La région de Dien Bien Phu est le grenier à riz du Vietnam : partout des rizières de couleur vert tendre, des terrasses construites sur les flancs escarpés des montagnes.
Les paysans exploitent avec ingéniosité et courage le moindre espace de terre, un travail de titan que de construire ces terrasses de montagne !
Dien Bien Phu (DBP) est devenu il y a quelques années la capitale administrative du Nord du pays : la bourgade s’est développée autour des administrations qui s’y sont progressivement installées.
Le centre ville n’a pas beaucoup de charme mais l’activité du marché ou des rues est très intéressante à observer. C’est un Vietnam authentique populaire loin des circuits touristiques.
Nous découvrons notamment au marché une boisson favorite des vietnamiens : l’alcool avec infusion de vers jaunes. Ceux-ci sont extraits d’une sorte de bambou.
Les pousses de bambou sont aussi très prisées. Elles sont en partie exportées du Laos voisin (notre bus entre le Muang Khua et DBP en était rempli). Nous en avons « dégusté » lors de notre trek près de Phongsaly au Laos. C’est amer…
Les vietnamiens mangent de tout et n’importe quoi : du chien, des crabes farcis, des vers et asticots de toutes formes… Lorsque nous entrons dans une restaurant local sans menu et que la patronne n’est pas capable de nous expliquer l’origine de la brochette ou du morceau de viande, nous ne prenons pas de risques : omelette et riz !
Les coiffeurs exercent sur le trottoir accrochant leur miroir et ustensiles à la façade d’un immeuble, un rebord de fenêtre où clôture de parc…
DBP est surtout connue pour nous français comme étant le lieu d’une grande bataille dans les années 50, une défaite sanglante de la France (4000 morts, 10000 prisonniers dont 1/3 seulement rentreront vivants en France) et un traumatisme pour tout le pays.
Pourquoi l’armée française a perdu la bataille de DBP et donc ses territoires en Indochine.
Il y a plusieurs raisons à cela (armée française démotivée, ennemi sous estimé…) mais il suffit de se rendre sur le terrain pour comprendre que la configuration des lieux est probablement la cause majeure de la défaite française.
Configuration du terrain de DBP |
Le camp était à la merci des canons vietnamiens installés au sommet des montagnes. Les troupes vietminh encerclent le camp et observent les moindres faits et gestes des français.
Autre inconvénient du site de DBP : son éloignement qui le rend complètement dépendant du ravitaillement aérien.
Ajoutons à cela une mobilisation très forte du peuple de paysans et d’ouvriers à l’effort de guerre. Dans le musée de la révolution que nous visiterons à Hanoi, nous verrons des photos de cortèges de paysans en train d’alimenter les soldats au front, mais aussi d’hommes qui construisent des routes et des ponts, des milliers de fourmis qui vont battre en une guerre éclair (56 jours) les impérialistes français.
Les positions françaises |
Aujourd’hui sur le terrain, il ne reste plus grand-chose de cette bataille.
Nous visitons la colline Eliane / A1 (le camp français comportait plusieurs petites collines portant des prénoms féminins), celle qui a résisté le plus longtemps aux assauts des vietminh : au sommet, près d’un char rouillé, nous entrons dans une des tranchées. Nous imaginons la vie des soldats dans ces minuscules trous attaqués par les bombes et les obus ennemis…
Plus loin, nous visitons le bunker QG des français : il s’agit d’un bâtiment de béton et de tôle enfouit sous terre et divisé en 4 pièces. Toutes sont vides hormis quelques cartes du front accrochées aux murs. Il règne dans cet endroit un profond silence ; nous avons l’impression que ce QG est encore habité par les fantômes des officiers français…
Le Monument du Souvenir français est bien discret et sobre par rapport au grand cimetière militaire vietnamien.
Aucune explication en français dans les sites visités. Surprenant, peut-être une façon de plus de nous rappeler notre défaite ?
Dès le lendemain, nous quittons DBP en minibus en direction de la ville de SAPA dans les montagnes.
Le conducteur roule très vite mais il est limité dans son élan par la qualité de la route : celle-ci en travaux sur la quasi-totalité du parcours (8 h) ! C’est bien une preuve du renouveau du Vietnam, un pays en croissance qui construit tout azimut : routes, ponts, maisons…
Les paysages de rizières en terrasses en montagne sont très beaux à voir. Au fur et à mesure que nous avançons, les montagnes en forme de pics se font plus sauvages et plus escarpées.
Peu avant Sapa, notre bus entre dans un épais brouillard, un frog qui persistera tout au long de notre séjour dans cette ville la bien nommée « la cloudy city ».
Ce brouillard a l’avantage de cacher les hôtels (barres de béton) qui poussent comme des champignons le long de la rue principale.
La ville a été dénaturée par le tourisme de masse et a perdu toute son authenticité. Les touristes étrangers sont très présents en semaine et, les week-ends, la ville est assaillie par les vietnamiens d’Hanoi.
Les touristes qui descendent la rue principale pour un pseudo trek dans la vallée sont suivis par des hordes de femmes Hmong pendant un bon moment (nous avons été suivis par 6 femmes pendant plus de 2 heures, très bucolique !). Issues des villages voisins, ces femmes sont de redoutables commerçantes : en très bon anglais (certaines ont reçu des cours dispensés par des ONG), elles tentent de vous vendre (et y arrivent !) leurs souvenirs ou leurs services.
Nous comptions faire un trek de 2 jours dans la vallée principale vers le Sud en direction de Giang Ta Chai. Certes, le sentier offre de très beaux points de vue sur la vallée constituée de multiples terrasses de rizières en étages successifs.
Mais la traversée des villages (notamment celui de Ta Van) est un cauchemar pour les visiteurs en quête d’authenticité : successions de boutiques de souvenirs et d’hôtels.
Du coup, nous avons décidé de prendre le train de nuit pour Hanoi le soir même !
Heureusement que, la veille, nous avions été nous balader au Nord de Sapa en direction du village de Ta Phing. C’est une promenade bien sympathique, sans touristes qui commence par la vraie vie des faubourgs de Sapa (maisons en argile, garde d’enfants, panneaux informatifs sur l’alimentation …) pour très vite se retrouver au milieu de rizières labourées par des buffles (ou par des machines pour les paysans les plus riches) avant la plantation du riz.
Peu après le village de Matra, nous nous sommes incrustés dans une famille pour y déjeuner des noodles à la crevette pimentée.
Au fur et à mesure de notre avancée, la visibilité a décru (brouillard) et le sol est devenu de plus en plus boueux : nos chaussures s’enfoncent complètement dans la boue, ce sont de bottes qu’il nous faudrait !
Comme dans la province de Phongsaly au Laos, les femmes de l’ethnie Hmong sont habillées d’une tunique noire finement brodée. Dans le village (hautement touristique) de Ta Phing, c’est l’ethnie Zao qui prédomine : les femmes portent un bonnet rouge sur la tête qui semble s’épaissir avec l’âge.
Nous ne verrons pas, faute de temps, l’ethnie Zay.
Un routard nous a soufflé le bon plan pour voir les ethnies tranquillement : se rendre au village de Bac Ha à une cinquantaine de kilomètres de Sapa, à visiter lors d’un prochain voyage !
Nous avons pris le train de nuit vietnamien, un autre bon plan : il est ponctuel, confortable, sécurisant et relativement bon marché. Nous avons pu dormir correctement contrairement à la plupart des bus asiatiques de nuit.
Et au petit matin, nous sommes au cœur d’Hanoi.
Bravo TONTON pour la 3e fois !
RépondreSupprimerBisous et profitez-bien de votre périple...jusqu'au bout ...qui approche... ! Tantine