14 mars 2011

4000 îles au Laos !

Notre passage frontière Thaïlande-Cambodge avait été mémorable. Nous n’oublierons pas également notre entrée au Laos !
Ici, nous avons affaire à des douaniers cambodgiens et laotiens véreux. Tous les moyens sont bons pour pigeonner le touriste : par exemple la taxe du dimanche à payer pour tamponner notre passeport.
Côté Cambodge, nous refusons fermement de payer les 2$ demandés et nous réussissons ! le tampon est gratuit.
Côté Laos, le fonctionnaire est plus têtu et refuse obstinément de tamponner notre passeport malgré nos menaces (montrez moi le texte officiel, donnez moi un reçu, quel est votre nom, je veux parler au boss…).
Résignés et dégoûtés, après une demi-heure de pourparlers, nous payons finalement les 2$ demandés sous peine de ne pas pouvoir reprendre le bus…


Nous sommes à l’extrême Sud du Laos, dans la région dite des 4000 îles.
Ici, le lit du fleuve Mékong est très large, jusqu’à 14 km de largeur pendant la saison des pluies !
Le fleuve se divise en une multitude de bras entourant des milliers d’îles et d’îlots recouverts d’une végétation tropicale luxuriante.

Les îles sont paisibles et l’atmosphère est hors du temps. C’est l’endroit idéal pour… ne rien faire !
Nous choisissons de séjourner dans deux îles habitées : Don Det proche de la frontière et Don Khong grande île plus au Nord.

Au cours du trajet bateau vers l’île de Don Det, nous avons notre premier coucher de soleil au Laos : les reflets rouges-orangés du soleil sur le Mékong sont tout simplement magnifiques. Les pêcheurs en équilibre sur les pirogues lancent leurs filets dans l’eau…

Nous arrivons à l’embarcadère de Don Det : c’est une plage de sable entourée de guesthouses et de restaurants.
L’île est petite et son charme tient à la proximité avec les rives boisées des îles voisines. En se promenant, il est possible d’apercevoir sur l’eau calme du Mékong l’ombre des grands arbres.
Ici, tout invite au farniente et au laisser aller : les hamacs dans chaque guesthouse, la chaleur, la plage et l’eau tiède du fleuve…

Malheureusement, l’île est victime de son succès et du développement anarchique des guesthouses : au Nord et sur la rive Est de Don Det, les logements se sont multipliés comme des petits pains.
Aux dires des voyageurs qui connaissaient le Don Det d’il y a quelques années, l’île a perdu de son âme et de son authenticité : trop de monde, trop de touristes.
L’accueil s’en ressent : les commerçants sont désagréables. Ils ne sourient pas, ne remercient pas voire ne répondent même pas à nos questions ; ce comportement nous rappelle notre escale à San Pedro d’Atacama au Chili.

Les touristes ici sont jeunes, majoritairement d’origine anglo-saxonne (comme en Australie) et sont attirés par le charme des lieux mais aussi par les tarifs imbattables des guesthouses : 4 à 5 $ la nuit dans un bungalow au bord du Mékong.
L’inconvénient est que cette clientèle boit (la Beer Lao coule à flot) et se drogue (du soft cannabis aux substances « happy » au menu dans certains bars : substances hallucillogènes plus ou moins exotiques).

Tout cela n’est pas trop notre truc : nous nous éloignons donc de l’agitation du Nord de l’île et trouvons un bungalow en contreplaqué tenu par une famille laotienne. Nous aurons également nos habitudes au restaurant voisin : peu fréquenté, bon et original. Nous goûtons ainsi un succulent « pumpkin burger », un curry aux lentilles … ça nous change du riz !
Nous restons 2 jours à Don Det : une journée de vélo et une journée de bateau.

En vélo, nous parcourons l’île sur toute sa longueur et profitons de très beaux points de vue sur les rives.
La maison laotienne typique, en bois, est construite sur pilotis : de cette manière, les mauvais esprits ne montent pas dans la maison.
Les habitants vivent au rythme tranquille du Mékong : après un réveil matinal (merci les coqs !), les femmes s’activent aux tâches ménagères diverses. Puis, la famille se retrouve sous la maison (au niveau des pilotis) pour déjeuner, dormir (activité majeure ici) ou discuter.
La nuit venue, tout le monde monte dans la pièce principale pour dormir. Les enfants dorment avec leurs parents sur des nattes tressées à même le sol.

Nous rejoignons l’île de Don Khône via un beau pont de pierre de 150 m de long construit par les français à la fin des années 20. Ce pont a été utilisé pour le transport de marchandises via une petite ligne de chemin de fer de la liaison Saigon-Vientiane.

L’île de Don Khône est plus étendue que Don Det, plus calme et sauvage aussi : nous y rencontrons plusieurs couples français et suisses en vacances en Asie pour plusieurs mois, l’occasion de partager expériences et vécus autour d’un verre.
Le principal centre d’intérêt de Don Khône, ce sont les belles chutes de Li Phi à l’Ouest de l’île. Plus que la taille des chutes (peu hautes), c’est le cadre sauvage qui mérite le détour : la jungle cohabite avec les rochers de pierre colorés et, au pied des chutes, nous découvrons une belle plage de sable. Ces chutes rappellent à Stéphane les chutes Victoria en Zambie, en version réduite bien sûr !


Le lendemain, nous louons pour la journée (au tarif d’1/2 journée !) une pirogue traditionnelle en bois.
Sous un soleil caniculaire, nous partons à l’assaut du Mékong !
L’embarcation est très instable (mieux vaut ne pas se mettre debout !), elle n’avance pas droit et elle prend l’eau (il faut sans arrêt écoper). Les débuts sont laborieux mais nous trouvons vite un bon rythme de croisière.
Qu’il est agréable de circuler entre les îles et les roseaux ! Certains îlots sont transformés en jardins potagers : tomates, laitues… Nous croisons une vieille dame qui rame pour se rendre à son potager … et soudain retentit une sonnerie de téléphone et nous la voyons répondre au téléphone. Le progrès va trop vite…
Nous observons un pêcheur poser des filets dans les joncs.
Nous restons une bonne heure avec 5 laotiens : au milieu du Mékong, ils remplissent une grande barque de pierres grâce à un système d’aspiration (long tuyau percé). Ces galets seront ensuite ramenés sur les îles et destinés à la construction d’autres guesthouses et restaurants… Nous qui pensions avoir rencontré nos premiers orpailleurs ! Nous les quittons au moment de leur déjeuner; au menu sticky rice et brochette d’œufs. 

Faute d’avoir prévu notre pique nique, nous accostons sur une île toute proche. Aucun touriste alors que nous sommes juste en face de Don Det. Seulement un village et un temple avec ses moines évidemment. Faute de restaurant, nous allons de maisons en maisons en quémandant à manger avec la langue des signes. Nous mangeons finalement sous une maison à pilotis une sorte de soupe au poulet à un prix défiant toute concurrence.
Le bonus de cette belle journée en bateau, c’est le coucher du soleil (petit soleil furtif derrière la brume) sur le Mékong ; nous ne nous en lassons pas !


Pour aller à l’île de Don Khong, notre étape suivante plus au Nord, nous prenons : un bateau, un bus et un autre bateau ; plus économique qu’un bateau direct mais plus long !
Don Khong est la plus grande des îles (elle mesure 18 km de long et 8 km de large) : si grande que nous n’avons pas la sensation d’être sur une île.

Nous dénichons une belle guesthouse proche du fleuve : c’est une ancienne villa en teck avec une agréable véranda pourvue de canapés, endroit idéal pour se reposer après une bonne marche.
Comme les logements sont un poil plus cher sur l’île, la clientèle est plus âgée et l’ambiance plus paisible.
De la terrasse où nous déjeunons, nous avons une vue unique sur le Mékong. Le paysage ressemble à la Loire à hauteur d’Amboise : un fleuve large avec des bancs de sable et des îlots.

Dans le village de Ban Khong où nous sommes, il y a… des temples.
Le Wat Phouang Keo possède un gigantesque Bouddha doré et protégé par un serpent à sept têtes, impressionnant.
Nous aimons davantage le Wat Xieng Vang : un beau temple avec ses gouttières dragons mais qui semble abandonné tant il est en mauvais état. De l’entrée du temple, la vue est unique sur le Mékong… 
Près du temple, nous croisons des villageois en train de préparer une fête.
Pendant que les femmes travaillent (coupent la viande et des légumes), les hommes sont assis et boivent de l’alcool de riz, vive l’égalité homme-femme ! Les hommes puis à leur tour les femmes nous invitent à trinquer avec eux. Nous ne pouvons refuser. C’est sans goût et très fort.
Sur les conseils du Lonely et avec l’aide du coq voisin, nous nous rendons au marché du village vers 6 h du mat. C’est un petit marché coloré (rouge des piments, vert des salades, jaune des fleurs…) et animé (tout le village s’y retrouve) : bien sympathique pour commencer la journée. 
Christophe, plus téméraire sur le plan culinaire, teste deux ou trois spécialités locales, bon mais assez gras.





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