La province de Misiones est une sorte d’enclave au Nord-Est de l’Argentine entre le Paraguay et le Brésil.
A l’extrémité nord de cette province, sont situées les fameuses chutes d’Iguazu, les chutes les plus grandes et impressionnantes du monde.
Nous connaissions les chutes du Niagara aux USA (en forme de « cuvette de toilette géante lol »), Stéphane connaissait les chutes Victoria en Zambie, il nous fallait voir les chutes d’Iguazu avant de quitter le continent sud-américain !
En partant de Buenos Aires, le trajet en bus est long (16 heures) mais il permet de se rendre compte du changement de paysage et de climat.
Au fur et à mesure de l’avancée du bus, nous entrons dans une jungle profonde, la terre est de couleur rouge et l’atmosphère ambiante est chaude et humide.
Les chutes d’Iguazu sont inscrites au patrimoine naturel de l’humanité de l’Unesco depuis 1984. Il s’agit non pas d’une chute mais d'un ensemble de 275 cascades formant un front de 2,5 kilomètres environ dans la forêt tropicale, à la frontière de trois pays : l’Argentine, le Brésil et le Paraguay.
Ces chutes déversent plusieurs milliers de litres d’eau dans un grondement permanent et ce jusqu’à 90 mètres de hauteur !
Nous logeons dans un petit hôtel de la charmante ville de Puerto Iguazu où nous arrivons en début de matinée (après nos 16 heures de bus !), juste à temps pour prendre le petit déjeuner. Et là, Christophe tombe nez à nez avec Marc, un invité qui partageait sa table lors du mariage de Vincent et Stéphanie, le 12 juin dernier … décidemment que le monde est petit … Après avoir laissé nos affaires à l’hôtel, nous partons explorer les chutes au niveau du versant argentin où sont concentrées la majorité des cascades.
Plusieurs circuits de visites ont été aménagés au milieu de la forêt et au-dessus des différentes branches du fleuve, via différentes passerelles : le circuit supérieur permet d’observer les chutes du dessus, de s’y approcher à quelques mètres alors que le circuit inférieur offre une vue d’ensemble des chutes et permet également de se doucher (brumisateurs géants).
Au passage, nous saluons le travail efficace de préservation des sites naturels gérés par l’administration des parcs nationaux argentins : les bâtiments administratifs sont discrets, les sentiers correctement balisés, les lieux sont propres malgré la forte affluence.
Le circuit supérieur est bien encombré par les touristes des tours opérateurs. Nous nous frayons tant bien que mal un passage dans la foule.
Le spectacle est superbe : devant nous, un panorama à 180° des nombreuses chutes qui jaillissent de la forêt tropicale dense. En ce début de printemps, le débit de l’eau est particulièrement élevé. Nous nous en rendrons compte en nous approchant d’une des chutes : certes, l’eau n’est pas profonde mais le débit lui est rapide et le bruit continu.
Après la traditionnelle séance photos et film (très sympa à voir en film), nous descendons vers le circuit inférieur. Ce circuit est plus long, le sentier monte : cela suffit à décourager la plupart des touristes et du coup, nous sommes presque seuls à certains endroits ; les chutes sont pour nous !
Vue d’en bas, les chutes ont deux étages : le panorama d’ensemble est grandiose.
Au loin, nous distinguons la cascade la plus impressionnante : La Garganta del Diablo (700 m de long et 150 m de large).qui charrie une quantité phénoménale d’eau. Dans sa chute, l’eau forme un voile de fines gouttelettes d’eau de plusieurs dizaines de mètres de haut, voile à l’origine de l’arc en ciel très photogénique lui aussi.
La passerelle s’approche à quelques mètres de la cascade Bosseti : devant nous, un mur d’eau impressionnant de presque 50 mètres de hauteur et une dizaine de mètres de large, un grondement permanent au moment où l’eau entre en contact avec le lac. Pour se doucher, c’est l’endroit idéal ! pour photographier, c’est plus difficile …
Nos sandwichs consommés, nous nous baladons dans la forêt dense qui entoure les cascades : nous y verrons un tapir, une sorte de renard au long nez. Mais aussi des lézards de très grande taille avec une langue rose similaire à celle des serpents.
Mais surtout, nous admirerons un toucan, l’oiseau emblématique du parc. C’est un superbe oiseau aux yeux bleus et au bec jaune et rouge démesurément long.
Mais la journée passe trop vite et le parc ferme tôt. Nous nous rendons en petit train (cela fait très touriste à la Disneyland) vers le Nord du parc ; puis nous empruntons un long sentier de passerelles qui surplombent le delta.
Nous sommes à quelques mètres de la cascade la plus impressionnante, la Garganta del Diablo, 90 mètres de haut !
Le spectacle est bluffant : des litres et des litres d’eau qui dégringolent dans un fracas permanent, un grondement si puissant qu’il faut crier pour se faire comprendre.
Et lorsque le vent tourne, nous recevons le voile de gouttelettes d’eau, c’est le déluge sur nos têtes ! A intervalles réguliers, se font et se défont les arcs en ciel.
Ces chutes sont réellement une merveille naturelle et valent vraiment le déplacement.
Le lendemain, Christophe, qui aime tant ces chutes, se rend au Brésil pour les admirer du côté brésilien. Il en profite pour glaner un tampon supplémentaire sur son passeport et un billet de plus pour sa collection. C’est uniquement du côté Brésilien où l’on peut avoir une vue d’ensemble des 2,5 kilomètres de front d’eau que forment les chutes.
Par contre, on est beaucoup plus loin des chutes … sauf pour … et c’est là le clou de la visite du côté Brésilien … la Garganta del Diablo … à la fin du circuit, vous terminez littéralement à l’intérieur de cet ensemble circulaire de cascades de plus de 90m de haut ! On ne s’en lasse pas.
En fin d’après-midi, Christophe rejoint Stéphane afin de visiter la mission Jésuites de San Ignacio de Mini (patrimoine mondial de l’Unesco).
Popularisées par le film « Mission », les missions ou « reducciones » se sont implantées en Argentine, Paraguay et Brésil au début du 16ème siècle et ont vécu pendant presque 150 ans isolées du monde extérieur.
A l’origine de ces missions, le désengagement du pouvoir espagnol face à la fronde des indiens Guaranis surexploités par les colonisateurs ; au profit des jésuites.
Ces derniers mettent en place des cités regroupant jusqu’à 140 000 indiens christianisés, cités autonomes et indépendantes du pouvoir moyennant le paiement d’une redevance.
L’organisation rigoureuse assurera le succès de ces missions autosuffisantes : la production agricole est consommée ou revendue à l’extérieur, la journée de travail (agriculture, artisanat) ne dure que 6 heures (le rêve !) puis les habitants vaquent à leurs loisirs (tir à l’arc, musique …).
Mais surtout, les règles de fonctionnement sont très innovantes pour l’époque : la peine de mort est abolie, les paysans travaillent la terre commune et la production est équitablement répartie. En complément de l’autorité religieuse assurée par les prêtres jésuites, les indiens ont la responsabilité du village (autorité judiciaire).
Ce principe d’égalité se retrouve dans le cimetière (indiens et prêtres sont enterrés au même endroit), la langue parlée est le Guarani (les frères Jésuites l’apprennent plutôt que d’imposer l’Espagnol), certaines traditions indiennes sont maintenues …
Malheureusement, en 1759, un nouveau roi espagnol parvient au pouvoir : il ne tolère pas ces missions, des « états » dans l’état. Il s’ensuivra une période troublée de guerres (des milliers d’indiens sont massacrés) et la disparition des missions.
Plusieurs missions peuvent se visiter en Argentine et au Paraguay.
La mission de San Ignacio implantée au cœur du village du même nom est la plus grande et la mieux conservée de toutes. Ce sont néanmoins des ruines que l’on visite puisque les toits et certains pans de murs n’ont pas résisté aux guerres et aux intempéries naturelles.
A l’entrée, dans un petit pavillon, une petite maquette de la « reduccione » est exposée et permet de mieux comprendre l’organisation de la mission: la grande place centrale est le lieu de rencontre et de cohésion du camp. Autour de cette place, nous retrouvons les habitations des indiens, la cathédrale et son cimetière, l’école, la maison des pères jésuites.
Au soleil couchant, les murs en grès rouge des maisons ou de la cathédrale en ruine prennent une superbe teinte ocre.
A divers endroits, la végétation a repris ses droits : ici un arbre pousse dans une maison, là un cactus multi-centenaire se développe près d’une rambarde …
La présence de la jungle envahissante autour de ces ruines donne un air de village abandonné, un air de fin de monde …
Les fines sculptures du porche de la cathédrale sont très belles, un édifice long de 60 mètres dont le sol carrelé est l’un des rares éléments conservés. L’épaisseur du mur est supérieure à 2 mètres ! Les fenêtres à la « romaine » donnent sur la forêt vierge, contraste saisissant.
Nous déambulerons plus de deux heures dans ce lieu hors du temps.
Après le calme et la sérénité de la mission, le bruit et l’agitation de Buenos Aires, notre dernière étape en Amérique latine.
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