Le temps passe vite et il nous faut quitter la très agréable ville de Sucre car le programme au Chili et Argentine est chargé et notre avion décolle de Buenos Aires le 24 octobre !
Vers 7 h, notre bus quitte Sucre pour Potosi (3 heures de route).
Puis, nous repartons aussitôt en direction d’Uyuni au sud de la Bolivie (6 heures de route).
Nous avons eu la bonne idée de voyager en journée : nous traversons de splendides paysages montagneux.
Nous passons de plaines désertiques de sable blanc ou de rocailles à des vallées plus encaissées.
Les rochers, de couleur noire, sont d’origine volcanique.
En arrière plan, nous observons des hauts sommets enneigés.
Les cactus sont omniprésents sur les flancs des montagnes : cette région est sèche et aride. Mais, avant d’arriver à Uyuni, nous traversons une vallée recouverte d’une fine couche de neige… Il va falloir sortir sa polaire !
Uyuni est situé sur un immense plateau désertique à 3 700 m d’altitude : seuls de maigres buissons parviennent à survivre au froid et aux vents violents qui balaient cette plaine.
A l’entrée de la ville, ces buissons sont recouverts de centaines de sacs plastiques : pas très positif pour l’image d’Uyuni …
En descendant du bus, nous sommes surpris pas le vent violent et le froid.
La ville ressemble à un point de non retour : des rues droites sans fin, des trains rouillés et abandonnés en périphérie de la ville, une statue à la mode soviétique plantée près de la gare. Le temps s’est arrêté ici !
Amateurs d’architectures et de belles façades, passez votre chemin. Uyuni n’est pas pour plaire !
Nous y resterons qu’une soirée, le temps de trouver l’agence pour le tour des prochains jours au Salar de Uyuni et Sud Lipez.
Nous tentons l’auberge de jeunesse de la ville : mais celle-ci n’a rien à voir par rapport à l’AJ de Sucre. La chambre est sombre et humide, sans prise électrique (comment recharger nos batteries ?) et avec de l’eau chaude qu’à certaines heures de la journée (douche limitée à 5 minutes).
L’eau est une denrée rare dans le désert, nous apprendrons plus tard que l’approvisionnement en eau courante d’Uyuni ne se fait que le matin entre 7h et 11h.
Nous décidons de changer d’hôtel et trouvons, à proximité de la gare, un logement convenable (par rapport à ce que l’on peut trouver ici) avec douche chaude et chambre spacieuse (lit avec plusieurs couvertures, la chambre n’est pas chauffée …) dans l’hôtel Avenida.
Le guide de Routard compare cet hôtel à « Prison Break » ! Il s’agit en effet d’un long couloir avec une double rangée de cellules … pardon, de chambres de chaque côté.
Comme dans tous les hôtels des environs, la douche est électrique : c’est une sorte de gros pommeau plastique blanc fixé au plafond, plus le débit de l’eau est fort, plus la douche est froide.
Lors de la tournée des agences, nous découvrons que l’organisation du tour est assez rigide quelque soit l’agence.
6 personnes dans le 4x4 (deux passagers seront au milieu, pas pratique pour les photos … heureusement nous alternerons très fréquemment), parcours unique et chargé le 3ème jour (debout a 5h du matin et franchissement de la frontière en cours de matinée). Le tour de 4 jours que nous voulions faire n’est pas intéressant car la journée supplémentaire est consacrée à la grimpette (2h) du volcan Tunupa au bord du Salar.
Lorsque les jeeps ne sont pas complètement remplies, les agences s’échangent les clients.
De ce fait, les coûts sont optimisés et le tarif final est très raisonnable : 85 dollars
Nous changeons tous nos plans et décidons de faire un tour de 3 jours avec, en fin de parcours, le passage de la frontière Bolivie Chili.
Nous choisissons une agence qui nous paraît sérieuse : c’est toujours hasardeux de choisir une agence parmi des centaines d’autres tant leurs prestations sont identiques. Il reste alors le feeling et le détail qui fera la différence : notre agence a de bonnes cuisinières (c’est important de bien manger lorsqu’il fait froid !).
Quelle nuit froide dans notre hôtel sans chauffage mais avec un nombre élevé de couvertures ; record de température battu : 12 C.
Le plus difficile est de se lever au petit matin pour la douche chaude : il faut enfiler ses vêtements, aller voir le responsable de l’hôtel afin qu’il déverrouille le cadenas de la douche commune (pas de douche entre 21h et 7h du mat.) et attendre patiemment en grelottant devant le pommeau de douche que la température de l’eau devienne clémente.
Sans exagérer, nous verrons, lors de notre circuit de trois jours au Sud Lipez, les plus beaux paysages d’Amérique latine ! Pourquoi ?
Ce qui frappe le visiteur, c’est l’impression d’immensité : de larges étendues arides et sauvages sans présence humaine ; le Salar du Uyuni est immense comme deux départements français, du blanc à perte de vue !
C’est également une région très variée : le Salar bien sur mais aussi les volcans, les pics enneigés, les immenses vallées désertiques, les déserts, les geysers, les rochers au milieu du désert et les lacs ! et des couleurs magnifiques !
Les lacs colorés, à l’ombre de volcans qui offrent des paysages à couper le souffle.
Mais voici le récit de notre excursion dans le Salar de Uyuni et Sud Lipez :
C’est le grand départ ce 4 septembre en milieu de matinée : nous quittons Uyuni avec nos 5 litres d’eau chacun et nos appareils photo rechargés.
Nous sommes accompagnés d’un couple d’américain (Jaz et sa compagne) et d’un couple d’anglais (Nicola et Theo), entre 25 et 30 ans. Nous pratiquerons l’anglais pendant tout le circuit ! Christophe est aux anges, Stéphane découvre les subtilités de vocabulaire et d’accents entre l’ancien et le nouveau monde !
Nous allons bien nous entendre avec eux, sportifs, aimant les grands espaces, bon buveur de vin en soirée (même si le vin bolivien n’est pas des meilleurs …).
Premier arrêt en périphérie de la ville :
le cimetière de trains.
Un spectacle de fin du monde !
Dans le désert, nous y voyons des locomotives à vapeur rouillées et ensablées (roues à moitié dans le sable) avec, à l’arrière, les wagons également rouillés : des wagons citernes portant encore le sigle d’une compagnie bolivienne…
L’ensemble est abandonné à proximité de la voie de chemin de fer reliant la Bolivie au Chili. Ces trains transportaient vers la côte les minerais dont regorgent le sous-sol bolivien (cuivre, argent…). Le développement du transport par camion, les guerres, l’épuisement des filons ont tué le transport ferroviaire.
Un lieu étrange, très touristique aussi (Stéphane a compté plus de 50 jeeps garées !) qui vaut vraiment le détour.
Nous partons en direction du Salar de Uyuni.
Petite escale touristique dans un village pour voir (plutôt qu’acheter tant c’est laid) de l’artisanat local. Les maisons sont construites en briques de sel : de couleur beige-gris veinées de stries noires.
Le Salar de Uyuni est une immense étendue de sel (12 500 km² : c’est visible de l’espace) et d’une épaisseur moyenne de 8 mètres. Situé à 3 700 mètres d’altitude, le Salar est le vestige d’un immense lac d’eau de mer préhistorique qui s’est depuis asséché.
Cette région représente un tiers des réserves mondiales de lithium, le constituant essentiel des batteries des voitures électriques de demain.
Notre 4 x 4 traverse de vastes étendues blanches.
Au bleu du ciel et au blanc du désert de sel s’ajoutent des images étonnantes : par effet de la réverbération, nous avons l’impression que les montagnes des alentours flottent dans les airs.
A certains endroits recouverts par une fine couche d’eau, le reflet du ciel sur le Salar donne une impression étrange d’imaginer voir l’infini car le bleu du ciel et son reflet ne font qu’une seule image.
Le sol est soit humide (la forte concentration en sel empêche l’évaporation de l’eau présente en profondeur) soit sec et craquelé (en forme hexagonale). Il vaut mieux porter des lunettes de soleil à fort indice de protection car la luminosité est très élevée.
Nous faisons une pause photo où nous imaginons des effets d’optiques aux résultats étonnants ! Bourriquet est notamment mis à contribution.
Nous déjeunons sur
l’île Pescado (pêcheur): il s’agit d’un îlot rocailleux (rochers ocre) curieusement « planté » au milieu du Salar et pourvu de centaines de cactus géants aux formes étranges et atteignant jusqu’à 10 mètres de hauteur … soit des centaines d’années de « pousse » …
En bon français, nous escaladons l’île par l’arrière en évitant de payer les droits d’entrée ! Le panorama sur le Salar avec les cactus au premier plan est exceptionnel !
Après un repas avec de la viande de lama au menu (cela ressemble à la viande de porc avec plus d’os et de graisse … Christophe déteste et regrette la viande d Alpaga oh combien plus tendre), nous partons vers un endroit où sont extraits du sol des briques de sel : elles serviront à construire les maisons des environs.
Nous visitons le fameux « hotel de sal », hôtel en briques de sel situé en plein milieu du Salar … impressionnant … nous avons envie de le tester, mais malheureusement, afin d’éviter toute pollution du Salar, il s’agit désormais d’un musée ! Quelle frustration.
Elle ne durera pas longtemps puisque notre refuge de la nuit est lui aussi construit en briques de sel, avec du sel grossier au sol et des lits en sel ! Un bémol, notre cuisinière a oublié la salière !
Le refuge est adossé au flanc d’une montagne avec vue directe sur l’immensité du Salar.
Stéphane profite d’une pause après le thé pour escalader la montagne et jouir d’un superbe coucher de soleil sur les montagnes et ses cactus.
La nuit ne fut pas trop froide et au petit matin, un superbe lever de soleil sur le Salar, les montagnes prennent une teinte orangée, on ne s’en lasse pas !
Nous partons explorer
le Sud Lipez.
Après une escale sans intérêt au paisible village de San Juan, nous traversons une large plaine de terre sans végétation. Nous recroisons la voie de chemin de fer Uyuni et Oruro.
Puis nous entrons dans
le Salar de Chigana, encore une vaste étendue de sel avec au loin de hautes montagnes.
Nous traversons une vallée d’une belle couleur verte (touffes d’herbes).
Nous arrivons à une vaste étendue rocheuse au pied de deux volcans : les rochers d’origine volcanique (lave pétrifiée) ont des formes étranges et offrent des points de vue unique sur les environs.
Notre 4 x 4 monte à présent une montagne, et après avoir roulé le long de deux lacs asséchés (d’une belle couleur blanche), nous arrivons au
lac Canapa.
Au pied d’un grand volcan, le lac d’une belle couleur bleue foncée est peuplé de centaines de flamants roses. Le rose du plumage contraste avec le bleu intense du lac, un mix de couleur à faire pâlir les photographes !
Au cours de l’après midi, nous passerons devant plusieurs lacs au couleurs différentes : le lac Hedionda d’une teinte bleu claire (les flamants très nombreux luttent contre le vent violent), le lac Honda, le lac Ramaditas et en fin de journée, le lac Colorada.
Nous traversons également un désert aride,
le désert de Siloli. C’est une vaste étendue de sable balayée par un vent violent et encadrée par de montagnes orangées et blanches.
Plus loin, dans le désert, nous escaladons des rochers sculptés par le vent et aux formes étranges (des petites lamelles et grandes dalles de pierre posées les unes sur les autres).
C’est notamment le cas de l’arbre de pierre, une sorte de champignon de pierre haut de 3 mètres et que l’on retrouve dans un tableau de Dali.
La laguna Colorada est un grand lac à 4200 mètres d’altitude dont l’eau salée est d’une belle couleur marron à rouge (couleur liée aux sédiments rouges et aux pigments d’algues et de microorganismes).
C’est un superbe lac peuplé de centaines de flamants roses. Et en arrière plan, un grand volcan.
Quel meilleur endroit pour dormir!
Tous les touristes se retrouvent dans le même refuge, une grande bâtisse avec électricité et douche chaude (à condition de payer 10 bolivianos), le luxe !
Nous passons une soirée en musique avec la guitare et le chœur du groupe d’israéliens très en verve (le vin et la bière coulent à flots). Comme prévu, la nuit fut glaciale : -10°C à l’extérieur, 2°C à la fenêtre de notre chambre non chauffée.
Sac de couchage, deux couvertures, deux combinaisons thermiques et chaussettes au pied, nous n’avons pas eu froid !
La dernière journée du trek commence à 5 heures du matin par un petit déjeuner de pancakes.
Nous partons sous un froid glacial (le radiateur de la jeep peine !) en direction
des Geysers Sol de Manana.
Notre premier geyser crache de la vapeur en permanence comme une cocotte minute : un geyser que nous traverserons héroïquement, photo à l’appui ! Nos habits en resteront imprégnés d’une odeur de souffre.
Puis, plus loin, nous traversons un parterre de geysers : ils sont moins puissants que le premier mais le reflet de la vapeur au lever du soleil est un spectacle inoubliable !
Les montagnes au sable gris et rochers blancs ajoutent une dimension « lunaire » à l’ensemble.
Après la vapeur, le bain bouillant !
Afin de nous réchauffer, nous plongeons dans une piscine naturelle d’eau chauffée à 38°C (température confirmée par la fameuse montre tour du monde). Quel plaisir que de stagner dans l’eau chaude, avec autour de nous les montagnes et une rivière où évoluent des flamants roses.
C’est si bon mais il faut sortir de l’eau et affronter le froid au moment de se rhabiller.
Nous reprenons le 4 x 4 et nous longeons
le désert de Salavador Dali : une vaste étendue de sable avec des pierres aux multiples formes posées sur le sable. Les couleurs au soleil levant sont chaudes.
Salavador Dali n’a jamais été au Sud Lipez mais s’est largement inspiré de cette région dans certaines de ses peintures.
Nous terminons notre trek par la visite de
la laguna Blanca, un lac de couleur blanche à cause de la forte concentration en minéraux (borax) de l’eau.
Juste derrière ce lac, la superbe
laguna Verde devant le majestueux volcan Licancabur (5 900 mètres) …
La couleur vert émeraude de ce lac d’eau salée est due à la haute teneur en minéraux de magnésium de ses eaux.
Encore de belles photos à prendre !
Mais nous arrivons déjà à la frontière Bolivienne et il faut dire adieu à nos compagnons de treks, à Jimmy, notre excellent chauffeur de 4 x 4 (mais peu loquace en explications) et à Mariebelle, notre cuisinière.
Le poste de frontière bolivien est une simple cabane au sommet d’un col : nous n’aurons pas à y tamponner notre passeport car nous l’avions fait à Uyuni.
Nous prenons le mini-bus et nous engageons une longue descente vers la plaine et
le désert d’Acatama soit un dénivelé de 2 000 m en 30 minutes.
Le poste frontière chilien est à l’entrée du village de San Pedro d’Acatama.
Les formalités d’entrée sont rapides et, après avoir passé nos sacs dans un détecteur rayon X (pour le cas où nous aurions des produits agricoles, grande crainte des autorités chiliennes), nous entrons au Chili sous un soleil de plomb.