4 octobre 2010

Les torres del Chile

Après une journée de préparation à Puerto Natales (visiter les agences, louer le matériel manquant (tente, réchaud ...), acheter des vivres …), nous sommes fin prêts pour notre dernier grand trek en Amérique du Sud : le fameux circuit W du Parc Torres del Paine.

Situé à plus de 100 km au Nord de Puerto Natales, le Parc Torres del Paine est certainement le plus beau des parcs chiliens, le plus fréquenté aussi.
Nous sommes en tout début de saison, l'hiver vient de s'achever et les touristes sont encore peu nombreux.
Ce parc reçoit chaque année près de 140 000 visiteurs essentiellement des touristes étrangers, c'est dire si cela se bouscule dans les sentiers en janvier et février ...
Par exemple, dans le refuge Los Cuernos situé à mi-parcours, nous ne serons que 7 paumés pour dîner ; il accueille en haute saison 32 personnes dans le refuge et 120 personnes dans le camping, toutes ayant réservées des semaines à l’avance !

Ce sont les fameuses tours de granit (2 200 à 2 600 mètres d'altitude) qui sont la marque de reconnaissance du parc, mais il y a aussi bien d'autres choses à voir dans cette réserve biosphère de l’Unesco de 180 000 ha de superficie.

Pour les connaisseurs du parc (où ceux qui envisagent d’y aller prochainement !), nous avons fait le circuit W (le sentier à la forme de la lettre W) d’Ouest en Est en 4 jours. Nous avons décidé de camper près des refuges afin de bénéficier d’une douche chaude et de la cuisine à disposition (luxe pour un trek!) tout en minimisant les coûts.

Le 4 octobre :
nous avons la chance de faire un mini-tour avant d’arriver aux portes du parc, ce qui nous permet de voir les fameuses Torres sans nuage mais aussi une très belle cascade avec en arrière fond une chaîne de montagnes. Une bonne entrée en matière avant notre trek.

A l’entrée du parc, il faut passer à la caisse : le droit d’entrée n’est pas donné (il a doublé, il y a 3 jours début de la saison officielle …). D’ailleurs, tout est cher dans le parc Torres del Paine : le logement sommaire en refuge est facturé 30 euros (hors location draps et couvertures). Les repas sont hors de prix, c’est pourquoi nous emportons avec nous la nourriture.

Ici comme dans tous les lieux naturels ou culturels en Amérique du sud, les étrangers payent plus que les nationaux, c’est une idée pertinente que pourrait reprendre nos gouvernants en France afin de renflouer les caisses vides.

Nous prenons un catamaran qui traverse le lac Pehoe en moins d’une demi-heure : à bord, une dizaine de randonneurs.
Du bateau, le vent souffle violemment mais le ciel est dégagé. L'eau du lac est d'un bleu clair laiteux très particulier.

Nous installons notre tente au camping du refuge Paine Grande (il est déjà 13h !) et, sans tarder, nous partons en direction du glacier Grey, la première branche du W.
La végétation est dense, nous traversons de beaux paysages de montagne.

Au loin, nous apercevons des icebergs dans un grand lac, pas de doute, nous nous approchons du glacier. Celui-ci est visible après 1h30 de marche : il est impressionnant par la superficie qu'il occupe mais aussi par le fait qu'il se jette dans le lac à deux endroits différents. Encore presque deux heures de marche dans la forêt et nous parvenons au mirador à quelques centaines de mètres du glacier, le spectacle est splendide.

Lors de notre marche dans la forêt, nous entendons des « petits coups de marteau » répétés et saccadés … après un peu de recherche, nous découvrons des piverts en plein repas … c’est très amusant à observer et à écouter …

Au retour vers le camp, la nuit tombe : nous utilisons nos lampes, heureusement que le sentier est bien balisé! Nous ne souhaitons pas nous égarer dans la nuit comme ce fut le cas lors de notre trek dans le Canyon de Colca au Pérou … surtout que, pour le coup, il n’y a pas d’habitants et nous ne rencontrons que très peu de randonneurs (nous en avons croisé seulement 4 dans l’après-midi).

C’est une bonne « introduction » : 7h ou 22 km de marche en une après-midi !



Nos voisins campeurs (que des francophones) nous préviennent, il va faire froid cette nuit ! En effet, le ciel étoilé ne retient pas la chaleur.
Il nous faut au moins 10 minutes de préparation avant de nous endormir : nous enfilons des vêtements chauds (surtout de bonnes chaussettes) puis nous entrons dans notre drap de soie, puis dans notre duvet perso puis enfin dans le duvet de location.
C'est une combinaison contraignante mais gagnante puisque nous n'avons pas eu froid, mais pas question de sortir uriner en pleine nuit !
Au petit matin, tout est gelé, -4 degrés à la montre de Christophe. Lors du démontage de la tente, nous ne sentons plus nos doigts gelés ...




Le 5 octobre :
nous prenons la direction du camp Italiano, soit une distance de 7 km. Le sentier longe le lac Skotssberg, nous avons de belles vues sur le pic acéré Bariloche.

Mais le sentier n'est pas plat et nous sommes chargés comme des mulets (notamment Stéphane qui porte la tente car Christophe frileux est bien plus pourvu en affaires personnelles). Nos jambes souffrent …
Nous sommes contents d'arriver deux heures plus tard au camp et d'y casser la croûte.

En fin de matinée, après avoir attaché nos sacs au camp, nous débutons l'ascension de la Vallée des Français (la deuxième branche du W, soit 11 km, ou 6 heures de marche ir y revuelta) : sans être chauvin, c’est sans doute le plus bel endroit du parc.
En effet, nous passons près du superbe Glacier Français : le spectacle des avalanches est quasi permanent … il ne s’écoule pas 10 minutes sans un craquement suivi d’une coulée de neige plus ou moins impressionnante … malgré plusieurs tentatives nous n’avons pas réussi à immortaliser la scène … rassurez-vous nous sommes à distance du danger…

Plus loin, nous atteignons un superbe cirque de montagnes enneigées. Au loin, nous reconnaissons la couleur bleue claire du lac Pehoe, un très beau panorama avec le soleil en prime !
De retour au camp italiano vers 17 h, nous décidons de poursuivre encore vers le refuge Los Cuernos (5km) pour la douche chaude !
Nous traversons un très beau paysage de montagne : c'est le sentier préféré de Stéphane car il offre de très belles vues sur le lac Nordenskjold (un nom aussi difficile à prononcer qu'à écrire !) et il traverse des prairies, des forêts d'épineux et même une plage de galets en granit blanc.
La beauté et la variété des paysages nous fait oublier le poids des sacs.

Après 10h de marche dont 4h avec nos gros sacs (la plus longue journée de marche), nous arrivons au crépuscule au refuge idéalement placé au bord du lac près du pic Mascara.
Très bon accueil du refuge; nous nous endormons près d'une rivière, la nuit est moins froide que la précédente.


Le 6 octobre :
nous reprenons la route avec des sacs qui s'allègent au fur et à mesure de nos repas. Notre sentier (11 km) longe le lac Nordenskjold ; Le ciel est dégagé et les couleurs sont magnifiques ... Nous avons de la chance avec la météo ! Nous apercevons à plusieurs reprises des condors planer au vent.

Nous croisons un certains nombre de randonneurs effectuant le circuit W dans l’autre sens (d’Est en Ouest) … occasions d’échanger sur les beautés mais aussi les difficultés du parcours à venir …

Lorsque nous montons vers les Torres (la dernière branche du W, 5 km), la végétation se fait plus rare et surtout un vent glacial se met à souffler, sa force va s'amplifier au cours des prochaines heures.
Nous arrivons au refuge Chileno en milieu d'après-midi, le ciel s’est assombri et le vent se fait violent.
Par chance, le refuge nous ouvre ses portes; nous sommes les premiers clients de la nouvelle saison.
Nous installons notre tente à l'abri du vent derrière le refuge: nous mettons des plaques de plâtre sur la tente afin de l'isoler du vent puissant, une vraie tente de SDF !
Ce fut une nuit courte : beaucoup de bruits bizarres, de craquements …
Au petit matin, notre tente SDF est en piteux état mais tient encore debout.


Le 7 octobre :
la météo est détestable, la pluie se met à tomber et le vent souffle en rafales. Nous tentons l'ascension vers le mirador mais, arrivés au camp Torres, il faut se rendre à l'évidence, la visibilité est quasi nulle.
Nous terminons notre trek par une descente pluvieuse jusqu'à l'entrée du parc. Le chemin est boueux et glissant et nous arrivons complètement trempés au refuge, vive la pluie en montagne !



Nous garderons en mémoire un parc aux paysages de montagne très variés (prairies, forêts, rivières, steppes), avec de superbes glaciers, des lacs aux couleurs surprenantes et une très belle chaîne montagneuse.

Nous connaissions la Patagonie des grands espaces (prairies, lacs, estancias...). Ce parc offre un autre aspect de la Patagonie qui est décidemment une belle région !

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