Nous voici en Thaïlande, un pays aussi grand et peuplé que la France.
Le nouvel aéroport international de Bangkok est immense, aussi grand que son nom (Suvarnabhumi).
Il faut traverser un long, très long couloir avant de parvenir à la douane puis à la réception des bagages où nous attendent les parents de Stéphane.
Stéphane est ravi de voir ses parents en très bonne forme après un périple « marathon » réussi de 15 jours au Vietnam, Laos et Cambodge.
Ce sont nos premiers visiteurs depuis le début de notre tour du monde ; ils vont nous accompagner en Thaïlande pendant une vingtaine de jours.
Notre premier hôtel se trouve à quelques kilomètres de l’aéroport, près d’une autoroute (très pratique pour une arrivée à 22 h mais bruyant).
C’est un 2 * avec piscine et free wifi.
Il surpasse en terme de confort les backpackers d’Australie pour un prix 3 fois moindre.
Que nous sommes heureux d’être en Asie !
Nous recherchons le lendemain un hôtel plus central car nous nous rendons compte de la taille gigantesque de Bangkok, une capitale de 10 millions d’habitants très étendue.
La circulation est très dense : la ville concentre 90% des voitures de Thaïlande.
Nous installons finalement notre camp de base dans un hôtel du Groupe Accor, juste à côté de l’Ambassade de France. On ne peut pas faire plus patriotique !
Le centre historique est en permanence embouteillé car il est dépourvu de métro. Pour s’y rendre, il nous faut prendre le ferry public (attention à l’arnaque du ticket journalier pour les touristes, nous sommes tombés dans le piège la 1ère fois – 150 Bats contre seulement 14 Bats pour un ticket one-way) qui longe la rivière ou alors prendre un taxi et ne pas être pressé …
Bangkok est construite sur d’anciens marais : le sol est instable et ne permet pas la construction d’ouvrages souterrains d’où les autoroutes et métros aériens. De même, dans un grand nombre d’immeubles les parkings se situent aux premiers étages et non en sous-sol ; dans les constructions récentes, les architectes ont essayé de les rendre les plus discrets possibles…
D’ailleurs la ville s’est enfoncée de 1 mètre au cours de la dernière décennie.
Nous sommes médusés par la taille et l’importance des ponts qui traversent la ville : la quantité de béton nécessaire pour construire ces mastodontes a dû être phénoménale.
Autres caractéristiques de Bangkok : le bruit et la pollution liés à l’importante circulation automobile. L’air est, à certains endroits, irrespirable et nous comprenons pourquoi certains habitants portent des masques.
Dans la rue, il est fréquent de sentir de mauvaises odeurs de putréfaction. L’écologie n’est pas la priorité des thaïlandais (nous le verrons par la suite dans le Sud) : les cours d’eau sont remplis de détritus et certains trottoirs sont de véritables poubelles.
Mais tout ceci ne doit pas éclipser l’accueil et la gentillesse des habitants, toujours en train de sourire. « Smile » est leur devise !
Le salut traditionnel est le « Wai », les deux mains jointes en baissant la tête comme pour prier. Un salut utilisé comme slogan publicitaire par la compagnie aérienne Thaï !
A la fin de nos trois séjours à Bangkok (mi-janvier avec les parents de Stéphane, début février avant notre départ pour la Birmanie et fin février avant notre départ pour le Cambodge), nous avons une vue d’ensemble de la ville et pouvons la diviser en cinq quartiers distincts.
Commençons tout d’abord par le centre historique, entouré d’eau afin de prévenir les invasions étrangères (à gauche une boucle de la rivière Chao Phraya et à droite des canaux aménagés par l’homme) et qui regroupe les principaux temples et musées de la ville. C’est le quartier le plus touristique. Nous avons dû faire des choix car impossible de visiter tous les temples.
Le Wat Pho : c’est un très grand temple, le plus grand de Bangkok, et sans doute le plus beau ; en tout cas notre préféré.
Nous y avons vu un très grand Bouddha (45 m de longueur et 15 m de hauteur) couché en bois doré dans un bâtiment trop petit pour accueillir une statue de cette dimension. La position couchée est celle qui précède le Nirvana.
Près du Bouddha couché, dans des couloirs, nous observons des alignements de Bouddhas assis : plus de 394 tous différents !
A proximité du temple doré, nous apercevons de très beaux Chédis : ce sont des tours qui abritent des reliques de personnalités.
Ce temple est un lieu de vie puisqu’il accueille un centre de massage et un café.
Nous sommes surpris par la surabondance d’éléments dorés (montants des portes, cloches, éléments décoratifs des toits, bouddhas… très brillants au soleil, port de lunettes de soleil indispensable !) ainsi que la finesse des sculptures en bois.
Ce temple, comme tous ceux vus en Thaïlande, est en très bon état (restauration récente).
La richesse des lieux contraste avec la pauvreté de certains quartiers de la ville : la religion est essentielle en Thaïlande qui compte 95% de bouddhistes.
On peut apprécier cette architecture un peu trop chargée et « kitsch » destinée à impressionner le croyant. Ce n’est pas trop la tasse de thé de Stéphane …
Le Grand Palais : ce complexe construit en 1867 par le roi de l’époque regroupe plusieurs temples dont le Wat Phra Kaeo (le plus connu de Thaïlande) ainsi que le Palais, des musées … (d’ou un ticket d’entrée assez prohibitif – 9 €).
Nous admirons le Chédi tout en or (carrelage 14 carats selon notre guide) magnifique au soleil. Il abrite le sternum du Bouddha. Près du Chédi, nous observons la bibliothèque faite de panneaux en bois finement sculptés.
Le Wat Phra Kaeo (beau bâtiment au toit coloré en bleu et rouge comme un tapis) abrite le fameux Bouddha d’Emeraude : une statuette en jade peu visible car haute de seulement 66 cm au sommet d’un trône de 11 m !). Petite mais coquette : elle possède 3 tenues (or, diamants, pierres précieuses… rien n’est trop beau … chaque tenue vaut plusieurs millions d’euros) que le roi en personne change à chaque saison.
Ce Bouddha fait l’objet d’un véritable pèlerinage de la part des thaïlandais.
Autour du temple, des fresques racontent l’histoire des rois Rama (la dynastie actuellement au pouvoir), une belle bande dessinée pour passer le temps !
La décoration du temple est bien trop chargée et colorée. Néanmoins, nous aimons les statues de démon à tête de singe qui entourent certains Chédis dorés et les impressionnantes statues de monstres gardiens des portes du temple.
Chaque roi y est allé de sa construction et, au final, nous trouvons tout cela un peu fouillis. De plus, notre visite a été malheureusement gâchée par le trop grand nombre de touristes présents (des cars entiers d’asiatiques et d’européens).
Le Wat Mahathat : un temple dont le calme contraste avec l’agitation du Grand Palais proche.
C’est un beau temple plutôt sobre, avec des alignements de Bouddhas.
Ce dimanche lors de notre visite, nous avons rencontré des garçons et filles vêtus de rose en train de déjeuner : c’est le catéchisme version bouddhiste.
Toujours dans le quartier historique, Christophe s’est rendu au Musée National. L’ensemble est composé de plusieurs édifices dont évidemment un temple ! C’est sans doute une bonne préparation à la visite ultérieure des temples et de la Thaïlande en général : deux salles sont dédiées à l’histoire du pays et les autres pavillons exposent les merveilles de l’art Thaïlandais.
Malheureusement, le musée est un peu fouillis et vieillot ; Christophe passe sans doute à côté de nombreuses informations… une visite guidée est recommandée mais voilà seulement une le matin à 9h30 !
Côté histoire, nous avons retenu que la Thaïlande a eu quatre capitales successives : Sukhothai (9 rois), Ayutthaya (34 rois), Thonburi (1 roi) et Bangkok (9 rois), des villes qui sont situées de plus en plus vers le sud du pays montrant l’extension de l’empire birman.
Côté richesses, Christophe a surtout aimé la salle des masques et figurines de théâtre, la salle des instruments de musique (des xylophones géants où chaque touche est un gong différent – malheureusement impossible d’en jouer) et la salle des chariots funéraires royaux.
A voir rapidement au centre historique, la rue piétonnière Khao San Road : restaurants et boutiques pour touristes se succèdent dans une petite rue. C’est bruyant, peu intéressant et le coin attire les adeptes du tourisme sexuel.
En bordure du centre historique, il ne faut pas manquer le Wat Saket, plus connu sous le nom de Golden Mount. Il s’agit du premier gratte-ciel de Bangkok ! Une sorte de montagne artificielle de plus de 60 mètres de haut au sommet de laquelle trône un Chédi couvert d’or et étincelant au soleil. Du haut du toit terrasse, au pied du Chédi, nous avons une vue panoramique époustouflante sur Bangkok.
L’ancienne capitale de la Thaïlande, Thonburi, se trouve à l’ouest du centre historique.
C’est maintenant un quartier de Bangkok que nous découvrons à travers les canaux qui le sillonnent, c’est la fameuse balade des Khlongs.
Nous avons parcouru les canaux à bord d’un Long Trail (Longue Queue) : il s’agit d’une pirogue d’une dizaine de places dotée d’un énorme moteur (moteur de voiture) très bruyant et vibrant en fonctionnement.
C’est une balade agréable : nous voyons de part et d’autre des maisons en bois sur pilotis, plus ou moins anciennes et bringuebalantes, des commerces, des temples, des maisons fleuries.
Nous nous sommes arrêtés au Musée des Barges Royales. Il s’agit d’un vaste hangar sur l’eau où sont exposées 8 barges royales, très décorées et sculptées. Nous en échangerions bien une avec notre Long Trail qui nous attend à la sortie !
Au Nord du centre historique, se situe un quartier plus récent, qui abrite quelques monuments intéressants au milieu d’un parc fort agréable.
Le Wat Benchamabophit : c’est un joli temple en marbre gris de Carrare plutôt sobre qui date du début du 20ème siècle (la majorité des temples que nous visitons sont récents ou ont changé de structure suite aux rénovations successives). Nous remarquons les lions en marbre aux sexes proéminents.
Le Vimanmek Mansion : la plus grande demeure en bois teck au monde est une résidence royale (maintenant inhabitée) qui surprend par la luminosité des pièces (nombreuses ouvertures vitrées qui donnent sur de beaux jardins). Le bois, omniprésent, confère un côté colonial à la maison. Plusieurs dizaines de pièces meublées se visitent : salons, salle à manger, salle de bal, chambre et salle de bain du roi… Beaux meubles d’époque, collections de tableaux plus ou moins réussis… C’est le château de Versailles de Thaïlande !
Beaucoup de visiteurs heureusement éclatés en petits groupes.
L’Anantasamakthom Trone Hall : à proximité de la maison de teck.
Il ne faut pas être découragé par l’architecture extérieure massive (à la soviétique) de ce bâtiment tout en marbre gris. A l’intérieur, le musée rassemble une collection d’objets réalisés par des artisans thaïlandais sous le patronage de la Princesse.
Nous y découvrons des trônes royaux finement sculptés en or ou en argent (jusqu’à 2 ans de travail par une centaine d’artisans), de magnifiques maquettes de bateaux (barges royales), des tapis aux motifs verts (réalisés à partir d’ailes de scarabées !), des figurines en bois d’ivoire …
La conception de chaque œuvre est expliquée et commentée par des films. Ce musée est un véritable hommage à l’artisanat thaïlandais.
Compte tenu de la quantité d’or, des heures de travail, de la minutie… nous pourrions imaginer que ces objets ont été réalisés il y a plusieurs siècles… Pas du tout, ils ont été terminés récemment afin de fêter les 60 ans de règne du roi Bhumibol Adulyadej ou plus simplement Rama IX.
C’est probablement notre visite la plus inattendue à Bangkok !
A l’Est du centre historique, s’étend la ville moderne, bien desservie par les transports publics, construite de manière anarchique (les gratte-ciel les plus modernes côtoient les bidonvilles) et qui regroupe les centres commerciaux, ambassades …
Nous faisons un tour dans trois des centres commerciaux majeurs de Bangkok : le Siam Discovery (magasins très occidentaux, prix peu attractifs), le Siam Center (centre très fashion; nous dînerons dans un restaurant barbecue à la mode japonaise tout jaune) et le Siam Paragon (le centre des marques de luxe : Hermès, L. Vuitton … et Zara ?). Nous sommes surpris par la surabondance des couleurs et des lumières : les asiatiques aiment les couleurs « relevées » : même la confiture à la fraise est fluo !
Christophe visite également le musée d’art moderne … très peu d’œuvres permanentes … mais beaucoup d’expositions temporaires… Parmi les expositions du moment, une rétrospective photo des pays et lieux visités par la Princesse en 2010 ; pas d’œuvres modernes mais c’est tout de même très intéressant.
Imaginons que le centre Georges Pompidou propose 2-3 salles remplies de magnifiques photos retraçant les visites diplomatiques du couple Nicolas Sarkozy-Carla Bruni !
Au milieu de ce centre ville bruyant, la maison de Jim Thompson, nous apparait comme un havre de paix.
J. Thompson était un agent secret de la CIA (mystérieusement disparu en 1967) qui a remis au goût du jour la soie thaïlandaise (la boutique proche vend de coûteux objets en soie).
Il a aménagé sa demeure en juxtaposant 6 maisons traditionnelles thaïlandaises en teck et montées sur pilotis ; des maisons qui se visitent maintenant, un parcours agréable dans un jardin tropical un peu sombre.
Ce Monsieur avait beaucoup de goût : beaux meubles, belles gravures aux murs, très belle chambre à coucher avec un belvédère. Que du bois ! même les clous ou les portants des fenêtres sont en bois.
Coincé entre le centre historique et la ville moderne, il ne faut pas manquer le Chinatown.
Sur notre plan, deux grandes rues principales. Dans la réalité, d’innombrables et interminables petites ruelles étroites aux milles échoppes de bijoux, tissus, babioles … le « made in china » dans toute sa splendeur … nous ne savons plus où donner de notre tête.
Les Chinois représentent environ 17% de la population Thaïlandaise.
Christophe a eu l’occasion de revenir au Chinatown pour le nouvel an chinois, le 3 février 2011. L’atmosphère est très différente. Tous les magasins ont le rideau tiré, la circulation est quasi inexistante …
Par contre, les rues sont bondées de monde … En journée, se succèdent les danses du dragon, les défilés colorés, et en soirée, place au théâtre, danses costumés, feu d’artifices sans oublier un grand marché en plein air, genre grande braderie de Lille du « made in china » … Le rouge couleur de la chance pour les Chinois est omniprésent (lampions, vêtements, décorations murales …).
Ce soir là, au détour d’une rue, Christophe tombe par hasard sur un déploiement de policiers digne de la visite d’un chef d’état. En fait, tout le monde attend la visite de la Princesse qui doit se rendre à un spectacle traditionnel chinois dans le cadre des festivités du nouvel an.
Après une demi-heure d’attente … là voilà enfin … Interdiction d’approcher de trop près, pas de photos … La foule est en émoi et quelle déception quand Christophe découvre une femme au physique quelconque, habillée comme vous et moi mais surtout aux cheveux grisonnants ! Il avait oublié que puisque le Roi a 84 ans, la Princesse doit avoisiner les 55 ans !
Cette rencontre fortuite sera, pour les quelques étrangers présents (qui se comptent sur les doigts des deux mains), l’occasion de manger des mets locaux gratuitement … aux frais de la Princesse !
Le calendrier Chinois compte 12 signes : 2010 était sous le signe du Tigre, 2011 est celui du Lapin …