L’aéroport international de Rangoon est de petite taille et le trafic passager y semble peu élevé.
Cela nous permet d’obtenir rapidement nos bagages après avoir passé la douane (simple formalité puisque nos visas avaient été établis à Bangkok).
Première surprise dans le taxi en route pour le centre ville : le volant de la vieille guimbarde, sans compteur kilométrique, est à gauche alors que les birmans roulent (en théorie) à droite.
Le chauffeur de taxi nous explique que le changement de sens de circulation est relativement récent (20 ans) et que les anciennes voitures, dont la sienne, sont autorisées à circuler même si le volant est mal situé. En fait, la Birmanie est le marché d’occasion des voitures japonaises, pays où l’on roule à gauche …
Notre hôtel nommé White House n’a de commun avec la Maison Blanche de Washington DC que le nom ! La façade décrépie est partiellement masquée par la végétation. Les murs de notre chambre sont faits de bric et de broc, le plafond culmine à 2 mètres et surtout il n’y a pas de fenêtre. Mais le petit déjeuner est bon et copieux, tout cela pour 15 $.
En Birmanie, les hébergements, certains transports et les accès aux sites (pagodes…) doivent être payés en dollars US. Comme le pays est totalement dépourvu de distributeurs automatiques de billets et qu’aucune banque ou autres organismes n’acceptent la carte bancaire (embargo des USA), tout doit être payé en cash !
Il faut donc entrer dans le pays avec la somme nécessaire en dollars US, les billets doivent être neufs (ou en excellent état) et le numéro de série ne doit pas commencer par CB (série de billets contrefaits).
Certains de nos billets sont trop pliés, d’autres sont tâchés (ils sont restés trop longtemps dans notre ceinture à billets et ont pris l’humidité) : ces dollars sont systématiquement refusés par les Birmans.
Il va nous falloir être mesuré dans nos dépenses afin de tenir notre budget, un budget que nous avons quelque peu sous-estimé : les prix (et notamment le pétrole) ont beaucoup monté depuis la parution de notre guide …
Le surlendemain, nous nous rendons légèrement inquiets au marché Bogyoke Aung afin d’y changer une partie de nos dollars en Kyats.
En Birmanie, le change se fait dans la rue car le cours officiel est très désavantageux : 1 dollar = 6,4 Kyats contre 850 kyats dans la rue (avec de grosses coupures de 100$. En effet, nous avons été surpris mais le change n’est pas le même suivant les coupures).
Scène peu ordinaire que de compter 85 billets de 1 000 kyats (billets plus ou moins déchirés et peut-être faux) et de sortir ensuite son billet de 100 dollars, tout cela au milieu des passants de ce marché très fréquenté.
Et pourtant, tout se passe bien ; notre changeur dénommé Tun Tun (cela ne s’invente pas !) manipule de grosses sommes d’argent : sa besace est pleine de dollars et encore plus de kyats.
Avec de l’argent en poche, nous commençons notre visite de Rangoon (= Yangon, le nouveau nom de la ville, sonne moins colonial), capitale économique de la Birmanie.
La junte militaire a décrété Nay Pyi Daw comme capitale politique du pays en 2005 à 400km de Rangoon (Il parait que c’est une ville ultra moderne, enfin pour le pays. Il semblerait qu’elle soit interdite aux touristes. De toute façon, dénuée de tout intérêt culturel).
Rangoon compte 5 millions d’habitants : c’est une ville épuisante et assez peu agréable à visiter.
Malgré l’absence de motos et scooters (interdits par la junte à cause des risques d’attentats), les rues sont bruyantes.
L’air pollué (les voitures qui n’ont plus d’âge rejettent énormément de gaz d’échappement) est difficilement respirable. La ville est sale et poussiéreuse : après une après-midi de marche, nous sommes terreux !
L’hygiène globale est déplorable : déchets à même le sol, murs encrassés, sols noirs …
Les façades des maisons ne sont pas entretenues : certains bâtiments construits par les anglais sont en piteux état (balcons délabrés), les routes sont défoncées car non entretenues …
Bref, ce n’est pas une image très positive de la Birmanie que nous avons à Rangoon !
Et pourtant, nous sommes très touchés par l’accueil des habitants et ce sera encore plus le cas en Birmanie du Nord. A notre passage, les birmans nous regardent en souriant, nous saluent (Hello !) et n’hésitent pas à engager la conversation (Where are you from ?). C’est un peuple très souriant, chaleureux, toujours prêt à aider (nous indiquer la direction, traduire une demande en birman …).
C’est certainement le meilleur accueil que nous ayons eu depuis le début de notre voyage !
Avec un couple d’israéliens rencontré à l’hôtel, nous partons au petit matin visiter la pagode Shwedagon au lever du soleil.
Cette pagode est majeure en Birmanie : chaque bouddhiste doit venir s’y recueillir au moins une fois dans sa vie.
La structure de la pagode birmane diffère sensiblement de celle du palais thaïlandais :
Au centre de la pagode, se trouve le Zedi (Chedi en Thaïlande): c’est une grosse cloche dorée avec à sa pointe une girouette.
Une pagode peut contenir plusieurs Stupas ; le Stupa abrite une relique de Bouddha ou d’une personnalité importante.
Nous trouvons également des autels pour chaque jour de la semaine comme en Thaïlande avec des images de Bouddha dans différentes positions mais ici chaque jour de la semaine est aussi associé à un animal et une planète :
- Dimanche : Le soleil - ?
- Lundi : La lune – Le tigre
- Mardi : Mars – Le lion
- Mercredi matin : Mercure – l’éléphant avec défenses
- Mercredi après-midi : Yahu – l’éléphant sans défenses
- Jeudi : Jupiter – Le rat
- Vendredi : Venus – Le cochon d’inde
- Samedi : Saturne – Le serpent dragon
La semaine bouddhiste comprend 8 jours car le mercredi compte pour 2 jours.
Les fidèles viennent se recueillir devant l’autel correspondant au jour de leur naissance.
L’accès à la plate forme centrale se fait via quatre escaliers en général monumentaux (aux points cardinaux) gardés par des lions (symbole du pays – il s’agissait de dragons en Thaïlande).
La pagode est un lieu de vie : il n’est pas rare d’y trouver des birmans en train de manger, de jouer au Chinlon (jeu avec une balle en rotin), de vendre (multiples échoppes au niveau des escaliers d’accès), de méditer …
Par rapport aux pagodes que nous visiterons par la suite, la pagode Shwedagon est peu ordinaire de part la taille de son Zedi central, une cloche dorée de 98 m de haut entourée d’une soixantaine de petits stûpas. Le reflet du soleil se levant sur la surface dorée des stûpas est un spectacle inoubliable !
Au sommet du grand Zedi, nous apercevons les 9 parasols en or, la girouette, les clochettes d’or mais pas les diamants (plus de 1100 incrustés !), ni les pierres précieuses.
Nous visitons les pavillons qui contiennent des images de Bouddha agenouillé, la cloche Mahagaunta (volée par les Britanniques, coulée et récupérée avec des bambous par les birmans), l’arbre sacré (un gros banian) où Bouddha connut l’illumination.
Malgré l’heure matinale, il règne au sein de la pagode une forte activité: des fidèles méditent, d’autres arrosent d’eau le Bouddha correspondant à leur jour de naissance, des moines habillés de « robes » rouge bordeaux (orange en Thaïlande) déambulent sur la plate-forme au milieu des pigeons …
C’est une atmosphère calme et sereine que nous retrouvons plus tard à la pagode Botataung.
Cette pagode située au centre ville au bord de la rivière a été détruite par les bombardements de 1943. Elle a été reconstruite à l’identique grâce aux donations des birmans. Particularité : le Zedi central n’est pas plein mais creux. Il est possible d’y entrer et d’y voir les cheveux de Bouddha.
Nous effectuons une brève visite non payée (autant éviter de trop donner au gouvernement) à la pagode Sule située au centre d’un rond-point (au cœur de Rangoon : super point de repère). Le Zedi central, en rénovation, est recouvert de nattes de bambous : la cloche doit-être redorée tous les 5 ans.
Avant de quitter Rangoon, nous nous baladons dans le centre ville : nous passons devant des bâtiments coloniaux reconvertis en bureaux administratifs, des églises anglicanes austères, la gare ferroviaire déserte (quais en piteux état).
Un petit tour autour du lac où résident les membres du gouvernement et les ambassadeurs : les demeures sont entourées de hauts murs surmontés de plusieurs couches de fils barbelés.
Ces maisons sont voisines d’immeubles d’habitations délabrés et encrassés, quel contraste !
Il est à noter que les quelques jardins publics / parcs de la ville sont payants !
Nous nous rendons au Chinatown en compagnie de deux fonctionnaires birmans d’origine chinoise rencontrés au hasard dans la rue et parlant un très bon anglais (la tenue du fonctionnaire est standardisée : une chemise blanche col Mao et un pantalon robe Longyi).
Après avoir été au temple chinois (le père prie pour la réussite de sa fille à son examen), nous dînons ensemble d’un plat de riz-omelette dans la rue autour d’une minuscule table plastique.
En Birmanie, les salons de thé ou restaurants de rue utilisent des tables et chaises de petites tailles à ras le sol, genre dinette pour enfants (sans doute car moins cher et plus facile à remballer et transporter), difficile pour les jambes de Stéphane…
Dans le quartier, c’est encore les festivités du nouvel an chinois : concours de danse de dragons, lampions rouges… c’est certainement le quartier le plus animé de cette ville endormie.
Toutes nos photos, ici !
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