Deux millions de touristes visitent le Cambodge chaque année et 80% d’entre-eux ne vont qu’à Angkor.
Avec Emile, Fred et surtout Christophe, passionnés de vieilles pierres, la visite s’imposait !
Pour y aller, nous avons choisi la voie fluviale histoire de donner un peu de « peps » au trajet.
Contrairement à l’axe Mandalay-Bagan en Birmanie, la remontée de la rivière Tonlé Seap ne se fait qu’en bateau touristique rapide climatisé à 33 $.
Le bateau avance très vite, trop vite pour les photos mais les paysages sont plaisants au moins jusqu’à l’entrée dans le lac où ils deviennent plats et ennuyeux.
La vie nautique cambodgienne est proche de celle en Birmanie : les pêcheurs sont simplement plus nombreux et mieux équipés au Cambodge.
Nous sommes accueillis peu avant Siem Reap par des enfants (moins de 10 ans) sur des barques à quémander des sous avec de longs serpents au cou : le ton est donné, la ville sera très touristique !
La ville de Siem Reap à 8 km du site d’Angkor est l’étape incontournable. C’est une ville champignon en pleine croissance et entièrement dédiée au tourisme avec ses quelques 170 hôtels et ses innombrables restaurants et boutiques.
Le centre ville plus calme a malgré tout du charme : une rivière s’écoule tranquillement près du vieux marché, les rues sont arborées, à proximité les champs de fleurs de lotus…
Pour le routard, tout est proche : hôtels pas chers, supermarchés, restaurants, compagnies de bus, laundry et free wifi.
Cherchez l'erreur... |
Comme à Phnom Penh, les hôtels et magasins sont principalement tenus par les chinois. Ils détiennent le pouvoir de l’argent (au moment du nouvel an chinois, c’est ville morte à Phnom Penh !), richesse qu’ils affichent en 4x4 très bling-bling (gros logos Lexus sur la portière).
Nous avons prévu 3 jours de visite à Angkor ; ce n’est pas de trop pour voir les multiples temples que compte le site. Mais attention à la saturation qui guette !
Et il fait chaud à Angkor, une chaleur étouffante qui fait transpirer sans bouger.
Nous avons trouvé un chauffeur de tuk-tuk débrouillard (il s’appelle Mao mais il est beaucoup plus sympathique que son homologue chinois !).
Il nous trouvera un guide parlant un bon français avec lequel nous visiterons les temples majeurs du petit circuit, le troisième jour. Cela n’a pas été une mince affaire tant les guides francophones sont occupés : beaucoup de français visitent Angkor… et les groupes des tours opérateurs prennent les meilleurs guides (les « vieux » qui ont connu l’époque des premières restaurations du site avec les explorateurs français). Angkor compte 3433 guides (pas un de plus !) dont 10% environ parlent français. La rareté se paye.
Du point de vue architectural, les bâtisseurs Khmers n’ont pas utilisé de techniques audacieuses et sophistiquées. Les murs et piliers sont massifs, les voûtes en forme de « carène renversée » ne sont pas très hautes par rapport à celles de nos cathédrales gothiques.
Par contre, les Khmers sont de bons sculpteurs : de nombreux pans de murs, portiques, piliers sont finement sculptés. Il est même possible de voir des sculptures en 3D d’une grande précision au temple…
Malheureusement, plusieurs pans de murs sculptés ont été noircis par l’utilisation d’un produit chimique lors de la restauration de certains temples par une entreprise indienne.
Les temples sont majoritairement construits en grès gris ou rose. La latérite, pierre poreuse rosée, a été utilisée pour les soubassements afin de consolider la structure des temples.
Ce qui fait le charme du site d’Angkor, c’est la jungle qui «enveloppe » littéralement certains temples, les grands arbres (le fromager au tronc blanc-crème) dont les racines s’agrippent aux murs, les animaux (perruches, singes, cigales) qui manifestent bruyamment leur présence.
Il y a plus de 287 temples à Angkor. Impossible de tous les visiter.
Lors de nos 3 jours, nous avons comme la plupart des touristes adopté une approche géographique à savoir :
- Le petit circuit (15 km)(3ème jour) : Angkor Vat, Angkor Thom et Ta Prohm.
- Le grand circuit (24 km)(1er jour) : Preah Khan, Neak Pean et Pre Rup.
- Le hors circuit proche (2ème jour) : les temples du Groupe de Roluos : Préah Ko et Bakong ; Banteay Samrè et Banteay Srei.
De plus, l’ordre a été dicté par la disponibilité du guide français avec lequel nous voulions faire les temples majeurs du petit circuit.
Nous évoquerons nos visites de temples dans l’ordre chronologique de leur construction.
Angkor, dérivé du sanskrit « nagara » signifie « capitale ».
L’histoire de la capitale commence réellement avec Indravarman Ier (877-889). On lui doit les 3 temples du Groupe de Roluos : Préah Ko, Bakong et Lolei.
Après le creusement de l’Indratataka (le bassin d’Indra) qui assurait l’approvisionnement en eau de Roluos, le souverain fit édifier le Préah Ko ou « temple du taureau sacré » (879) (comme en témoigne les statues de nandin au pied de l’édifice) en l’honneur de ses ancêtres.
Il s’agit de six tours sanctuaires en brique avec les encadrements des portes et des fenêtres en grès.
Les parois externes étaient revêtues d’un stuc (à base de mortier, de chaux et de sable) dont il reste quelques traces. Ce temple de part les matériaux utilisés (briques et stuc) nous rappelle Bagan.
A 500m environ après le Préah Ko a été édifié le Bakong (881), premier temple montagne édifié en grès.
Le soleil se couche, nous n’avons pas le temps de nous rendre au Lolei, troisième temple de l’ensemble édifié également en mémoire des ancêtres royaux (889).
Bantéay Srei (« la citadelle des femmes ») (967)
Premier des monuments d’Angkor reconstruit par anastylose en 1931. Un des mieux conservés.
Les sculptures sont le principal attrait de ce petit temple : il s’agit de sculptures en 3D dans du grès rose, ces sculptures sont remarquablement conservées. Il est connu des français car Malraux y vola un bas-relief. Le temple est relativement petit mais nous pourrions y passer des heures à observer tous les détails.
Angkor Vat (1113 à 1150)
Exemple spectaculaire du temple-montagne en quinconce, c’est-à-dire à cinq tours, quatre aux angles du périmètre carré et une au centre. C’est le symbole du Cambodge que l’on voit notamment au centre du drapeau national (sur lequel figure seulement trois tours).
C’est le plus grand temple d’Angkor mais il n’est pas aussi imposant que le laisse penser les tableaux ou photos. Certes, l’entrée en impose avec ses grandes douves mais c’est surtout le cœur du temple, d’une hauteur de 65 m, qui impressionne.
Le temple est d’une couleur grise noire assez peu esthétique : c’est la pierre grès utilisée qui donne cette couleur au bâtiment.
Par contre les bas reliefs (de la galerie de la deuxième enceinte – on s’y perd) sont magnifiques et remarquablement bien conservés. Sur 2m de hauteur et plus de 200m de long (4 côtés), on peut lire deux histoires célèbres de l’hindouisme :
- Le Mahabharata, conflit ancestral entre les dieux et les démons s’achevant par le triomphe des dieux.
- Le Ramayana, guerre entre Rama (une autre incarnation du dieu Vishnou) et Ravana, qui lui a piqué sa femme, Sita.
Il y a également de nombreuses danseuses célestes sculptées aux murs du temple : il est étonnant de voir ces dames dévêtues (seins nues) dans un lieu religieux. Les sculpteurs de nos cathédrales auraient pu s’inspirer de cette liberté de ton !
L’intérieur du temple, dit le sanctuaire, est une succession de terrasses, d’escaliers, de cours. Nous nous y perdons !
La montée au sommet qui culmine à 65m se mérite (escaliers abrupts, marches usées) mais le splendide panorama sur la forêt environnante et les temples voisins que l’on devine vaut l’effort.
Ta Prohm (1186)
Il porte très bien son surnom de « temple de la jungle » tant celle-ci s’est introduite dans l’ensemble du bâtiment.
La jungle se voit : les fromagers s’agrippent aux murs avec leurs grosses racines blanches, les papayers poussent entre les pierres tombées au sol.
Mais surtout, la jungle s’entend : le bruit des perruches est assourdissant, les singes et d’autres oiseaux non identifiés sont aussi de la partie. C’est « le livre de la jungle » en réel !
Le temple Ta Prohm est probablement le plus beaux des temples d’Angkor.
Préah Khan (1191)
Ce temple « à plat » est un dédale de couloirs, de murs plus ou moins détruits (le bâtiment est en ruine), de cours ombragées par d’énormes fromagers : c’est un lieu à visiter en milieu de journée au plus fort de la canicule.
Du point de vue esthétique, certains pans de murs sont superbement colorés en vert, rosé ou ocre et le soleil met bien en valeur les sculptures de danseuses.
Ce temple a un air de similitude avec Ta Phrom de part sa structure et la présence (plus modérée) de végétation avec toutefois beaucoup moins de touristes !
Angkor Thom
Angkor n’est pas un temple mais une cité entourée de 12 km de murailles de 8m de haut percées de seulement cinq portes monumentales.
A l’intérieur, le monument qui retient le plus l’attention est le Bayon, dit la « montagne magique », temple montagne de 54 tours (37 aujourd’hui) avec quatre têtes de Bouddhas orientées vers les 4 points cardinaux. Ces statues sont si élégantes que nous ne savons plus où donner de la tête !
Au cœur de l’ancienne cité royale d’Angkor Thom, nous visitons également le Baphuon. Ce temple était l’un des plus grands édifices religieux du Cambodge.
Aujourd’hui, il ne reste qu’un tas de pierres dans lequel nous devinons un gigantesque Bouddha couché de 60 m.
Banteay Samrè
Nous visitons ce temple en pleine canicule : dommage que les douves ne soient pas remplies d’eau, cela donnerait un charme indéniable au bâtiment.
Stéphane n’est pas fana d’histoires anciennes et d’architecture Khmer, une architecture qu’il trouve peu audacieuse et originale (les tours grises ne sont pas sa tasse de thé) : il n’a donc pas adoré les temples d’Angkor.
Néanmoins, il faut venir à Angkor et admirer les vieilles pierres envahies par une jungle épaisse, observer certaines sculptures remises en valeur par de récentes restaurations, profiter d’un coucher du soleil près d’une tour à quatre têtes…
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