9 février 2011

La ville royale de Mandalay


Mandalay, centre géographique de la Birmanie, est la 2ème ville du pays en nombre d’habitants.

Nous nous y rendons en bus de nuit : le trajet d’une douzaine d’heures passe vite. Le confort du bus est correct et l’autoroute est bonne. Nous avons droit au karaoké avec les clips d’un chanteur qui semble avoir beaucoup de succès ici. Les birmans aiment beaucoup chanter, dans la rue, les bars …
Vers minuit, au moment de l’arrêt dîner, nous constatons que, de tous les bus (une dizaine), nous sommes les seuls touristes à faire ce trajet.

Notre hôtel, un bâtiment en béton au cœur de Mandalay s’appelle ET, un nom qui ne s’oublie pas !
La route devant l’hôtel est en plein travaux: ce sont des femmes qui choisissent, portent et posent les pierres sur le goudron fraichement déposé par d’autres femmes … mais où sont les hommes ? Ces femmes sont-elles enrôlées d’office ? sont-elles rémunérées ? Nous l’ignorons …


Malgré la circulation dense en journée, Mandalay se prête bien à la visite en vélo car le relief est plat (sauf la Mandalay Hill proche) et les distances sont courtes.
Les vélos sont vieux mais ils sont loués pour une somme dérisoire (1,5 €/jour) : en cas de casse, il se trouve toujours un birman prêt à réparer le vélo (Stéphane a cassé la chaîne de son vélo dès le premier matin).
Ici, encore plus qu’à Rangoon, les habitants nous regardent, nous sourient et engagent aisément la conversation même si l’anglais est moins parlé que dans la capitale.
Nous sommes vraiment touchés par cette spontanéité et cette curiosité dénuée d’intérêts.
Beaucoup d’enfants travaillent dans la rue, les restaurants, les marchés… La scolarité est officiellement obligatoire mais, en réalité, seul un quart des adolescents fréquente les écoles …

Nous sommes surpris du taux de remplissage des véhicules : certaines voitures doublent (voire triplent !) de hauteur avec des colis (ou passagers) entassés sur le toit ou sur les côtés. Il faut dire qu’avec l’augmentation du prix de l’essence, il faut rentabiliser le transport !


Mandalay compte un grand nombre de pagodes et de monastères. Nous ne visitons pas deux pagodes et le Mandalay Palace car nous avons refusé de payer le droit d’entrée de 10$ (qui va droit dans les poches du gouvernement).

La pagode Shwe Nan Daw date de 1880. Elle est construite tout en bois de teck, un bois sombre : la façade finement sculptée est superbe.
La pagode Shwe In Bin plus excentrée et calme est également construite en bois.
La pagode Kuthodaw abrite plusieurs centaines de tablettes où sont gravées les écritures bouddhistes. Mais nous avons été surtout sensibles à l’alignement des stûpas blancs et dorés du plus bel effet au soleil.
La pagode Maha Myat Muni abrite une image en bronze de Bouddha vénérée de tous les croyants. Nous sommes surpris par l’affluence et la ferveur des fidèles. La statue est épaissie à sa base par les feuilles d’or successivement collées par les fidèles.

Ces feuilles sont fabriquées à Mandalay : nous visitons une fabrique de feuilles d’or avec une jeune guide parlant un anglais impeccable.
Le travail est manuel : un birman aplatit le plus finement possible une feuille d’or entre deux feuilles de bambou au marteau. Plus de 5h de pilonnage avec des pauses toutes les 10 mn ! (par lot de 520 feuilles tout de même)
La feuille obtenue est si fine qu’elle se déchire au moindre coup d’ongle.


Le must de Mandalay est de grimper, au soleil couchant, la Mandalay Hill, une colline de 230 m de hauteur qui domine la ville.
L’escalier permettant d’accéder au sommet est interminable mais, en haut, le panorama sur la ville et sa vallée est gigantesque. La brume ne masque pas le soleil rougeoyant qui disparaît derrière la montagne.

Malheureusement, Christophe malade n’a pas pu voir ce coucher du soleil.
Nous nous rendons à la clinique locale. Le docteur birman diagnostique une intoxication alimentaire qui sera soignée par les médicaments de notre trousse à pharmacie. Nous payons cette consultation au tarif touriste: 3 fois plus cher que le tarif local (8 € avec un carnet de santé en souvenir !). A ce prix, nous passons devant tout le monde !

Souvenirs d'une consultation médicale en Birmanie...



La région de Mandalay est le berceau des anciennes capitales: les sièges royaux ont déménagé au gré des affrontements entre les seigneurs.
Ces villes historiques étant très intéressantes à visiter, nous louons un taxi bleu (c’est une sorte de pick-up bleu qui ne dépasse pas les 50km/h) et c’est parti pour une journée marathon !

Nous commençons par Amarapura (en banlieue de Mandalay) dans un monastère (Maha Ganayon Kyaung). Nous allons être le témoin d’une scène que nous ne sommes pas prêt d’oublier : le déjeuner pris par plus de 1 000 moines.
Tout d’abord, nous entrons dans la cuisine du monastère : c’est une grande pièce avec d’énormes marmites contenant riz blanc, ratatouille, viandes… c’est le repas birman classique.
Au plafond, d’impressionnantes toiles d’araignées sont accrochées aux luminaires.

Il est 10h30 : la cloche retentit pour le dernier repas de la journée (le moine n’a pas le droit de manger après l’heure de midi, et ce, jusqu’au lendemain).
Des dizaines de bonzes s’alignent en rangs serrés devant l’entrée de la cantine dans un silence « religieux ». Les bonzes sont habillés d’une robe rouge bordeaux et tiennent en main une sorte de récipient noir (le bol à aumône) dans lequel ils mettront riz, sauce, viande … Les moines les plus jeunes (moins de 15 ans) portent une robe blanche.
Nous assistons, ravis, à la distribution de la nourriture dans la cour (la procession est silencieuse et disciplinée) puis au repas qui se tient dans l’une des salles du restaurant.
Les rangées de moines en train de déjeuner sont très photogéniques au soleil (malgré le nombre conséquent de touristes).

Les moines sont paresseux : ils ne vivent pas de leur travail mais de l’aumône.
Après un lever aux aurores (4h du matin) et une séance de méditation suivie d’un repas, les bonzes parcourent les rues, avec un triangle, en quête d’argent ou d’offrandes.
Les birmans donnent beaucoup: le don est un placement pour la vie future !
Les monastères sont essentiels dans la société birmane: dans bien des cas, ils se substituent à l’école (éducation des jeunes moines sans ressource). Ils peuvent servir de garde-manger d’un village. Ils sont surtout un lieu de culte et de méditation (le « sport » national birman).
C’est le 2ème pouvoir après l’armée. Chaque ville compte au moins un monastère, Mandalay en possède 20 !
Ce pouvoir inquiète la junte militaire: la révolte des moines a été violemment réprimée en 2007.


La journée se poursuit, à Sagaing, par la montée d’une colline : d’une pagode kitsch, nous avons une belle vue sur la vallée de la rivière Ayeyarwady et les pagodes environnantes.
Astuce de notre chauffeur : nous entrons par une porte latérale de la pagode afin de ne pas payer la dîme de 3 $ au gouvernement.
La pagode Kaunghmudaw retient notre attention : le stupa central a la forme peu ordinaire d’un sein de femme, tout blanc car en restauration. Ce grand dôme (46m de haut) et ses niches abritant des Bouddhas est magnifique au soleil !

Après un très agréable déjeuner dans une maison en teck au bord de la rivière, nous nous dirigeons vers l’île Inwa accessible par ferry.
Cette île se visite en calèche : une balade dans le vert de 2 heures vraiment sympa ! Nous traversons des villages formés de petites maisons en teck, des rizières, des sentiers dans la campagne …
C’est une symphonie des couleurs ! le vert tendre des rizières tranche avec le bleu du ciel et le doré de pagodes en arrière plan.
Bien entendu, nous visitons encore des pagodes. Nous aimons beaucoup une pagode en brique rouge à la merci de la végétation luxuriante. Le Bouddha semble bien seul au milieu des rizières !

Nous terminons notre journée à Amarapura pour ce qui restera probablement le moment le plus marquant de notre voyage en Birmanie : la traversée du pont U Bein.
Ce pont en teck, long de 1,2 km, enjambe le lac Taungthama et permet de rejoindre les monastères de l’autre côté du rivage.
En fin de journée, le trafic piéton est intense entre les frêles piliers du vieux pont : il y a des moines, des pêcheurs, des paysans et bien sûr les touristes.

Nous vivons ici notre plus beau coucher du soleil depuis le début du voyage.
L’astre décline à travers les piliers du pont ; les arbres morts se reflètent sur l’eau, la brume se lève à l’horizon. Les couleurs semblent intemporelles : le gris de l’eau se confond avec le gris du ciel.
Un spectacle inoubliable !


Encore une ville royale à visiter avant de quitter la région !
Migun est située à 1h de bateau de Mandalay.
La ville est connue pour son énorme pagode : le plus gros tas de briques au monde, 50 m de haut et 72 m de côté. Sa construction a débuté en 1790 et a mobilisé des milliers d’esclaves, un travail digne de la Pyramide de Giseh. Victime du tremblement de terre en 1838, le bâtiment a perdu les 2/3 de sa hauteur initiale (150m !).

Autre curiosité digne de figurer dans le livre des records : la plus grosse cloche au monde en activité (non fêlée) qui se trouve dans un pavillon proche de la pagode. Cette cloche a une hauteur de 4 m et un poids de 90 t …
Curieuse appréhension que d’entrer dans cette cloche si épaisse : et si elle se détachait de son support ?

Nous aimons beaucoup la pagode Hsinbyume. Construite en l’honneur d’une princesse, le bâtiment tout blanc possède des terrasses en vagues successives ce qui lui donne une allure féminine.

Nous concluons en beauté notre visite de Migun par l’achat de plusieurs aquarelles : la ville est en effet renommée pour ses écoles de peinture.




Toutes nos photos, ici !

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