17 mars 2011

Rando moto au Plateau des Bolovens

Après Don Khong, nous avions prévu de nous rendre à la ville de Champassak, mais c’est sans compter sur notre chauffeur de bus qui n’en fait qu’à sa tête et nous dépose plus de 10 km plus au Nord !
Nous décidons alors de monter jusqu’à Paksé proche.

Paksé est la 2ème plus grande ville du Laos et la plaque tournante commerciale du Sud (importations de produits de la Thaïlande proche).
Pendant que Christophe part visiter le temple Wat Phou (la passion des pierres !), Stéphane visite le centre ville. Il n’y a pas grand-chose à voir à Paksé.
Surprise : au cœur du marché, un supermarché Tang Frères ! Les fondateurs de la chaîne de magasins du 13ème arrondissement parisien sont originaires du Laos…

Wat Phou est un mini Angkor (un seul temple !), construit à la même époque. C’est une super mise en bouche s'il est visité avant Angkor sinon … Oubliant le déjà vu des pierres, le charme réside dans la construction à flanc de colline (magnifiques perspectives) et les frangipaniers qui ont pris possession des lieux.


Paksé est la base idéale pour explorer le plateau des Bolovens tout proche.
Dès le lendemain, nous louons une moto (une Suzuki de 100 cm3).
Le sac de Stéphane est entre les jambes du conducteur, Christophe porte son propre sac et nos duvets sont dans la corbeille avant. Et c’est parti les Bolovens !

Les débuts sont… chaotiques : les motos locales ont la forme d’un scooter mais sont dotées de vitesses que l’on change avec un système de pédale au pied, assez déroutant au départ. Autre curiosité, le frein est au même niveau que l’accélérateur (= poignée du guidon à tourner) : plus d’une fois nous freinons et accélérons en même temps.
Nous commençons à prendre de l’assurance laissant la ville derrière nous.

Le plateau des Bolovens est une vaste région agricole connue pour ses plantations de cafés, de thés mais aussi de riz (ce n’est pas le bon moment : les rizières sont à sec), bananes…
C’est une belle région aux routes pittoresques, dotées de cascades sauvages, de villages typiques que nous parcourons pendant 4 jours avec la liberté qu’offre la moto.

Nous choisissons de faire le circuit dans le sens inverse de celui proposé par l’office du tourisme de Paksé : c’est moins de touristes, plus de tranquillité.


Nous commençons par les chutes de Tad Fan, hautes mais peu impressionnantes.
Nous préférons les belles chutes de Tad Yuang très photogéniques au soleil couchant.
Nous traversons des plantations de caféiers tout en fleurs (grappes blanches) et de théiers : l’ouvrière coupe les jeunes feuilles vertes des arbustes qui seront ensuite séchées au soleil.
Nous dormons dans une guesthouse tenue par une chinoise (intraitable sur les prix) dans la ville de Pakxong.

Le 2ème jour, nous passons d’une belle route bitumée à une piste de terre. Et quelques dizaines de kilomètres plus loin, c’est la chute ! notre moto dérape sur un tas de terre et la poignée du frein se casse. Plus de peur que de mal.
Heureusement qu’il y a un village à 3 km pour réparer notre frein. Nous nous y rendons à vitesse réduite, en utilisant au maximum le frein moteur. Le jeune mécano est plein de bonne volonté mais n’est pas très débrouillard : nous faisons le travail à sa place et en plus il nous réclame de l’argent !
L’heure tourne (déjà 15 h) et il nous faut repartir avant que la tombée de la nuit (rouler de nuit sur une piste cabossée, une expérience qui ne nous tente pas).
La terre rouge vole au passage des camions : nous sommes plus terreux que les concurrents du Dakar !
Au fur et à mesure du trajet, la piste se rétrécit. Nous entrons dans la forêt, plus personne autour de nous. Le chemin est très beau (nous traversons des forêts, des villages isolés : c’est le plus bel endroit des Bolovens) mais n’arrête pas de descendre : c’est un peu l’inquiétude car le câble de notre frein est usé, il ne faut pas trop le solliciter…
Nous parvenons enfin à la route bitumée en fin d’après-midi avant le coucher du soleil.
Nous nous arrêtons au village de Sékong, notre étape de nuit.

Le 3ème jour, la route est belle jusqu’au village de Ban Beng : les maisons sont toutes en bois sur pilotis. Les animaux de la ferme (poules, animal fétiche de Stéphane, cochons, canards…) déambulent autour des chiens et chats endormis. Les adultes sont cachés, c’est l’heure de la sieste ? Les enfants s’amusent autour de la fontaine du village.
Nous arrivons en cours d’après midi à Tad Lo : ce sont 3 belles chutes avec terrasses d’eau et tout autour, la forêt luxuriante et quelques bungalows malheureusement trop proches.
Le coin est touristique mais les visiteurs sont discrets.
Nous nous baignons dans une des cascades, c’est trop bon !
Notre bungalow, en retrait, est très sommaire : une hutte de paille avec deux lits & moustiquaires et une vue imprenable sur les chutes et le village ; c’est notre logement le moins cher en 10 mois, 3 € !

Le 4ème jour aux aurores, nous nous rendons à un petit village près des chutes.
C’est un beau village traditionnel : les maisons en bois ont été construites autour d’une grande place herbeuse au centre de laquelle se trouve une hutte sanctuaire probablement utilisée pour les rites religieux.

C’était la nuit de pleine lune et une fête annuelle a été organisée.
Les buffles ont déjà été sacrifiés lorsque nous entrerons dans le village vers 6h du matin. A divers endroits, les hommes s’activent à découper les carcasses en petits morceaux qui seront ensuite grillés et servis au cours de la matinée. Voir des pattes ou des têtes de buffles et sentir l’odeur du sang frais n’est pas très appétissant de si bonne heure.

Aussi, nous prenons de la hauteur et partons pour une randonnée d’une heure à dos d’éléphants. C’est une expérience inoubliable que de progresser dans la forêt sur un éléphant. Celui-ci est chevauché par un dresseur qui le dirige par appuis des pieds aux oreilles, la zone sensible du pachyderme.
Quelle différence de taille et de poids entre l’animal et son maître !
Notre éléphant est âgé de 32 ans. Il fait preuve d’une grande souplesse dans sa démarche. Lors de la traversée de la rivière : aux endroits où nous glissions hier (rochers patinoire à cause de la mousse), les pattes de l’éléphant épousent les formes des rochers et ne dérapent pas !
Notre éléphant est très gourmand : après avoir fini son premier régime de bananes de la journée (plus de 200 kg consommés par jour), il s’attaque aux feuilles de bambous de la forêt. Sa trompe lui permet de saisir des objets aussi fins qu’une petite banane ou une branche d’arbre. Sa puissance lui permet aussi de dégager un arbre tombé au cours de la nuit sur le sentier.
Nous sommes invités à chevaucher l’animal sur l’avant : étonnant que de sentir les os des pattes de l’éléphant bouger, de toucher le poil dru. La position est confortable… mais sur courte durée.

Après une pause au village de Banko Phoung dont les habitants ont la singularité de confectionner des cercueils de leur vivant et aussi de tisser en utilisant leurs mains et pieds comme métier à tisser, nous arrivons aux chutes de Phaxuam Cliff : encore de belles cascades mise en valeur par l’action d’un homme tombé amoureux de cet endroit.
Il a construit un superbe hôtel restaurant (intégration parfaite dans le site) et il y fait travailler des locaux. C’est un bel exemple de tourisme participatif. On visite également un village reconstitué mais habité, où l’on peut observer les habitations des différentes ethnies du pays. Le bambou et le bois sont omniprésents.


Nous retrouvons Paksé en fin de journée.
Le temps pour nous de prendre une douche, de dîner sur le pouce et nous voici dans le VIP bus de nuit pour Ventiane.
Le bus de fabrication chinoise est doté de vrais lits mais… à la taille chinoise, c’est-à-dire court et étroits. Trop court pour les jambes de Stéphane qui n’a aucune envie de voyager les jambes pliées. Il déménage donc au fond du bus (les seules places restantes). Mais les secousses et le bruit (réparation au scotch de la fenêtre cassée) l’empêcheront de dormir une grande partie de la nuit. Christophe profite donc d’un lit double à lui tout seul mais ne dormira pas beaucoup gêné par la climatisation située juste au dessus de son nid.




1 commentaire:

  1. Je revis le long de tous vos récits d'Asie si bien détaillés,notre merveilleux séjour avec tes parents au Vietnam,Laos,Cambodge....Vos sensations à dos d'éléphant ont été exactement les nôtres...les villages typiques,la gentillesse des Asiatiques en général,tous ces paysages variés...Oui,très beau continent !
    Merci à vous deux et à toi Stéphane : je suis heureuse d'avoir pu partager au téléphone et à travers tes gentils mails notre,votre belle aventure !
    Plein de bisous .
    Soso

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