28 février 2011

JOYEUX ANNIVERSAIRE CHRISTOPHE !!!


ENCORE 3 MOIS DE VOYAGES ET D'AVENTURES A VIVRE A 100% !

AMITIES

Steph

27 février 2011

Le Nord du Cambodge, Angkor : Encore ?


Deux millions de touristes visitent le Cambodge chaque année et 80% d’entre-eux ne vont qu’à Angkor.

Avec Emile, Fred et surtout Christophe, passionnés de vieilles pierres, la visite s’imposait !
Pour y aller, nous avons choisi la voie fluviale histoire de donner un peu de « peps » au trajet.
Contrairement à l’axe Mandalay-Bagan en Birmanie, la remontée de la rivière Tonlé Seap ne se fait qu’en bateau touristique rapide climatisé à 33 $.
Le bateau avance très vite, trop vite pour les photos mais les paysages sont plaisants au moins jusqu’à l’entrée dans le lac où ils deviennent plats et ennuyeux.
La vie nautique cambodgienne est proche de celle en Birmanie : les pêcheurs sont simplement plus nombreux et mieux équipés au Cambodge.
Nous sommes accueillis peu avant Siem Reap par des enfants (moins de 10 ans) sur des barques à quémander des sous avec de longs serpents au cou : le ton est donné, la ville sera très touristique !


La ville de Siem Reap à 8 km du site d’Angkor est l’étape incontournable. C’est une ville champignon en pleine croissance et entièrement dédiée au tourisme avec ses quelques 170 hôtels et ses innombrables restaurants et boutiques.
Le centre ville plus calme a malgré tout du charme : une rivière s’écoule tranquillement près du vieux marché, les rues sont arborées, à proximité les champs de fleurs de lotus…
Pour le routard, tout est proche : hôtels pas chers, supermarchés, restaurants, compagnies de bus, laundry et free wifi.

Cherchez l'erreur...
Comme à Phnom Penh, les hôtels et magasins sont principalement tenus par les chinois. Ils détiennent le pouvoir de l’argent (au moment du nouvel an chinois, c’est ville morte à Phnom Penh !), richesse qu’ils affichent en 4x4 très bling-bling (gros logos Lexus sur la portière).


Nous avons prévu 3 jours de visite à Angkor ; ce n’est pas de trop pour voir les multiples temples que compte le site. Mais attention à la saturation qui guette !
Et il fait chaud à Angkor, une chaleur étouffante qui fait transpirer sans bouger.

Nous avons trouvé un chauffeur de tuk-tuk débrouillard (il s’appelle Mao mais il est beaucoup plus sympathique que son homologue chinois !).
Il nous trouvera un guide parlant un bon français avec lequel nous visiterons les temples majeurs du petit circuit, le troisième jour. Cela n’a pas été une mince affaire tant les guides francophones sont occupés : beaucoup de français visitent Angkor… et les groupes des tours opérateurs prennent les meilleurs guides (les « vieux » qui ont connu l’époque des premières restaurations du site avec les explorateurs français). Angkor compte 3433 guides (pas un de plus !) dont 10% environ parlent français. La rareté se paye.


Du point de vue architectural, les bâtisseurs Khmers n’ont pas utilisé de techniques audacieuses et sophistiquées. Les murs et piliers sont massifs, les voûtes en forme de « carène renversée » ne sont pas très hautes par rapport à celles de nos cathédrales gothiques.
Par contre, les Khmers sont de bons sculpteurs : de nombreux pans de murs, portiques, piliers sont finement sculptés. Il est même possible de voir des sculptures en 3D d’une grande précision au temple…
Malheureusement, plusieurs pans de murs sculptés ont été noircis par l’utilisation d’un produit chimique lors de la restauration de certains temples par une entreprise indienne.
Les temples sont majoritairement construits en grès gris ou rose. La latérite, pierre poreuse rosée, a été utilisée pour les soubassements afin de consolider la structure des temples.

Ce qui fait le charme du site d’Angkor, c’est la jungle qui «enveloppe » littéralement certains temples, les grands arbres (le fromager au tronc blanc-crème) dont les racines s’agrippent aux murs, les animaux (perruches, singes, cigales) qui manifestent bruyamment leur présence.



Il y a plus de 287 temples à Angkor. Impossible de tous les visiter.
Lors de nos 3 jours, nous avons comme la plupart des touristes adopté une approche géographique à savoir :
-      Le petit circuit (15 km)(3ème jour) : Angkor Vat, Angkor Thom et Ta Prohm.
-      Le grand circuit (24 km)(1er jour) : Preah Khan, Neak Pean et Pre Rup.
-      Le hors circuit proche (2ème jour) : les temples du Groupe de Roluos : Préah Ko et Bakong ;  Banteay Samrè et Banteay Srei.
De plus, l’ordre a été dicté par la disponibilité du guide français avec lequel nous voulions faire les temples majeurs du petit circuit.
Nous évoquerons nos visites de temples dans l’ordre chronologique de leur construction.


Angkor, dérivé du sanskrit « nagara » signifie « capitale ».
L’histoire de la capitale commence réellement avec Indravarman Ier (877-889). On lui doit les 3 temples du Groupe de Roluos : Préah Ko, Bakong et Lolei.

Après le creusement de l’Indratataka (le bassin d’Indra) qui assurait l’approvisionnement en eau de Roluos, le souverain fit édifier le Préah Ko ou « temple du taureau sacré » (879) (comme en témoigne les statues de nandin au pied de l’édifice) en l’honneur de ses ancêtres.
Il s’agit de six tours sanctuaires en brique avec les encadrements des portes et des fenêtres en grès.
Les parois externes étaient revêtues d’un stuc (à base de mortier, de chaux et de sable) dont il reste quelques traces. Ce temple de part les matériaux utilisés (briques et stuc) nous rappelle Bagan.

A 500m environ après le Préah Ko a été édifié le Bakong (881), premier temple montagne édifié en grès.

Le soleil se couche, nous n’avons pas le temps de nous rendre au Lolei, troisième temple de l’ensemble édifié également en mémoire des ancêtres royaux (889).


Bantéay Srei (« la citadelle des femmes ») (967)
Premier des monuments d’Angkor reconstruit par anastylose en 1931. Un des mieux conservés.
Les sculptures sont le principal attrait de ce petit temple : il s’agit de sculptures en 3D dans du grès rose, ces sculptures sont remarquablement conservées. Il est connu des français car Malraux y vola un bas-relief. Le temple est relativement petit mais nous pourrions y passer des heures à observer tous les détails.



Angkor Vat (1113 à 1150)
Exemple spectaculaire du temple-montagne en quinconce, c’est-à-dire à cinq tours, quatre aux angles du périmètre carré et une au centre. C’est le symbole du Cambodge que l’on voit notamment au centre du drapeau national (sur lequel figure seulement trois tours).


C’est le plus grand temple d’Angkor mais il n’est pas aussi imposant que le laisse penser les tableaux ou photos. Certes, l’entrée en impose avec ses grandes douves mais c’est surtout le cœur du temple, d’une hauteur de 65 m, qui impressionne.

Le temple est d’une couleur grise noire assez peu esthétique : c’est la pierre grès utilisée qui donne cette couleur au bâtiment.
Par contre les bas reliefs (de la galerie de la deuxième enceinte – on s’y perd) sont magnifiques et remarquablement bien conservés. Sur 2m de hauteur et plus de 200m de long (4 côtés), on peut lire deux histoires célèbres de l’hindouisme :
-      Le Mahabharata, conflit ancestral entre les dieux et les démons s’achevant par le triomphe des dieux.
-      Le Ramayana, guerre entre Rama (une autre incarnation du dieu Vishnou) et Ravana, qui lui a piqué sa femme, Sita.

Il y a également de nombreuses danseuses célestes sculptées aux murs du temple : il est étonnant de voir ces dames dévêtues (seins nues) dans un lieu religieux. Les sculpteurs de nos cathédrales auraient pu s’inspirer de cette liberté de ton !

L’intérieur du temple, dit le sanctuaire, est une succession de terrasses, d’escaliers, de cours. Nous nous y perdons !
La montée au sommet qui culmine à 65m se mérite (escaliers abrupts, marches usées) mais le splendide panorama sur la forêt environnante et les temples voisins que l’on devine vaut l’effort.


Ta Prohm (1186)
Il porte très bien son surnom de « temple de la jungle » tant celle-ci s’est introduite dans l’ensemble du bâtiment.
La jungle se voit : les fromagers s’agrippent aux murs avec leurs grosses racines blanches, les papayers poussent entre les pierres tombées au sol.
Mais surtout, la jungle s’entend : le bruit des perruches est assourdissant, les singes et d’autres oiseaux non identifiés sont aussi de la partie. C’est « le livre de la jungle » en réel !
Le temple Ta Prohm est probablement le plus beaux des temples d’Angkor.


Préah Khan (1191)
Ce temple « à plat » est un dédale de couloirs, de murs plus ou moins détruits (le bâtiment est en ruine), de cours ombragées par d’énormes fromagers : c’est un lieu à visiter en milieu de journée au plus fort de la canicule.
Du point de vue esthétique, certains pans de murs sont superbement colorés en vert, rosé ou ocre et le soleil met bien en valeur les sculptures de danseuses.
Ce temple a un air de similitude avec Ta Phrom de part sa structure et la présence (plus modérée) de végétation avec toutefois beaucoup moins de touristes !


Angkor Thom
Angkor n’est pas un temple mais une cité entourée de 12 km de murailles de 8m de haut percées de seulement cinq portes monumentales.

A l’intérieur, le monument qui retient le plus l’attention est le Bayon, dit la « montagne magique », temple montagne de 54 tours (37 aujourd’hui) avec quatre têtes de Bouddhas orientées vers les 4 points cardinaux. Ces statues sont si élégantes que nous ne savons plus où donner de la tête !

Au cœur de l’ancienne cité royale d’Angkor Thom, nous visitons également le Baphuon. Ce temple était l’un des plus grands édifices religieux du Cambodge.
Aujourd’hui, il ne reste qu’un tas de pierres dans lequel nous devinons un gigantesque Bouddha couché de 60 m.


Banteay Samrè
Nous visitons ce temple en pleine canicule : dommage que les douves ne soient pas remplies d’eau, cela donnerait un charme indéniable au bâtiment.



Stéphane n’est pas fana d’histoires anciennes et d’architecture Khmer, une architecture qu’il trouve peu audacieuse et originale (les tours grises ne sont pas sa tasse de thé) : il n’a donc pas adoré les temples d’Angkor.

Néanmoins, il faut venir à Angkor et admirer les vieilles pierres envahies par une jungle épaisse, observer certaines sculptures remises en valeur par de récentes restaurations, profiter d’un coucher du soleil près d’une tour à quatre têtes…


 

24 février 2011

Phnom Penh, la perle de l’Asie

Le passage de la frontière terrestre Thaïlande-Cambodge restera un moment aussi rocambolesque que pénible… Nous avons été prévenus par le guide Lonely Planet.
Tout commence par un trajet pépère de 5 h en bus entre Bangkok et Aranyaphrathet (la dernière ville avant la frontière) : à perte de vue champs de rizières et fermes.

Pour faire marcher le commerce local, le terminus du bus est à 6 km de la frontière : il faut donc prendre un tuk-tuk.
Nous choisissons un tuk-tuk man assez âgé dont la placidité nous rassure.
Contrairement à nos attentes, le vieux monsieur va mettre le turbo : la vitesse atteinte par le tuk-tuk nous impressionne mais nous inquiète également. Au moindre défaut sur la route, la frêle guimbarde menace de se retourner !
Le papi freine et s’arrête enfin devant une baraque avec la pancarte « Consulat du Cambodge ».
Il s’agit en fait d’un moyen pernicieux de soutirer de l’argent aux touristes : dans le pseudo consulat, le visa cambodgien coûte plus de 35 $ alors que le tarif officiel est de 20 $. C’est un marché très lucratif puisque nous verrons par la suite plusieurs autres officines proposant le visa cambodgien.
Nous refusons énergiquement de descendre du tuk-tuk malgré l’intervention du « fonctionnaire » du consulat venu à notre rencontre et du papi énervé sentant sa commission lui échapper.
La détermination (et le ton de voix de plus en plus élevé) de Stéphane va payer puisque notre tuk-tuk repart et s’arrête, enfin, à la frontière thaïlandaise. Fin de la 1ère étape.

Dès la descente du tuk-tuk, nous sommes harcelés par les rabatteurs (pour faire des visas) et les chauffeurs de taxis. Rabatteurs pénibles car sans arrêt à nous parler (ce qui énerve fortement Christophe) et collants : l’un deux va nous suivre pendant presqu’une heure ½ !
Chargé de nos sacs, nous nous engageons dans une rue sombre et trouvons difficilement le poste frontière thaïlandais : rien n’est marqué.
Le tampon sur le passeport, nous suivons des asiatiques en direction du Cambodge. Autour de nous, nous observons avec étonnement de grands hôtels casinos avec leurs machines à sous étincelantes. Vision surréaliste à quelques mètres du poste frontière crasseux !
Nous apprendrons plus tard que les casinos sont interdits en Thaïlande ; ils se sont installés en zone frontalière, bénéficiant probablement d’un régime fiscal intéressant.

Après les casinos, nous voici à la maison des douaniers cambodgiens, ce n’est pas la même ambiance !
Nous tendons la paperasse administrative au douanier de service, celui-ci nous réclame 20 $ + 100 Kyats soit 22,5 $ ! Nous sommes interloqués par le culot de ce fonctionnaire corrompu désireux d’arrondir ses fins de mois sur le dos des touristes.
Christophe montre au douanier le panneau où figure le tarif officiel de 20 $. Et de nouveau s’engage une discussion interminable… Heureusement, le douanier finit par céder face à notre détermination. Nous l’avons notre visa à 20 $ ! Un coup de tampon de la douane cambodgienne et nous entrons enfin au Cambodge à Poipet. Fin de la 2ème étape.

Bonne nouvelle : la ville de Poipet semble grande, nous devrions y trouver facilement un logement.
Mauvaise nouvelle : les rabatteurs sont toujours là plus coriaces que jamais.
Après une attente interminable, nous apercevons enfin la navette gratuite qui nous conduit vers la gare routière. Un bus de nuit part à Phnom Penh dans quelques minutes : nous décidons de ne pas le prendre, découragés par le bruit dans le bus (karaoké+enfants pleurnichards).
Nous prendrons notre bus le lendemain matin. Nous trouvons un hôtel à la façade peu engageante près de la gare : la chambre est glauque, sans fenêtre mais propre (le téléviseur semble être sorti de la décharge voisine).
Nous circulons dans les ruelles sombres à la recherche d’un restaurant acceptable. Pour la première fois depuis le début de notre voyage, nous ne parvenons pas à nous faire comprendre des cambodgiens : ni l’anglais, ni le français ne sont parlés. Stéphane montre des images de son Iphone.
Au dîner : saucisses de porc sucrées et riz. Fin de la 3ème étape, bonne nuit !


Nous comptions arriver à Phom Penh en début d’après-midi comme nous l’avait dit le vendeur des tickets de bus. Nous arriverons finalement vers 17 h à la gare de Phnom Penh.
Au cours de ce trajet, nous traversons le Cambodge profond : celui que ne connaît pas la plupart des touristes.
C’est la pauvreté et la misère qui règne : maisons insalubres, gamins en guenilles, mendiants et victimes des mines dans les rues…
Nous sommes surtout frappés par la saleté : les cambodgiens jettent leurs détritus au sol (sous les tables des restaurants, le sol est jonché de serviettes), le linge est étendu au-dessus d’ordures nauséabondes, les habitants torses nus se lavent à n’importe quel point d’eau, sacs plastiques et poubelles aux bords de route…
Même en Birmanie, pays pauvre, les habitants sont plus propres !

Dans le bus, les cambodgiens regardent (heureusement sans le chanter) le karaoké local : les chansons sont nostalgiques et la vidéo montre une foule dansant en pas cadencé.

Ce n’est que le lendemain que nous rejoignons nos visiteurs lyonnais Emile et Frédéric, avec qui nous allons découvrir le Cambodge.
Nous sommes contents de les voir en forme malgré leur long voyage (Lyon/Paris/Séoul/Phnom Penh). Ils ont bien récupéré dans leur hôtel 3 étoiles avec piscine !


Contrairement à Bangkok, Phnom Penh n’est pas une mégalopole inhumaine.
Sans être chauvin, nous ressentons l’influence française dans cette ville agréable à vivre : de larges avenues dégagées aux noms bien de chez nous (ave. Charles de Gaulle, ave. de Paris…), une belle promenade le long de la rivière où sont concentrés restaurants, hôtels et le night market (attrape touristes) et pas mal de parcs et d’espaces verts.
La façade de l’hôtel Royal (le plus prestigieux de la ville) ou celle de la poste principale ressemblent aux constructions du Deauville du début du siècle. Ici et là, des maisons coloniales aux façades ouvertes sur la rue donnent un petit air « frenchy » à la capitale.
L’ambassade de France impressionne par sa taille (son jardin a accueilli des centaines de réfugiés cambodgiens sous l’ère Khmers Rouges) et son architecture aussi audacieuse que contemporaine.
Il y a aussi l’hôpital Calmette, le plus important de la ville, qui a un petit air d’hôpital de la France profonde. Malheureusement, les locaux semblent bien surchargés de malades…


L’offre en transports est surabondante : partout des tuk-tuks ou des motos pour se déplacer à moindre coût. Le tout est d’arriver intact à destination ce qui n’est pas évident !
La conduite au Cambodge est folklorique : pour gagner du temps, une voiture ne s’arrête pas à un croisement mais s’engage sur la file de gauche (à contre courant de la circulation !) et rejoint la file de droite à l’occasion d’un « trou » dans la circulation.
Pour ne pas être traumatisé, mieux vaut ne pas regarder devant !
Heureusement que les vitesses ne sont pas rapides (rarement plus de 30-40 km/h).
Le port du casque moto est obligatoire pour le conducteur (rarement porté) et curieusement non obligatoire pour les passagers juste derrière.
Nous avons vu des familles entières circuler sur un scooter (père, mère, enfants, bébés…) ou encore des enfants en bas âge se cramponner au volant de la moto avec leur mère sans aucune protection.
Ici, les motos (ou scooters Honda, Suzuki…) transportent tout et n’importe quoi : des sacs de riz de 25kg aux animaux de la ferme (des cochons, des poules…), jusqu’à une dizaine d’adultes, des poutrelles de bambous, des familles entières…

Le bon plan pour circuler à Phnom Penh est de louer un vélo. Pour 1$ la journée, il est facile de circuler dans les différents quartiers de la ville à condition d’avoir l’œil alerte et le cœur bien accroché ! Il faut juste trouver la boutique de location de vélos dissimulée dans une rue commerçante (le lobby des tuk tuks empêche le développement des locations).


Ce qu’il faut voir à Phnom Penh en deux jours ?

Le Palais Royal, résidence du roi Sihanouk est une pâle copie du Palais Royal de Bangkok : les bâtiments sentent trop le béton et les Chédis Khmers peints en gris sont laids.
Malgré un droit d’entrée onéreux, une grande partie des jardins ainsi que la résidence du roi sont fermés au public. Même les dalles en argent massif de la pagode d’argent (le clou de la visite) sont difficiles à voir car recouvertes d’un tapis crasseux !

A l’extérieur du Palais, nous sommes les témoins imprévus de la prière du roi de Thaïlande aux dires de la vendeuse (il a des grandes lunettes et ses cheveux grisonnants comme l’original mais c’est en fait un membre du gouvernement cambodgien…) et de sa délégation toute de blanc vêtue devant un petit temple.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises : après le « roi », c’est la foule qui se presse devant le temple. Nous assistons à un déluge d’encens, de fleurs de lotus, d’offrandes (corbeille de fruits) sur la petite maison. Nous découvrons également un orchestre d’instruments traditionnels composés de 16 gongs.
Une ferveur populaire qui s’apparente davantage à une kermesse qu’à un acte de foi !


Le Musée National des Beaux-Arts, juste à côté du Palais Royal, magnifique bâtiment rouge construit au début du siècle dans le respect de l’architecture khmer traditionnelle. Ce musée de taille relativement modeste (ensemble de quatre galeries organisées autour d’un patio jardin) renferme des chefs d’œuvres de l’art khmer, principalement des sculptures, pour la plupart en provenance du site d’Angkor. Visite très agréable.


La visite du musée du génocide du Toul Sleng est marquante au même titre que celle du camp de concentration d’Auschwitz (souvenir fort de notre voyage à Cracovie).
De 1975 à 1979, cette école construite par les français a été transformée en une terrifiante prison par les Khmers Rouges : le camp S21. Plus de 15000 personnes y ont été torturées, emprisonnées et tuées. Seuls 7 prisonniers survivront à cet enfer.
La visite débute par les salles de classe transformées en chambres de torture (les lits métalliques défoncés parlent d’eux-mêmes). Tout près, une potence : les prisonniers y étaient pendus par les pieds jusqu’à perdre connaissance ; puis plongés dans une jarre d’eau croupissante pour être ranimés et reprendre l’interrogatoire.
Nous passons devant de minuscules cellules aux murs de briques ou de bois hâtivement montés : moins d’un m² pour vivre… Le bâtiment est entouré de fils barbelés rouillés afin d’empêcher aux prisonniers de se défenestrer plutôt que de succomber aux tortures.
Les bâtiments suivants montrent des photos d’hommes et de femmes avant leur emprisonnement : les traits sont tirés voire apeurés.
Mais aussi les témoignages des survivants ainsi que ceux de soldats Khmers Rouges.
Enrôlés très jeunes (15-20 ans), ils se disent victimes d’un système dont ils ne comprennent pas la finalité. Ces gamins enrôlés dans les campagnes sont d’autant plus dangereux qu’ils sont endoctrinés. Ils obéissent sans réfléchir, ils tuent sans sentiment comme des robots.

D’ailleurs, comment comprendre les objectifs de l’idéologie Khmers Rouges qui va engendrer le plus important génocide de l’histoire contemporaine : près de 3 millions de morts ; Des cambodgiens victimes d’autres cambodgiens.
Complexés, les Khmers Rouges pourchassent et tuent intellectuels (les porteurs de lunettes ou de cheveux longs sont tués !) et moines (des centaines de temples sont détruits).
La société cambodgienne est complètement réorganisée à partir de préceptes mystérieux.
La valeur travail est dans les champs : tout le monde dans la campagne !
Stéphane s’est plongé dans la lecture du livre « Cambodge, année zéro ».
L’auteur a été le témoin de la prise de Phnom Penh par les Khmers Rouges en avril 1975. Il décrit la déportation de 2,5 millions d’habitants vers les campagnes environnantes (milliers de morts : malades, enfants, vieillards). En quelques jours, la capitale est totalement vidée de ses habitants !
A la tête de l’organisation Khmers Rouges : Pol Pot (POLitique POTentielle), 4 hommes derrière un pseudonyme qui mourront lors des combats ou victimes de trahison.

Depuis cette tragédie, le Cambodge se reconstruit. Mais le procès qui doit permettre de juger les criminels (dont la défense est notamment assurée par Me Verges qui a mystérieusement disparu dans les années 75) se fait attendre… les quelques protagonistes concernés (ceux qui ne sont pas encore morts de vieillesse) ont été arrêtés en 2007 mais leur procès n’a toujours pas commencé.


Le marché « Russe » (très fréquenté par ces derniers lors de l’occupation vietnamienne), un peu excentré mais à seulement 10 minutes de notre guest-house en vélo. Véritable dédale de boutiques minuscules vendant tissus, tee-shirts, bijoux …

Nous décidons de remonter l’histoire du Cambodge : une visite à Angkor s’impose !



22 février 2011

Birmanie : bilan et impressions




Seulement deux semaines pour découvrir la Birmanie, un pays rajouté in-extrémis à notre parcours !

Nous y serions volontiers restés plus longtemps. En voici le bilan :

Nous avons aimé :
- L’accueil, la spontanéité, la gentillesse dénuée d’intérêts des habitants,
- Le coucher de soleil au pont U Bein,
- Les nombreuses pagodes et stupas de Bagan,
- Le tour du lac Inle : sérénité et esthétisme au rendez-vous.


Nous avons moins aimé :
- La pollution, odeurs et bruits de Rangoon,
- Les crachats liés à la consommation de Bétel,
- L’état déplorable des routes.


Et nous?
Nous avons souffert du manque d’hygiène de certains restaurants de Rangoon et Mandalay (soupe chinoise avariée ?).
Résultats : intoxication alimentaire pour Christophe (diagnostic d’un docteur birman de Mandalay) et diarrhée à répétition pour Stéphane.
Nous avons récupéré lors de notre étape de 4 jours au lac Inle.


Au moment de la 2nde guerre mondiale, la Birmanie était un pays riche, prospère et alphabétisé, 1er producteur mondial de riz.
Dès son accession à l’indépendance en 1948, le pays a été repris en main par l’armée et, depuis, son économie décline.
Aujourd’hui, la Birmanie est l’un des pays les plus pauvres de la planète (au 13ème rang mondial). Sa richesse intérieure est équivalente au chiffre d’affaires d’une entreprise moyenne du CAC40.

L’unique stratégie de la junte militaire est de garder le pouvoir à tout prix.
Ainsi, l’armée représente 45% du budget de l’état (soit 5% du PIB contre moins de 1% pour l’éducation). L’appui financier de la Chine ainsi que de certaines multinationales (Total ou Alcatel par exemple) permet à la junte de garder la mainmise sur la population et de faire régner un climat de terreur et de délations.
Il n’y a pas de démocratie en Birmanie. La politique est un sujet tabou (il est impossible d’aborder le sujet avec la population par crainte de représailles). Les médias sont muselés, les opposants sont emprisonnés dans les geôles birmanes après des jugements sommaires.

La seule réponse des occidentaux aux manquements répétés aux droits de l’homme est l’embargo des produits birmans et l’interruption des relations économiques avec la Birmanie.

Cette politique ne règle pas les problèmes : la Birmanie s’isole davantage, la population s’appauvrit et souffre, la Chine en profite pour étendre davantage son influence (construction d’une route –la seule en bon état du pays !- permettant de relier la Chine au golfe du Bengale ; surexploitation des richesses naturelles en teck, minerais, gaz, pétrole… La forêt de tecks birmans est en train de disparaître).

Les infrastructures sont en piteux état (routes à une seule voie défoncée) et l’énergie manque : la vie s’arrête après 18h au coucher du soleil à cause des coupures de courant (les riches particuliers et hôtels s’organisent avec des générateurs nombreux à Rangoon).
Malgré la scolarisation obligatoire, les enfants sont dans la rue ou travaillent dans les restaurants.
Ils ne parlent pas l’anglais contrairement à leurs ainés qui ont bénéficié du système éducatif anglais et qui ont voyagé.
Un couple de radiologistes parisiens, en vacances, nous affirmera que la Birmanie est dépourvue de scanners !

Le salaire moyen journalier birman est de 1000 kyats (0,85 euro). Avec l’augmentation des prix du pétrole et du coût de la vie, les habitants n’ont plus assez d’argent pour survivre (400 kyats pour le transport par ex). D’où la révolte populaire de 2007 initiée par les moines et réprimée par les armes.
Depuis, la junte a accordé une augmentation des salaires et mis en place un système de coupons (transport, nourriture).


Dans ce contexte, faut-il aller en Birmanie et indirectement soutenir financièrement le régime dictatorial ?
Nous pensons qu’il est important d’aller dans ce pays afin de pouvoir ensuite témoigner de ce que nous avons vu, ce que nous faisons maintenant dans ce blog.
Comment aider les gens sur place ? pas en évoquant les sujets politiques mais en discutant avec eux, en communiquant. Les birmans s’intéressent aux touristes, au mode de vie à l’extérieur.

Le touriste responsable évitera de donner son argent aux entreprises nationalisées ou aux généraux en retraite (qui détiennent un grand nombre de société privées). Pas toujours facile de savoir à qui appartiennent un hôtel, un magasin ou un restaurant.
Nous avons privilégié les petites structures familiales : les guesthouses, les restaurants familiaux, les petits commerces… Et, lorsque c’était possible, nous avons évité de payer le droit d’entrée aux sites archéologiques (par ex. à Mandalay).

Ce qui caractérise le tourisme en Birmanie, c’est l’authenticité.
Le pays ne s’est ouvert au tourisme qu’en 1996 et du fait de l’isolement, les birmans sont d’une innocence touchante. Engager une conversation, se faire inviter est très facile en ville comme à la campagne.
Cette authenticité attire les français : c’est le 1er contingent des visiteurs (nous avons rencontré beaucoup de parisiens de 50 ans et plus ; la Birmanie est en vogue dans les salons parisiens…).

Le coût du séjour touristique en Birmanie.
La Birmanie n’est pas un pays cher pour le touriste routard qui sort des circuits organisés.
Attention néanmoins au prix des transports qui ont tendance à flamber avec l’augmentation du prix du pétrole. Il vaut mieux prévoir suffisamment de cash avant d’entrer dans le pays (la CB est inutile en Birmanie).
Notre budget moyen par jour et par personne est d’environ 20 euros (avec un transport avion).

Quelques exemples de prix (au change 1$ = 850 kyats ; ne pas payer en euros sauf si le taux de change est appliqué) :
Nuit d’hôtel, la chambre double : à partir de 15 $ / 11 euros (le standing de l’hôtel thaïlandais est supérieur à prix équivalent).
Taxi, une course d’une heure : 18 $ / 13 euros.
Avion, desserte des principales villes : 60 – 80 $ / 44 – 60 euros
Pas de low cost en Birmanie, d’où les prix élevés par rapport à la Thaïlande. Air Asia dessert Rangoon à partir de Bangkok à des tarifs imbattables (dès 60 $ TTC AS).
Restaurants : en restauration touristique, le plat est à environ 2000 kyats / 1,7 euro.
Dans la rue, il est possible de manger (soupe, plat avec œuf) pour 1000 kyats / 0,85 euro.
La viande et les produits laitiers sont chers. C’est également le cas des fruits importés (pommes, poires) et curieusement, des pommes de terre. Il faut goûter le poisson du lac Inle !
Pagodes : entrées entre 5 et 10 $ / 3,5 – 7 euros.

L’artisanat est très intéressant en Birmanie car pas encore totalement industrialisé.
Les objets ne manquent pas (nous avons ramené plusieurs kilos de souvenirs !) : laque à Bagan, marionnettes à Mandalay, ombrelles, soie et tissus au lac Inle, aquarelles à Migun.
Les birmans travaillent très bien le bois et les métaux précieux.

La Birmanie est le pays rêvé pour les photographes ! Les habitants se laissent photographier très facilement (montrer la photo une fois prise fait toujours plaisir) et les occasions de prendre des photos ne manquent pas (le mode de vie d’un autre temps à la campagne…). Dommage que les « polaroids » n’existent plus pour pouvoir offrir la photo…
Les couleurs sont magnifiques avec l’ensoleillement (14 jours de ciel bleu sur 15 !), les couchers du soleil au bord de l’eau ont quelque chose d’irréel (le gris du ciel et de l’eau calme n’en font qu’un).
Le lac Inle est un grand spot pour les photographes !
Seul bémol : les panoramas sont quelconques à cause de la brume.


- Nom officiel : République de l'Union du Myanmar.
- Superficie : 676 577 km².
- Population : 51 millions d'habitants (estimation).
- Densité : 70,6 hab./km².
- Régime politique : dictature militaire depuis 1962.
- Capitale : Naypyidaw (depuis 2006).
- Chef de l'État et du gouvernement : Thein Sein (février 2011).
- Religion officielle : bouddhisme Theravāda.
- Langues : birman, anglais, langues et dialectes des diverses minorités ethniques.
- Monnaie : le kyat.

17 février 2011

Les splendeurs du lac Inle


Le lac Inle situé au cœur du plateau Shan à l’Est du pays est la dernière étape de notre voyage en Birmanie.

Pour s’y rendre, nous prenons au petit matin (4 h) un bus local très ancien : le plancher est en bois, la porte d’entrée ne se ferme plus et les banquettes sont très dures (pitié pour les lombaires) et peu espacées (Stéphane manque de place pour caser ses grandes jambes).

Douze heures de voyage cauchemardesque au niveau du confort !
Et pour corser le tout, le bus s’arrête à chaque village et les gens s’entassent là où il y a de la place (en version locale cela veut dire des tabourets en plastique dans le couloir et sur le toit pour les plus téméraires!).
Dans la deuxième partie du trajet, plus montagneuse, le bus s’arrête à plusieurs reprises pour asperger d’eau le moteur et éviter la surchauffe.
Vers la fin du parcours, nous sentons une odeur de brûlé vers l’avant : c’est une panne de freinage heureusement rapidement réparée par le chauffeur mécano.
Nous nous souviendrons aussi de la station à essence locale : pas de pompe, le réservoir est rempli au seau…

Le pire, c’est l’état des routes : la chaussée est complètement défoncée sur la totalité de notre parcours, nous sommes ballotés en permanence, le bus ne dépasse pas les 50 km/h.
La junte préfère investir dans l’armée plutôt que dans les infrastructures.

C’est une campagne d’un autre âge que nous traversons : c’est comme si la vie s’était arrêtée en France en 1900 !
Le matériel agricole, lorsqu’il existe, est obsolète. Les bœufs et charrues sont dans les champs, les personnes sont transportées à cheval, la canne à sucre est coupée à la main…
C’est très beau à regarder, à photographier mais le travail manuel des paysans doit-être difficile.
Nous sommes une nouvelle fois frappés par la pauvreté des villages et des habitants qui y vivent. Les enfants traînent dans les rues ou devant leur maison au lieu d’être à l’école.

Nous traversons une vallée dont la terre est riche du fait des sédiments apportés par le fleuve Ayeyarwaddy. Et pourtant, faute d’irrigation et de techniques culturales plus évoluées, les rendements agricoles sont dramatiquement faibles.
Les champs de tournesol sont chétifs, les cultures de colza sont clairsemées les parcelles de petites tailles…
La Birmanie importe nombre de denrées agricoles (pommes, poires…) alors que le pays était encore, au moment de son accession à l’indépendance, le premier producteur mondial de riz…


En fin d’après-midi, nous arrivons au village de Nyaungshwe situé à quelques kilomètres du lac Inle.
Après le marathon des derniers jours, nous décidons de nous poser ici quelques jours.
Nyaungshwe est une bourgade où il fait bon vivre : peu de bruit (les voitures sont rares), le climat est ensoleillé et pas trop chaud en journée (propice aux balades en vélo). En soirée (full moon party), les gens chantent dans la rue et les bars restent ouverts tardivement…

Le village regroupe les hôtels et restaurants économiques de la région.
Il faut payer beaucoup plus chers (70 à 160 $ la nuit) pour bénéficier du coucher du soleil au bord du lac. Mais ces hôtels appartiennent au gouvernement ou aux généraux en retraite, à éviter. Ils sont envahis de groupes organisés (principalement italiens ou russes), ce qui n’est pas notre tasse de thé.

Proche de notre hôtel, le marché traditionnel propose des fruits et légumes frais, des poissons pêchés dans le lac et des morceaux de viande, tout cela dans la poussière et les mouches (que la vendeuse tente de disperser par aspersion d’eau, sans succès).

Cette région est la terre du peuple Intha. Le niveau de vie est ici plus aisé qu’ailleurs en Birmanie grâce à la diversification de l’agriculture et au tourisme.

Nous explorons en vélo les villages environnants. L’activité dans les champs est passionnante à observer : des vaches squelettiques (avec une bosse proéminente vers l’avant) sont utilisées pour labourer les champs, des femmes coupent la canne sucre dont la hauteur est impressionnante (3-4 m), les femmes nettoient les vêtements aux cours d’eau et se lavent également pudiquement à l’abri des regards, les bœufs sont chevauchés par des gamins de 5 ans et sont conduits vers la rivière pour la baignade de la journée…
Les maisons majoritairement en bambous, plus rarement en bois sont sur pilotis et donnent sur les canaux ou rivières. Certaines semblent si fragiles qu’un coup de vent suffirait à les aplatir.

Sur le chemin au milieu des champs, nous visitons une micro usine qui traite la canne à sucre : pressage de la canne, chauffage et concentration du jus dans de grandes marmites et obtention d’un liquide noirâtre prisé des mouches, liquide dont nous ne connaissons pas l’utilisation.

Il y a même un vignoble sur le flanc Ouest de la montagne : 75 hectares de vignes. Au moment de notre passage, le raisin est récolté en vue du pressage, fermentation et mise en bouteilles.
Les bouteilles de vin blanc ou rouge sont vendues 10 $ aux touristes du pays (pas d’exportation pour cause d’embargo).
Nous discutons longuement avec le directeur de l’usine, François, un français qui vit en Birmanie depuis 9 ans. Il a conçu l’usine de A à Z bénéficiant des moyens importants du propriétaire (il s’agit du chef de l’ethnie locale, très riche grâce au commerce frauduleux des pierres précieuses, en complicité avec la junte militaire).
François nous affirme que le nombre de touristes a dégringolé après la répression de la révolte des moines de 2006 et le cyclone de 2007 (tous les hôtels étaient vides). Depuis, le tourisme a repris (200 à 300 000 visiteurs annuels) sans égaler la fréquentation des pays voisins (15 millions en Thaïlande, 3 millions au Cambodge…).


Nous trouvons le temps de visiter des monastères : ceux-ci sont sobres, tout en bois.
La façade en bois du monastère de Shwe Yan Pyay a des ouvertures rondes permettant, avec chance, d’y observer les monks en train d’étudier.
Nous entrons dans un autre monastère près du lac. Nous y voyons des jeunes moines réunis dans la grande salle qui étudient, ou plutôt, font semblant de lire leurs livres. Des avions papier et des boulettes volent !
Stéphane est accueilli par 3 moines du monastère Moke Thoke : échange de photos autour du thé. Malheureusement, la discussion est limitée car les moines ne parlent pas l’anglais.



Le surlendemain de notre arrivée, nous partons explorer le lac au cours d’une journée qui restera inoubliable.
Entouré de montagnes, le lac Inle immense s’étire sur plusieurs kilomètres. Sa profondeur varie de quelques centimètres à 6 mètres.
Confortablement assis dans notre pirogue à moteur, nous commençons la descente du lac vers le Sud.

Autour de nous, les pêcheurs naviguent sur des pirogues en bois allongées et très belles (curieusement, ces bateaux semblent stables malgré leur finesse).
En équilibre et debout à l’extrémité arrière de la pirogue, le pêcheur pousse le bateau avec sa jambe (la jambe entoure la rame), tient une nacelle de la main gauche et une pique (harpon) de la main droite.
Un ballet étonnant au milieu du plan d’eau.

Nous arrivons au village de pêcheurs au Sud du lac : les maisons en bambous sur pilotis se reflètent sur l’eau calme et sombre du lac, les habitants se déplacent en pirogue, les enfants jouent sur des îlots terreux, certains jardins sont fleuris. L’atmosphère est calme, sereine. Les couleurs sont magnifiques et photogéniques, c’est tout simplement beau !

Dans les villages, nous effectuons la tournée des artisans. Les visites sont très touristiques mais cela reste très intéressant. Nous sommes partis avec une demi-heure de retard par rapport au flot de touristes ce qui nous permet d’être relativement tranquilles.
Premier arrêt dans une fabrique de tissus à base de soie et de lotus. La fibre de lotus est extraite manuellement de la tige : les fibres sont enroulées, séchées et prêtes à l’utilisation. Les écharpes 100% lotus ont une texture proche du lin (plus doux et aussi beaucoup plus cher !).

Nous visitons ensuite un atelier qui travaille le bronze (le feu est attisé manuellement pendant que 4 gros bras tapent le métal incandescent afin de lui donner sa forme définitive, impressionnant), une fabrique de cigares (les petites mains féminines font jusqu’à 700 cigares / jour), un atelier de menuiserie qui conçoit des pirogues (il faut assembler plusieurs morceaux de bois pour obtenir la finesse de ce bateau), un atelier d’orfèvrerie (la gérante est fière de nous montrer le bijou phare de la maison : un poisson aux écailles d’argent articulées).

Lors de la visite d’un atelier fabriquant des ombrelles, nous sommes impressionnés par la technicité de l’objet conçu autour du bambou. A partir d’un morceau de bois, l’artisan élabore devant nos yeux le loquet permettant de maintenir ouvert le parapluie et ce, sans utiliser de ressort. La toile de l’ombrelle est issue de plantes flottantes séchées et blanchies. Deux couches de toile sont superposées avec à l’intérieur des plantes séchées en guise de décoration. Que du fait main à un prix dérisoire !

Après un déjeuner vite expédié à l’ombre de la pagode Ywama (à l’intérieur, les Bouddhas ont été déformés par l’ajout successif de feuilles d’or : ce sont maintenant de grosses boules dorées), nous remontons la rivière en direction du village d’Idein. Au sommet de la colline, la pagode Shwe Inn Thein étonne par le nombre de stûpas dorés très proches les uns des autres.

Nous entrons de nouveau dans un village de pêcheurs mais cette fois ci les maisons sont en teck : nous ne nous lassons pas de circuler entre les maisons sur pilotis se reflétant sur l’eau, un enchantement !
La particularité de ce village est de travailler des jardins flottants : il s’agit de bandes de terre et d’herbes fixés au sol via des piquets de bambou. Recouvert d’argile et de boue, les paysans y plantent des tomates, des laitues… Le ramassage se fait en pirogue !

Nous terminons la journée en beauté, par un coucher de soleil sur le lac calme, entouré de pirogues de pêcheurs. Louis Vuitton a été bien inspiré de faire une pub ici ! (publicité sur papier glacé, découverte au hasard d’une visite de temple).


Nous n’avons pas envie d’affronter de nouveau les routes birmanes cabossées.
C’est en avion que nous rentrons à Yangon avec Asian Wings Airways, une nouvelle compagnie aérienne non répertoriée dans la liste noire européenne (ni peut-être même dans aucune liste européenne !). L’atterrissage à l’escale de Bagan a été épique : au sol, l’avion a viré à droite, puis à gauche plusieurs fois avant de freiner et de s’immobiliser. Nous avons eu chaud !