8 mai 2011

Zola à Java

L’Indonésie est parfois à la une de l’actualité pour cause d’éruptions volcaniques. Il faut dire que les volcans sont nombreux à Java et certains sont parmi les plus actifs de la planète.
Après avoir grimpé le volcan Cotopaxi en Equateur au début de notre voyage, nous avons eu envie de revoir des volcans. Nous avons choisi les volcans Bromo et le Kawah Ijen à l’Est de Java.

Pour y accéder, deux solutions : la compliquée qui consiste à prendre différents bus et/ou trains (avec multiples changements à la clé) et la simple et finalement économique : passer par une agence et voyager en minibus.

Nous savions que le trajet serait long pour se rendre au volcan Bromo (11h le 1er jour) mais nous ne nous doutions pas qu’il serait aussi éprouvant.
Pendant tout le trajet, notre chauffeur, pris d’une frénésie sans limite, a conduit le minibus comme un chauffard, collant aux véhicules trop lents, doublant des voitures alors que la file de droite n’était pas libre, klaxonnant en permanence…
Stéphane a bien essayé de la raisonner, en vain.
Ajoutons à cela une clim défaillante et une banquette dure, nous sommes arrivés de nuit et sur les rotules à Cemoro Lawang, le village le plus proche du volcan.

Juste le temps de dîner dans la sympathique auberge, et nous nous couchons rapidement car la nuit sera courte.
Réveil à 4h du matin ; nous nous dirigeons en jeep vers le mont Penanjakan. A 2770 m d’altitude, il ne fait pas chaud, pour le plus grand bonheur des loueurs de blousons !
Avec notre lampe, nous grimpons à pied les derniers mètres vers le sommet.
En haut, déjà beaucoup de touristes à attendre le lever du soleil.

 
Celui-ci va progressivement apparaître dévoilant un fantastique panorama à nos pieds : au premier plan, le cratère du Bromo qui émet en permanence une épaisse fumée (cendres).
A côté du Bromo, le volcan Batok, mont terreux et inactif.
Au 2ème plan, le majestueux volcan Semeru qui crache de la fumée toutes les 30 minutes.
Le paysage autour des volcans n’est qu’un désert de cendres noires sans végétation.

Nous nous dirigeons en jeep vers le cratère du Bromo en traversant le désert de cendres. Malheureusement, les gardiens du parc nous empêchent de grimper au sommet du cratère pour cause de gaz toxiques. Néanmoins, la vue de la montagne crachant des cendres au soleil est impressionnante.
De retour au village, nous sommes harcelés par les conducteurs de chevaux pour nous louer leur monture. A l’auberge, un petit déjeuner buffet nous attend. Enfin un petit déj. copieux au soleil et avec vue plongeante sur le volcan Bromo, que demander de mieux !
Ici, la cendre est omniprésente. A peine balayé, le sol redevient poussiéreux et sale.
Avis aux maniaques, ne pas venir vivre près du Bromo !
La terre est noire et fertile autour du volcan : lorsque nous quittons la région pour l’Est de Java, nous traversons des champs d’oignons, de laitues, de maïs…


Le trajet en direction du volcan Kawah Ijen est bien plus agréable et plus court (5 h) que celui de la veille.
Par contre, les derniers km dans la forêt sont redoutables : la route est complètement défoncée et notre minibus (qui n’est pas un 4x4) manque à plusieurs reprises de heurter des camions roulant en sens inverse. D’ailleurs, un de nos voisins, anglais, tombe malade et se couche dès notre arrivée à notre pension.
Nous passons la nuit dans une plantation de café arabica, un lieu calme au confort spartiate.
Un groupe de français de Chamonix nous rejoint en soirée, dont une charmante et bavarde dame : nous connaîtrons l’essentiel de sa vie en moins de 5 min !

Le lendemain vers 7h, nous commençons la grimpette vers le cratère qui culmine à 2400 m d’altitude. Le chemin de terre monte dans la jungle dense. Nous croisons des porteurs de soufre qui redescendent vers le village avec leur cargaison.

Le volcan Kawah Ijen est le principal lieu de production du soufre en Indonésie. Celui-ci est notamment utilisé pour le raffinage du sucre.
Plus de 800 hommes parcourent une quinzaine de km (2 voyages) chaque jour avec plus de 80 kg de soufre sur les épaules.
Pendant la montée, nous nous lions d’amitié avec deux porteurs : le très souriant « Bouddhi » (Christophe le surnomme volontairement Bouddha) et le sympathique « Ahmad ».
Ils nous accompagnent jusqu’en bas du cratère (ce qui est interdit pour raisons de sécurité, mais tout le monde y va…), à l’endroit où le soufre est extrait.

C’est le plein soleil et le paysage est splendide.
La roche rouge des parois du cratère contraste avec le lac aux eaux turquoises d’où éclatent des bulles d’acide chlorhydrique (mieux vaut ne pas s’y baigner !).
Le soufre jaune vif est extrait d’une carrière à ciel ouvert au moyen d’un simple burin. Un épais nuage de vapeur de soufre s’échappe en permanence de la carrière et enveloppe les porteurs selon l’orientation du vent. L’air est irrespirable dans le nuage (les yeux et bronches piquent) et pourtant, les hommes travaillent sans masque à gaz, avec simplement un linge humide dans la bouche.

Les pains de soufre sont déposés dans des paniers à balanciers et les porteurs remontent le chemin escarpé chargés de quelques 80kg (certains font ce trajet en tongs !).
80kg rapportent environ 4€…

A la longue, les épaules des porteurs sont couvertes d’abcès. A respirer des émanations toxiques à longueur de journée, l’espérance de vie des porteurs est faible…
Ce travail de forçat nous rappelle les très dures conditions de travail dans les mines de Potosi en Bolivie, le soleil en plus. Les touristes sont majoritairement français : ce volcan a été popularisé par une émission de Nicolas Hulot.

Lorsque nous remontons vers le sommet du cratère, nous entrons à plusieurs reprises dans le nuage de soufre, quinte de toux assurée !

C’est marqués par ce que nous avons vu que nous quittons cette région et l’île de Java.
Après Java, nous voici à Bali que nous atteignons après seulement 1 h de ferry.




1 commentaire:

  1. Bon retour en FRANCE et surtout à PARIS. (ce lundi 30 mai 2011)
    La France n'a guère changé, ni Paris d'ailleurs : les français oui ! Ils ont désormais et davantage envie d'air pur et de moins de "pourriture"- ! C'est pour cela que certains d'entre eux -dont BIBI, t'attendent avec impatience pour nous raconter ce monde, ces belles aventures que vous avez vécues et, surtout, les authentiques rencontres que vous avez faites durant tout votre périple !

    D'ores et déjà, bravo pour la constance démontrée et pour les bons moments que vous nous avez fait vivre : j'ai pu grâce à votre blog si vivant parcourir aussi ce monde -même si ce cadeau était virtuel : mais quel bonheur procuré !

    En tous les cas Stéphane, je peux te dire que Paris est toujours aussi attrayant et que bon nombre d'évènements en tous genres sont toujours au programme. C'est aussi une autre forme de voyage que de vivre à travers tout ce qui s'y passe.

    Bon vol et ...hauts les coeurs....

    Biz d'Edith

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