxe pour dormir !

8 octobre 2010

Les merveilles de la Patagonie Argentine

Nous quittons le Chili en début de matinée; le passage à la frontière est une simple formalité.
Nous voici en Patagonie Argentine: des paysages de pampas (de l’herbe et encore de l’herbe, idéal pour l’élevage de moutons) à perte de vue et, en arrière-plan, la chaîne de montagne andine.

Nous arrivons à El Calafate au terme de cinq heures de bus.
Le nom de cette ville provient d’un arbuste local aux baies noires proches de la myrtille.
La ville est très touristique, elle a connu un développement fulgurant grâce au tourisme du parc des glaciers. Elle reste toutefois assez charmante en grande partie grâce à l’absence d’immeubles.
La rue principale (une succession de restaurants, hôtels, casino …) montre à quel point le tourisme est davantage développé en Argentine qu’au Chili.


Le lendemain, nous nous rendons à la pépite du parc des glaciers, à deux heures d’El Calafate: le glacier Perito Moreno (en français : expert brun, drôle de nom !).

Ce monstre de glace (c’est la 4ème plus importante masse de glace au monde) est le plus spectaculaire des glaciers que nous aurons l’occasion de voir lors de notre voyage.
Sa longueur est de 15 km (le mauvais temps ne nous permettra malheureusement pas d’en apprécier sa profondeur) et sa largeur 5 km.
Mais c’est sa hauteur qui impressionne : plus de 60 mètres de glace au point le plus haut !

Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, le Perito Moreno est un glacier stable, c’est-à-dire qu’il ne se développe pas, ni ne recule.

Nous admirerons le glacier de deux manières : à bord d’un bateau (navigation vers le versant sud du glacier, le plus impressionnant) et en parcourant un réseau de passerelles (elles ont été récemment restaurées) qui offrent de très beaux points de vue à 300 mètres du glacier.
Le bateau n’est pas indispensable, les passerelles sont bien disposées et suffisent à l’observation. Il existe également une troisième possibilité : « le mini-trekking », à savoir marcher sur le glacier en groupe et avec l’équipement adéquat. Nous aurions bien aimé tenter l’expérience mais le prix nous a refroidi ;-) …

Malgré la météo capricieuse (vent, pluie et nuages qui s’accumulent entre les montagnes), nous sommes impressionnés par la taille du mur de glace et les formes variées des pics.

La glace a plusieurs couleurs:
- une couleur bleue pâle (la plus belle) : la glace est compactée sous l’effet de son poids et seule la lumière bleue (rayon de courte longueur d’onde) peut passer ;
- une couleur blanche qui est celle d’une glace aérée, non compressée (bulles d’air) dans laquelle passent les rayons de grande longueur d’onde ;
- une couleur grise qui est un mélange de glace et de terre (provenant du lit du glacier).

Lisse au fond du glacier, la glace se fendille et se casse au fur et à mesure de son avancée vers le lac (d’où les formes très particulières des pics de glace).
A l’endroit où le glacier heurte les rochers de la presqu’île où nous sommes, le mur de glace est à son niveau le plus haut.
La rivière ne peut plus s’écouler et, tous les quatre ans environ, le barrage de glace s’effondre sous la pression des eaux. Ce spectacle doit être grandiose …


Nous, nous voyons un Perito Moreno qui vit : à intervalles réguliers, des pans de glace chutent dans l’eau dans un grondement sourd (le glacier avance jusqu’à cinq mètres par jour), un spectacle impressionnant dont nous ne nous lassons pas tout au long de cette journée.

En soirée, nous prenons le bus en direction d’El Chalten, un village perdu au milieu de nulle part à trois heures trente de bus au nord d’El Calafate.
En route, nous sommes une fois de plus émerveillés par les grandes étendues arides de la Patagonie.
Mais, à l’arrivée, c’est la violence des rafales de vent qui nous surprend : plus de 75 km/h !
Nous luttons bien difficilement sacs à dos et face au vent jusqu’à parvenir enfin à la chaleureuse auberge de jeunesse que nous avions choisie.

Le lendemain, la météo est catastrophique : en complément du vent, la pluie est de la partie !
Christophe décide de rester bien au chaud à l’auberge.
Stéphane téméraire s’engage dans une randonnée de six heures vers le lac Torre, commencée avec le vent, terminée sous des trombes d’eau !
C’est un bon moyen de tester l’étanchéité de ses vêtements : mention honorable pour le coupe-vent Gore Tex, mais les chaussures de rando, pourtant également en Gore Tex sont complètement imbibées d’eau !

Le sentier passe devant une cascade qui charrie de la boue. Puis il suit une rivière qui traverse une vallée avant d’atteindre un petit lac entouré de montagnes (masquées par les nuages) et doté d’un petit glacier.
Les seuls randonneurs rencontrés sont des français ! des nantais habitués à la pluie J


Heureusement, le jour suivant nous réserve une bonne surprise : un ciel bleu, absence de vent et des températures printanières. Excellentes conditions pour randonner vers le mont Fitz Roy !

Le Fitz Roy est un énorme monolithe de granite ayant une forme pyramidale qui a été sculpté par les vents violents, par la neige et la glace. Il s’élève jusqu’à plus de 3 400 mètres d’altitude : c’est une frontière naturelle entre le Chili et l’Argentine.
A ce sujet, la frontière entre les deux pays a été établie par un traité de 1810 : la frontière est tout simplement la zone des plus haut sommets divisant les eaux entre les océans Atlantique et Pacifique (c’est plus compliqué à définir en cas de glaciers ou de lacs, d’où des tensions récurrentes entre les deux pays).

Le Fitz Roy a été conquis pour la première fois par les alpinistes français Lionel Terray et Guido Magnone en 1952.
Malgré sa faible altitude, cette montagne est réputée comme une des plus dures au monde. Le granite très compact requiert un haut niveau d'escalade et les conditions climatiques sont généralement extrêmes (vent…).
La chaîne de montagne comprend plusieurs pics dont deux portants le nom d’aviateurs français : Jean Mermoz et Antoine de Saint Exupéry.

Le sentier est magnifique : il monte une crête, puis au détour d’un rocher, une superbe vallée montagneuse apparaît : des montages harmonieusement alignées et au milieu, une rivière ; c’est un paysage féérique (cette vallée fait penser à certains paysages dessinés par Walt Disney).



Mais, nous ne sommes pas au bout de nos surprises !
Le sentier traverse une forêt et nous atteignons un mirador : la chaîne du mont Fitz Roy apparaît alors superbe en plein soleil.
Au fur et à mesure que nous marchons, nous nous approchons de cette montagne.
Le sentier est boueux et parfois même traversé par la rivière, les traces des averses de la veille. Nous aurions bien besoin de bottes !
Le paysage autour de nous est splendide ; les arbres sont en bourgeons, le sol est recouvert d’une bruyère verte, marron ou beige.

Nous commençons l’ascension du mont Fitz Roy, une montée qui n’en finit pas. Le sentier n’est pas toujours facile à suivre à cause de la neige de plus en plus présente. Les pierres chutent sous nos pas.
Mais nos efforts sont récompensés car, au sommet de la crête, nous bénéficions d’un superbe panorama sur la chaîne de montagnes avec, au pied du Fitz Roy, un lac bleuté complètement gelé.
Et nous avons, derrière nous, une vue étendue sur la chaîne andine.
Pour notre dernière randonnée de montagne en Amérique du Sud, c’est un moment que nous ne sommes pas prêt d’oublier !
Comme beaucoup d’autres randonneurs (ils sont relativement nombreux), nous déjeunons en bordure du lac gelé. Nos voisins de « table » sont un couple de Suédois avec leur enfant de 6 mois ! … assez bluffant … au détour de la conversation nous apprenons qu’ils bénéficient d’un congé parental de 15 mois (à partager entre eux) payé à 80% … eux au moins ils savent pourquoi ils payent des impôts !
Lors de la descente, nous rencontrons une famille de français plus que sportifs … ils montent avec leur ski et leur tente … ils vont dormir au pied du Fitz Roy avant de tacler la poudreuse le lendemain … plus que bluffant …

Le soir même, nous retournons à El Calafate.
Le lendemain, nous partons vers le nord de la Patagonie : plus de 20 heures de bus à traverser de la pampa à perte de vue.
Nous ferons une escale à Rio Gallegos : la ville la plus au sud du continent que nous foulerons. En fait, nous dînerons à l’hypermarché Carrefour local car il n’y a rien à faire à Rio Gallegos …

Le Chili : bilan et impressions


Voici le bilan de notre séjour de presque trois semaines au Chili.

Nous avons aimé :


- La variété des paysages du parc Torres del Paine
- La croisière vers la Laguna San Rafael
- La ville de Valaparaiso et ses pittoresques cerros
- Pucon et la très belle région des lacs


Nous avons moins aimé :


- L’accueil déplorable à San Pedro d'Atacama
- Les villes de Puerto-Montt et Punto-Arenas sans grand intérêt touristique
- Santiago, capitale sans charme


Et nous ?

Pendant plusieurs jours, nous avons été affectés par le vol en Argentine.
Puis, arrivés à Santiago, nous avons racheté la plupart de nos objets volés et, le voyage aidant, nous avons repris du poil de la bête !

Physiquement, le voyage au Chili est marqué par des rhumes, notamment Stéphane à Chiloe. Christophe a été victime d'une petite poussée urticaire à Santiago, sans doute une allergie liée à la pollution de cette ville très embouteillée (qui a dit que Paris était polluée?).
Lors de la randonnée au Parc Torres del Paine, nos jambes ont beaucoup travaillé (courbatures aux cuisses le lendemain…) et les épaules de Christophe sont restées douloureuses plusieurs jours.
Nous n'avons pas trop souffert du froid en Patagonie; il faut dire que nous avons eu de la chance avec la météo (plutôt ensoleillée). De plus, nous n'avons pas été à l'extrême sud de la Patagonie, zone où les vents sont les plus violents.


Saviez-vous que le Chili est le pays le plus long au monde : 4 300 km du Nord au Sud.
Il est 23 fois plus long que large et il a des terres sur trois continents : Amérique, Océanie (ïle de Pâques) et Antarctique.
Du fait de cette géographie particulière, le Chili offre une grande diversité de paysages mais ceux-ci ne sont pas exclusifs au pays : le désert (Atacama) est plus impressionnant en Bolivie, les montagnes de la région des lacs ressemblent aux cantons Suisses, l'Ile Chiloe fait penser à la Bretagne ou l'Irlande et la Patagonie est tout aussi belle et importante en Argentine (Glacier Perito Moreno, Mont Fitz Roy).

Les chiliens sont des gens chaleureux, sympathiques, toujours prompts à renseigner mais ils sont réservés : ils n'ont pas le tempérament volubile et "latin" des pays voisins.

Pour toutes ces raisons, nous n'avons pas été autant marqués par le Chili que par la Bolivie ou le Pérou.

Et ce, d'autant plus, que le Chili est un pays dont le développement économique est bien plus avancé que la Bolivie par exemple : le pays a un mode de vie occidentalisé, c'est sans doute rassurant mais c'est moins dépaysant et plus cher pour des globe-trotters !
La société chilienne est bien structurée, "carrée" comme en Suisse, pas de mauvaises surprises, peu de fantaisies !


Depuis le coup d'état du Général Pinochet en 1973, c'est l'ultralibéralisme qui prévaut au Chili.
Des pans entiers de l'économie ont été privatisés et sont aux mains de sociétés étrangères notamment espagnoles : le téléphone (Telefonica omniprésente), l'énergie ... (l'Espagne n'est pas aimée au Chili, en témoigne les sifflets entendus dans le stade de Santiago au moment où retentissait l'hymne Ibérique) …

Cette politique porte ses fruits : le Chili est économiquement le pays le plus dynamique de l'Amérique du sud (avec le Brésil : merci Lula).
La croissance économique est forte (4-6% par an), le taux de chômage relativement faible (8%). Le Chili est un grand pays exportateur: 1/3 de la production mondiale de cuivre (dont les cours flambent actuellement) provient du Chili mais aussi l'agro-alimentaire et la pêche. C'est un pays très ouvert aux investisseurs étrangers (de nombreuses entreprises occidentales se sont installées ici : Peugeot ...) et notamment vers les pays émergents (Chine et Inde).

Mais cette réussite économique ne doit pas masquer des grandes disparités sociales.
Aux côtés de luxueux centres commerciaux et des tours du quartier d’affaires de Santiago, 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

De tous les pays visités en Amérique latine, c’est au Chili que nous avons ressenti le plus fort patriotisme. Le drapeau chilien est partout : jardins des maisons, façades, bâtiments officiels …
Le chilien est fier de son pays et le proclame ; tout est prétexte pour chanter l’hymne national : à l’occasion des célébrations du bicentenaire, nous l’avons entendu cet hymne !


Notre traditionnel chapitre pratique : le coût du séjour touristique au Chili.
Les fauchés, passez votre chemin, le Chili est un pays cher !
Il faut prévoir un budget d’environ 40 - 50 € / jour / personne.

Quelques exemples de prix :
Nuit d’hôtel, la chambre double: autour de 15 000 pesos s / 20 euros
Repas : 4 à 5 000 pesos / 7 euros
Bus : 8 h en économique, 10 000 pesos /16 euros
Parcs nationaux (variable selon la notoriété du parc et la saison): entrée à 4 000 pesos / 6 euros


L’artisanat
n’est pas le point fort du Chili : il vaut mieux acheter des souvenirs dans les pays voisins. On retrouve d’ailleurs un grand nombre de souvenirs de Bolivie ou Pérou mais l’étiquette du prix n’est pas du tout la même !

Nous avons été agréablement surpris par la qualité de la nourriture chilienne même si du point de vue gastronomique, le Chili est loin derrière l’Argentine.
La viande est bonne, les fruits sont abondants, les pommes de terre sont elles aussi abondantes J
Ici, les confitures sont conditionnées en sachets aluminisés: écologique, économique mais pas pratique.
Les prix au supermarché sont proches de ceux en France …

Pour les touristes peureux, le Chili est probablement le pays le plus sûr en Amérique du Sud (comme en Suisse !). En effet, nous n’avons pas ressenti, lors de nos déplacements, de craintes ou d’inquiétudes particulières.


- Population : 16,3 millions d'habitants (urbaine a 84 %).
Les métis (Indiens et Européens) représentent 66 % de la population chilienne totale, les Européens 26 %, les Indiens 6 %, les autres 2 %.
- Superficie : 756 096 km² (et plus de 4 000 km de côtes).
- Densité : 22 hab./km² (en France, 110 hab./km²).
- Capitale : Santiago (5,9 millions d'habitants).
- Langues : l'espagnol est la langue officielle.
- Religion : catholique (77 %).
- Monnaie : peso (1 euro = 667 pesos en 07/2010).
- Chef d'État : Sebastián Piñera (droite) élu en janvier 2010.
- Taux de chômage : autour de 9 %.
- Sites inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco : le parc de Rapa Nui (1995) à l'île de Pâques, les églises de l'île de Chiloé (2000), le quartier historique de la ville portuaire de Valparaíso (2003) et les usines de salpêtre de Humberstone et Santa Laura (2005) près de Iquique.




Le Chili est divisé en cinq grandes régions géographiques :

- Le Grand Nord (Norte Grande) : d'Arica à Chañaral, cette région est dominée par le désert de l'Atacama, le plus aride du monde. Parallèle à la côte s'étend la cordillère, large en moyenne de 50 km et haute de 1 500 m, qui forme un obstacle à la camanchaca (brume) de l'océan. Vient ensuite une dépression longitudinale d'environ 1 000 m d'altitude. De nombreuses oasis parsèment cette immensité désertique, où de savants systèmes d'irrigation permettent aux habitants de cultiver la terre.
La cordillère des Andes suit un plan incliné qui s'élève progressivement jusqu'à 4 000 m d'altitude. Au-delà des 4 000 m, la Cordillère prend l'aspect d'un haut plateau (altiplano), parsemé de volcans et de sommets de 6 000 m.
- Le Petit Nord (Norte Chico) : de Chañaral à la rivière Aconcagua, c'est la région de transition entre les déserts du Nord et la zone de pluies du Sud. Semi-désertique et coupée par des vallées transversales, c'ets une région de grands contrastes entre la Cordillère, les déserts et les vallées fertiles. On y trouve La Serena, une des plus jolies villes du Chili. tous les 5 ans, les pluies conséquentes à la présence du courant maritime El Nino donnent lieu à un phénomène unique : le desierto florido. Conséquence des pluies exceptionnelles, le désert se couvre alors de fleurs. 
- Chili central : la vallée centrale bénéficie d'un climat méditerranéen, ce qui en fait une région très fertile, de cultures, de vignes et de fruits exotiques. S'y trouvent 75 % de la population totale et les plus grandes villes, dont Santiago et Valparaiso.
- La Araucanía et la région des Lacs : au sud de Santiago, commence la région des Lacs, couverte de forêts, de prairies et de lacs, rappelant un peu l'Autriche ou la Suisse. La superbe Araucanía est la région des Mapuches. Au large de Puerto Montt, l'île de Chiloé, la plus grande du pays, est renommée pour son climat peu clément, avec une moyenne de 60 jours de soleil par an.
- Patagonie et Terre de Feu : l'extrême sud du Chili. Régions magnifiques et sauvages où les conditions climatiques sont extrêmes. Plus on descend vers le sud, plus on trouve des essaims d'îles et d'îlots escarpés séparés par des fjords. Tout au bout, coupée du continent par le détroit de Magellan, la Terre de Feu, divisée entre le Chili et l'Argentine, est recouverte de neige d'avril à novembre.
- Reste le territoire chilien insulaire, les îles du Pacifique, dont l'île de Pâques (la plus isolée du Pacifique, à 3 760 km du Chili) et l'archipel Juan Fernández, qui se trouve à seulement 670 km de la côte.

4 octobre 2010

Les torres del Chile

Après une journée de préparation à Puerto Natales (visiter les agences, louer le matériel manquant (tente, réchaud ...), acheter des vivres …), nous sommes fin prêts pour notre dernier grand trek en Amérique du Sud : le fameux circuit W du Parc Torres del Paine.

Situé à plus de 100 km au Nord de Puerto Natales, le Parc Torres del Paine est certainement le plus beau des parcs chiliens, le plus fréquenté aussi.
Nous sommes en tout début de saison, l'hiver vient de s'achever et les touristes sont encore peu nombreux.
Ce parc reçoit chaque année près de 140 000 visiteurs essentiellement des touristes étrangers, c'est dire si cela se bouscule dans les sentiers en janvier et février ...
Par exemple, dans le refuge Los Cuernos situé à mi-parcours, nous ne serons que 7 paumés pour dîner ; il accueille en haute saison 32 personnes dans le refuge et 120 personnes dans le camping, toutes ayant réservées des semaines à l’avance !

Ce sont les fameuses tours de granit (2 200 à 2 600 mètres d'altitude) qui sont la marque de reconnaissance du parc, mais il y a aussi bien d'autres choses à voir dans cette réserve biosphère de l’Unesco de 180 000 ha de superficie.

Pour les connaisseurs du parc (où ceux qui envisagent d’y aller prochainement !), nous avons fait le circuit W (le sentier à la forme de la lettre W) d’Ouest en Est en 4 jours. Nous avons décidé de camper près des refuges afin de bénéficier d’une douche chaude et de la cuisine à disposition (luxe pour un trek!) tout en minimisant les coûts.

Le 4 octobre :
nous avons la chance de faire un mini-tour avant d’arriver aux portes du parc, ce qui nous permet de voir les fameuses Torres sans nuage mais aussi une très belle cascade avec en arrière fond une chaîne de montagnes. Une bonne entrée en matière avant notre trek.

A l’entrée du parc, il faut passer à la caisse : le droit d’entrée n’est pas donné (il a doublé, il y a 3 jours début de la saison officielle …). D’ailleurs, tout est cher dans le parc Torres del Paine : le logement sommaire en refuge est facturé 30 euros (hors location draps et couvertures). Les repas sont hors de prix, c’est pourquoi nous emportons avec nous la nourriture.

Ici comme dans tous les lieux naturels ou culturels en Amérique du sud, les étrangers payent plus que les nationaux, c’est une idée pertinente que pourrait reprendre nos gouvernants en France afin de renflouer les caisses vides.

Nous prenons un catamaran qui traverse le lac Pehoe en moins d’une demi-heure : à bord, une dizaine de randonneurs.
Du bateau, le vent souffle violemment mais le ciel est dégagé. L'eau du lac est d'un bleu clair laiteux très particulier.

Nous installons notre tente au camping du refuge Paine Grande (il est déjà 13h !) et, sans tarder, nous partons en direction du glacier Grey, la première branche du W.
La végétation est dense, nous traversons de beaux paysages de montagne.

Au loin, nous apercevons des icebergs dans un grand lac, pas de doute, nous nous approchons du glacier. Celui-ci est visible après 1h30 de marche : il est impressionnant par la superficie qu'il occupe mais aussi par le fait qu'il se jette dans le lac à deux endroits différents. Encore presque deux heures de marche dans la forêt et nous parvenons au mirador à quelques centaines de mètres du glacier, le spectacle est splendide.

Lors de notre marche dans la forêt, nous entendons des « petits coups de marteau » répétés et saccadés … après un peu de recherche, nous découvrons des piverts en plein repas … c’est très amusant à observer et à écouter …

Au retour vers le camp, la nuit tombe : nous utilisons nos lampes, heureusement que le sentier est bien balisé! Nous ne souhaitons pas nous égarer dans la nuit comme ce fut le cas lors de notre trek dans le Canyon de Colca au Pérou … surtout que, pour le coup, il n’y a pas d’habitants et nous ne rencontrons que très peu de randonneurs (nous en avons croisé seulement 4 dans l’après-midi).

C’est une bonne « introduction » : 7h ou 22 km de marche en une après-midi !



Nos voisins campeurs (que des francophones) nous préviennent, il va faire froid cette nuit ! En effet, le ciel étoilé ne retient pas la chaleur.
Il nous faut au moins 10 minutes de préparation avant de nous endormir : nous enfilons des vêtements chauds (surtout de bonnes chaussettes) puis nous entrons dans notre drap de soie, puis dans notre duvet perso puis enfin dans le duvet de location.
C'est une combinaison contraignante mais gagnante puisque nous n'avons pas eu froid, mais pas question de sortir uriner en pleine nuit !
Au petit matin, tout est gelé, -4 degrés à la montre de Christophe. Lors du démontage de la tente, nous ne sentons plus nos doigts gelés ...




Le 5 octobre :
nous prenons la direction du camp Italiano, soit une distance de 7 km. Le sentier longe le lac Skotssberg, nous avons de belles vues sur le pic acéré Bariloche.

Mais le sentier n'est pas plat et nous sommes chargés comme des mulets (notamment Stéphane qui porte la tente car Christophe frileux est bien plus pourvu en affaires personnelles). Nos jambes souffrent …
Nous sommes contents d'arriver deux heures plus tard au camp et d'y casser la croûte.

En fin de matinée, après avoir attaché nos sacs au camp, nous débutons l'ascension de la Vallée des Français (la deuxième branche du W, soit 11 km, ou 6 heures de marche ir y revuelta) : sans être chauvin, c’est sans doute le plus bel endroit du parc.
En effet, nous passons près du superbe Glacier Français : le spectacle des avalanches est quasi permanent … il ne s’écoule pas 10 minutes sans un craquement suivi d’une coulée de neige plus ou moins impressionnante … malgré plusieurs tentatives nous n’avons pas réussi à immortaliser la scène … rassurez-vous nous sommes à distance du danger…

Plus loin, nous atteignons un superbe cirque de montagnes enneigées. Au loin, nous reconnaissons la couleur bleue claire du lac Pehoe, un très beau panorama avec le soleil en prime !
De retour au camp italiano vers 17 h, nous décidons de poursuivre encore vers le refuge Los Cuernos (5km) pour la douche chaude !
Nous traversons un très beau paysage de montagne : c'est le sentier préféré de Stéphane car il offre de très belles vues sur le lac Nordenskjold (un nom aussi difficile à prononcer qu'à écrire !) et il traverse des prairies, des forêts d'épineux et même une plage de galets en granit blanc.
La beauté et la variété des paysages nous fait oublier le poids des sacs.

Après 10h de marche dont 4h avec nos gros sacs (la plus longue journée de marche), nous arrivons au crépuscule au refuge idéalement placé au bord du lac près du pic Mascara.
Très bon accueil du refuge; nous nous endormons près d'une rivière, la nuit est moins froide que la précédente.


Le 6 octobre :
nous reprenons la route avec des sacs qui s'allègent au fur et à mesure de nos repas. Notre sentier (11 km) longe le lac Nordenskjold ; Le ciel est dégagé et les couleurs sont magnifiques ... Nous avons de la chance avec la météo ! Nous apercevons à plusieurs reprises des condors planer au vent.

Nous croisons un certains nombre de randonneurs effectuant le circuit W dans l’autre sens (d’Est en Ouest) … occasions d’échanger sur les beautés mais aussi les difficultés du parcours à venir …

Lorsque nous montons vers les Torres (la dernière branche du W, 5 km), la végétation se fait plus rare et surtout un vent glacial se met à souffler, sa force va s'amplifier au cours des prochaines heures.
Nous arrivons au refuge Chileno en milieu d'après-midi, le ciel s’est assombri et le vent se fait violent.
Par chance, le refuge nous ouvre ses portes; nous sommes les premiers clients de la nouvelle saison.
Nous installons notre tente à l'abri du vent derrière le refuge: nous mettons des plaques de plâtre sur la tente afin de l'isoler du vent puissant, une vraie tente de SDF !
Ce fut une nuit courte : beaucoup de bruits bizarres, de craquements …
Au petit matin, notre tente SDF est en piteux état mais tient encore debout.


Le 7 octobre :
la météo est détestable, la pluie se met à tomber et le vent souffle en rafales. Nous tentons l'ascension vers le mirador mais, arrivés au camp Torres, il faut se rendre à l'évidence, la visibilité est quasi nulle.
Nous terminons notre trek par une descente pluvieuse jusqu'à l'entrée du parc. Le chemin est boueux et glissant et nous arrivons complètement trempés au refuge, vive la pluie en montagne !



Nous garderons en mémoire un parc aux paysages de montagne très variés (prairies, forêts, rivières, steppes), avec de superbes glaciers, des lacs aux couleurs surprenantes et une très belle chaîne montagneuse.

Nous connaissions la Patagonie des grands espaces (prairies, lacs, estancias...). Ce parc offre un autre aspect de la Patagonie qui est décidemment une belle région !

2 octobre 2010

Chiloe : la Bretagne au Chili

Longue de 200 km et large de 50 km, l'Ile Chiloe est la deuxième plus grande île du Chili.
Elle est séparée du continent par un bras de mer (une traversée de 30 minutes en bac).
L'histoire de l'île est caractérisée par l'isolement de sa population vis à vis du continent, isolement qui serait à l'origine de traditions et particularités locales fortes (dixit le guide).






L'île est réputée pour sa pluie : 300 jours par an, est-ce un record ?
Nous aurons une première journée ensoleillée (vive le réchauffement climatique!) et une deuxième journée sous un crachin à rendre le Finistère jaloux.

Nous arrivons à la ville d'Ancud en soirée sous un froid de canard (un froid humide). Nous trouvons sans trop de difficulté une charmante hospedaje (une maison en bois comme toutes les maisons de l'île, tenue par une mère de famille dynamique et organisée). Ce sera l'occasion de savourer notre deuxième meilleur petit déjeuner depuis le début de notre périple (après celui de Valparaiso ... un autre port ... coïncidence ou hospitalité habituelle ?)

Ancud est une charmante ville installée dans une jolie baie ; le paysage fait immanquablement penser à la Bretagne : la côte vallonnée, les rochers et leurs algues, les prairies bien vertes...
Les maisons multicolores en bois sont alignées le long des rues tranquilles, certaines d'entre elles sont recouvertes de tuiles en bois. 

La ville est sur la route de passage vers le Cap Horn, d'où les importantes fortifications dont le Fort San Antonio, le dernier occupé par les Espagnols. En effet, Ancud (et Chiloe dans son ensemble) restera loyal aux Espagnols jusqu'en janvier 1826 alors que le Chili sera indépendant en volonté dès 1810 (rappelez-vous les fêtes du bicentenaire à Santiago, le 18 septembre 2010) et dans les faits en 1821.

Ancud s'est fortement développée au 19ème siècle grâce au commerce maritime ... son activité a décliné à partir de la construction du canal de Panama (achevé en 1914).
Ce déclin s'est accentué au 20ème siècle avec l'essor de Puerto Montt (port d'en face situé sur le continent et relié au reste du pays par chemin de fer).
Ancud a été la capitale de la Province Chiloé de 1767 à 1982, depuis elle a cédée sa place à Castro ...

Ancud est un port : nous allons donc manger du poisson ! 
C'est un plat que nous avions délaissé depuis notre turista en Bolivie avec l'épisode de la truite de Copacabana.
Nous dégustons donc au dîner la spécialité locale : le Curanto. Il s'agit d'un mélange de coquillages (énormes moules, palourdes), de porc, de poulet et de pomme de terre. C'est gastronomiquement discutable ... mais c'est très bourratif, de quoi remplir l'estomac du marin affamé (surtout que, Christophe n'aimant pas les fruits de mer, Stéphane bénéficie d'une double part !).
Nous mangeons aussi, au déjeuner suivant, une autre spécialité du cru : le Kutanto : il s'agit de tranches de saumon servies avec une épaisse couche de fromage fondu (le fromage en Amérique du Sud qui n'a pas de goût) avec des saucisses et des pommes de terre, très bourratif ...
La pomme de terre vient d'Amérique du Sud mais plus précisément de l'île Chiloe ! (d'ailleurs on rencontre des restaurants entièrement dédiés à la pomme de terre sous toute ses formes ... un peu comme le maïs au Pérou). Par ailleurs, le sud de l'ile est spécialisé en élevage de saumon d'où le Kutanto.

Le lendemain, nous nous rendons en bus à la nouvelle capitale de la Province : Castro. Nous traversons des paysages de vertes prairies et d'arbustes jaunes : tous les genêts sont en fleurs !
La ville de Castro est plus animée et touristique qu'Ancud. 
La cathédrale San Francisco vaut le détour : c'est la première fois que nous visitons une église tout en bois (enfin presque, il n'a pas échappé à la curiosité de Christophe que les piliers de la nef sont en pierre recouverts de bois). Son aspect extérieur est assez défraichi : la peinture jaune et bleue du clocher est attaquée par la mousse.
Par contre, l'intérieur tout en bois verni (pilier, sol, mur, toit) est sobre et beau.
Depuis sa première construction au 17ème siècle, l'église a été incendiée et reconstruite cinq fois en bois : c'est de l'entêtement !
Cette cathédrale comme quatorze autres églises de l'île est classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Les églises de Chiloe sont toutes construites suivant la même architecture : un porche avec des piliers, une façade en tuiles de bois, une nef en forme de hangar, un haut clocher qui sert de signalement aux marins et un intérieur tout en bois. Ce qui change c'est la couleur et la forme du porche. Nous aurons l'occasion d'en visiter une lors de notre passage à Chonchi (un village côtier proche de Castro).

A Chonchi, se rencontre une autre originalité de l'habitat local : les "maisons triangle". Il s'agit d'une maison au toit très pentu qui va du plancher au plafond avec une seule ouverture à l'avant ... Vu de dehors, l'espace de vie semble minuscule, nous n'avons pas pu le vérifier  !

L'autre particularité de Castro sont les Palafitos : des maisons colorées de pêcheurs en bois sur pilotis. Singulière idée que de construire des maisons dans un endroit humide, sale et à l'odeur nauséabonde ... et pourtant ce n'est pas la place qui manque ! (nous ne sommes pas à Monaco). D'un point de vue moins pragmatique de visiteur, c'est assez charmant et photogénique.

Nous terminons notre découverte de l'île par le parc naturel de Chiloe situé à l'ouest près de Cucao. Nous sommes frappés par l'isolement et le silence de cet endroit sauvage qui fait irrésistiblement penser à l'Irlande.
Nous entrons dans une forêt vierge balisée par la Conaf, un parcours éducatif.
Puis, les pieds dans la boue et sous un crachin interminable, nous nous rendons à la plage. L'océan Pacifique est déchaîné ...

Notre escale à Chiloe (bien que de courte durée) a été reposante, un bon bol d'air iodé et revivifiant. Nous avons apprécié l'accueil des habitants, notamment à Ancud.
Mais nous n'avons pas été réellement dépaysés par rapport au Chili.
Après une escale dans un hôtel glauque de Puerto Montt, nous nous rendons, en avion (avec Skyairline) en Patagonie du sud.
Nous nous rappellerons de l'atterrissage mouvementé à l'escale de Coyhaique: notre Airbus A320 parvient difficilement à accrocher la piste à cause de vents violents. Le pilote posera la roue gauche de l'avion en premier !

Nous ne resterons que deux heures à Punto Arenas, la plus grande ville chilienne du sud, sans charme.
Et en plus, tout est fermé ce samedi après-midi !
Nous rejoignons Puerto Natales en fin de journée avec la plus ancienne compagnie de bus de Patagonie (les bus Fernandes). L'occasion de traverser les paysages plats et arides de cette région.

Puerto Natales est une petite cité du bout du monde, base idéale afin de préparer notre trek au parc Torres del Paine voisin. En effet, on y trouve un supermarché bien achalandé, des agences de locations de matériels, des agences touristiques, des compagnies de bus ...
Seul problème, nous sommes dimanche et la saison touristique n'a pas encore commencé : la plupart des magasins sont fermés et les bus tournent au ralenti ... Mais grâce à Internet, à l'ouverture de certaines agences en milieu d'après-midi et à nos deux cerveaux, nous organisons un séjour inoubliable dans le parc ...